classes préparatoires et grandes écoles : diversité et égalité des chances

Depuis près de 300 ans, la France a remis en question l’idée que l’appartenance sociale garantissait la compétence. La Révolution française a ouvert les concours et les classes préparatoires à tous, donnant naissance aux premières grandes écoles.
Les années 1990 ont vu un essor des CPGE hors des grandes villes, doublant le nombre d’étudiants boursiers entre 1996 et 2014. Pourtant, ces classes ne reflètent pas encore pleinement la diversité sociale. Il est donc essentiel de réfléchir à leur capacité à accueillir davantage de publics défavorisés et de renforcer leur rôle d’ascenseur social.
L’efficacité sociale d’une formation se mesure par trois critères : le vivier de candidats boursiers, leur admission et leur réussite. Les CPGE scientifiques montrent une dynamique positive, mais certaines mesures, comme les quotas d’appel de 2018 sur Parcoursup, n’ont pas transformé la situation.
À la rentrée 2023, 28,3 % des CPGE accueillent des boursiers (30,5 % pour les CPGE publiques), un taux similaire à celui des grandes écoles et des masters universitaires. Les CPGE restent uniques par leur excellence accessible sans recours à des préparations privées coûteuses, contrairement à d’autres filières (médecine, droit, Sciences Po). Cependant, les écoles les plus sélectives continuent de sous-représenter les boursiers, tandis que les enfants de cadres sont sur-représentés.
Focaliser sur les écoles prestigieuses est symbolique mais trompeur : seules 800 des près de 20 000 étudiants CPGE accèdent à Polytechnique ou aux ENS, alors que la majorité rejoint de nombreuses écoles d’ingénieurs offrant de bonnes perspectives professionnelles et salariales.
Promouvoir l’égalité sociale implique un enseignement primaire et secondaire de qualité, complété par des mesures correctives dans le supérieur pour lutter contre les inégalités. Deux principes guident cette politique : faire et faire savoir, c’est-à-dire renforcer l’accompagnement des publics défavorisés et valoriser cette démarche pour susciter des vocations.
informer et accompagner au lycée
Beaucoup de lycéens défavorisés ignorent les grandes écoles ou se découragent par peur de l’échec ou du coût. Les professeurs ont parfois une image datée des CPGE. Il est crucial de :
mesure 1 : informer les acteurs de l’orientation
Organiser des rencontres et conférences avec les lycéens et professeurs pour présenter les CPGE et grandes écoles, leurs débouchés et la diversité des profils possibles. Ces actions peuvent être coorganisées par les rectorats et les établissements locaux.
mesure 2 : promouvoir les spécialités scientifiques
Encourager les lycéens défavorisés à choisir des spécialités comme mathématiques et physique, indispensables pour réussir en CPGE scientifiques. L’objectif est de réduire le tri social par les choix de spécialités.
mesure 3 : généraliser les dispositifs d’immersion
Proposer des demi-journées ou journées complètes en CPGE pour permettre aux lycéens de suivre des cours et travaux dirigés, démystifiant les clichés sur ces formations exigeantes.
faciliter l’accès aux cpge sur tout le territoire
mesure 4 : mettre en place un plan internat
Augmenter la capacité des internats et mobiliser les chambres CROUS pour accueillir les étudiants défavorisés, y compris les redoublants. Ouvrir les internats le week-end et pendant les vacances permet de mieux préparer les concours.
mesure 5 : valoriser l’offre CPGE sur l’ensemble du territoire
Assurer la présence de CPGE dans toutes les régions, en particulier dans les zones rurales ou défavorisées et outre-mer, pour éviter la fracture territoriale et faciliter l’accès aux élèves éloignés.
accompagner les étudiants et sécuriser les parcours
mesure 6 : automatiser la reconnaissance des parcours
Mieux reconnaître les crédits ECTS obtenus en CPGE par les universités partenaires pour sécuriser les parcours et valoriser les étudiants, réduisant ainsi le risque d’autocensure.
mesure 7 : développer des actions avec les grandes écoles
Renforcer tutorat, parrainage et accompagnement des étudiants par des élèves ou alumni des grandes écoles, offrant à chacun un soutien et une ouverture vers le monde professionnel.
mesure 8 : installer un référent égalité des chances
Nommer un référent dans chaque établissement pour coordonner les actions d’accompagnement des étudiants défavorisés et suivre l’impact des dispositifs dans le temps.
faciliter l’intégration en grande école
mesure 9 : accroître les places aux concours technologiques
Augmenter le nombre de places pour les filières technologiques et valoriser la réforme ATS pour attirer des profils variés, souvent plus divers socialement.
mesure 10 : limiter les frais de concours et de scolarité
Réduire les obstacles financiers pour les boursiers (transport, logement, inscriptions), afin que le coût des études n’empêche pas l’accès aux grandes écoles.
mesure 11 : renforcer la présence des boursiers aux concours sélectifs
Maintenir ou créer des dispositifs spécifiques pour les candidats défavorisés (points de bonification, examen particulier des dossiers proches du seuil) afin de mieux représenter les boursiers dans les concours les plus exigeants.
mesure 12 : promouvoir les parcours en alternance
Développer l’alternance dans les grandes écoles pour attirer davantage d’étudiants issus de milieux défavorisés, offrir une indépendance financière et élargir la diversité des profils recrutés.
pilotage et déploiement
Les CPGE et grandes écoles jouent un rôle clé comme ascenseur social. La réussite des mesures dépend d’un engagement durable des pouvoirs publics et d’un pilotage ministériel pour créer des internats et solutions techniques locales adaptées.


Nos réalisations
Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.
C'est tout frais de nos experts

Baisse démographique : comment l'enseignement supérieur anticipe la pénurie d'élèves

L'excellence de masse : la révolution silencieuse de l'IA

