1er degré : une recrudescence des difficultés de recrutement dans les académies de Créteil, Guyane et Versailles depuis 2017

Chaque année, un nombre important de postes de professeurs des écoles ne parvient pas à être pourvu. En 2024, près de 13,7 % des postes ouverts au concours externe sont restés vacants. Toutefois, ces problèmes ne concernent pas l’ensemble du territoire de manière homogène. Trois académies en particulier - Créteil, Guyane et Versailles - concentrent la majorité des difficultés. Depuis 2017, ces académies font face à une aggravation notable de cette situation, malgré la création de concours supplémentaires à Créteil et Versailles. En 2024, leur taux de postes non pourvus demeure largement supérieur à celui de 2020.
Une crise des vocations au cœur des réformes
Le manque d’attractivité du métier d’enseignant constitue l’un des enjeux majeurs de la réforme de la formation et du recrutement lancée par Emmanuel Macron en 2022, dont la mise en œuvre est prévue pour la rentrée 2025. Cette réforme prévoit notamment un déplacement des concours au niveau bac+3 ainsi qu’une rémunération des étudiants en master. Chaque rentrée scolaire, le sujet est au centre des débats, avec des postes vacants, un recours accru aux contractuels, la multiplication des « job dating » et des difficultés persistantes dans le remplacement des enseignants.
En 2024, sur les 9 610 postes proposés au concours de recrutement des professeurs des écoles (CRPE), 86,3 % ont été attribués, laissant 1 315 postes vacants dans les secteurs public et privé. Cette pénurie est toutefois très inégale selon les territoires : dans le secteur public, seules trois académies n’ont pas pu pourvoir l’intégralité de leurs postes, tandis que dans le privé, ce sont cinq académies qui rencontrent des difficultés.
Une tendance à la baisse du nombre de postes ouverts depuis 2017
Depuis 2017, le volume de postes proposés dans le secteur public pour les professeurs des écoles diminue régulièrement. En 2017, 12 422 postes étaient ouverts, puis ce chiffre a chuté d’environ 1 000 postes par an en 2018 et 2019, jusqu’à une diminution plus importante entre 2020 et 2021 avec 1 700 postes en moins. La baisse se poursuit, mais de façon plus modérée, pour atteindre 8 794 postes en 2024, soit une réduction de près de 29 % sur huit ans.
Cette diminution est à mettre en lien avec un contexte démographique défavorable : le nombre d’enfants scolarisés diminue, entraînant la fermeture progressive de classes dans toutes les académies.

À l’inverse, le secteur privé ne suit pas cette tendance. Si les données pour 2017 ne sont pas disponibles, on constate une augmentation des postes ouverts entre 2018 (778 postes) et 2019 (1 051 postes), suivie d’une légère baisse jusqu’à 816 postes en 2024, ce qui représente une augmentation de 5 % par rapport à 2018.
Des difficultés concentrées dans trois académies du secteur public
Les problématiques de recrutement ne touchent pas toutes les académies de la même manière. En 2024, seules Créteil, Guyane et Versailles ont rencontré des difficultés significatives, avec des taux de postes pourvus très bas : 55,4 % pour Créteil, 21,7 % pour la Guyane, et 58,7 % pour Versailles. Pourtant, Créteil et Versailles bénéficient d’un concours supplémentaire pour pallier ces manques, avec respectivement 500 et 200 postes supplémentaires proposés.
À Versailles, ces postes additionnels ont tous été attribués, tandis que le taux de réussite au CRPE externe principal ne dépassait pas 52 %. En revanche, à Créteil, seuls 44 % des postes supplémentaires ont trouvé preneurs, contre 60,8 % pour les postes du concours principal.
Par ailleurs, plusieurs académies ont dépassé le nombre de postes disponibles en recrutant plus d’enseignants que prévu : Strasbourg (121,5 %), Corse (120 %) et Rennes (117 %).

Les causes de la crise d’attractivité
Selon un article publié sur The Conversation (13 mai 2025), les professeurs des universités Géraldine Farges et Pierre Périer identifient plusieurs facteurs expliquant cette crise : salaires insuffisants, manque de reconnaissance et déclin du prestige du métier d’enseignant. Ils soulignent également que les multiples réformes rendent les conditions d’accès à la profession floues et incertaines, ce qui dissuade aussi bien les étudiants que les personnes en reconversion.
Une aggravation depuis 2017
Les difficultés de recrutement dans les académies de Créteil, Guyane et Versailles ne sont pas nouvelles mais se sont nettement intensifiées. Entre 2017 et 2021, les taux de postes pourvus à Créteil variaient entre 75 % et 80 %, avant un net effondrement en 2022 à 40,1 %. Le taux remonte ensuite doucement, pour atteindre 55,4 % en 2024. Ce recul coïncide avec le passage des concours du niveau M1 à M2.
Un schéma similaire s’observe à Versailles, avec une baisse drastique en 2022 (38,3 %) avant un redressement progressif.
En Guyane, la situation s’est également dégradée depuis 2022, avec un taux de postes pourvus chutant de 100 % à seulement 21,7 % en 2024.


Des disparités dans le secteur privé
Dans le privé, les difficultés touchent cinq académies en 2024, dont Créteil (84,3 % des postes pourvus) et la Guyane (75 %). Versailles n’en fait pas partie, avec un taux de 100 %.
D’autres académies comme Limoges, Guadeloupe et Polynésie française ont aussi quelques postes vacants, mais les effectifs restent très faibles.
Les académies de Clermont-Ferrand et Nice se démarquent en recrutant plus que le nombre de postes ouverts (respectivement 116,7 % et 137,5 %).

Une grande variabilité d’une année à l’autre
Contrairement au public, le secteur privé montre une forte volatilité des taux de recrutement d’une année sur l’autre. Par exemple, la Guadeloupe, qui assurait 100 % de ses recrutements jusqu’en 2023, connaît une baisse en 2024 (80 %). Créteil rencontre des difficultés depuis 2022, tandis que la Polynésie française est en situation délicate depuis 2020.
Onze académies maintiennent cependant un taux de recrutement stable à 100 % depuis 2018.

Focus sur les langues régionales
Un dernier point concerne le recrutement des professeurs de langues régionales, où presque toutes les académies rencontrent des difficultés. Ces postes, généralement en petit nombre (de 1 à 53 postes selon les académies), sont loin d’être tous pourvus. En 2024, seules la Réunion et la Martinique ont réussi à pourvoir leurs postes, tandis que d’autres académies, comme la Guadeloupe, Nantes ou Nancy-Metz, enregistrent des taux de recrutement proches de zéro.
Cette situation fait l’objet d’une mission d’information lancée en février 2025 pour évaluer la loi Molac sur les langues régionales.

SOURCE : AEFINFO
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