L'éducation supérieure est la pierre angulaire de la francophonie !

Alors que la France se prépare à accueillir le Sommet de la francophonie en octobre prochain, il est essentiel que notre pays prenne pleinement conscience de l'importance de cette question, souvent perçue comme lointaine, voire obsolète, par de nombreux citoyens. C'est ce que plaide la députée Renaissance des Français de l’étranger, Amélia Lakrafi.

Amélia Lakrafi, députée (Renaissance) pour la 10e circonscription des Français établis hors de France, souligne que, du point de vue français et pour de nombreux compatriotes, la francophonie semble être un héritage du passé, voire encombrant. Cependant, elle estime que la francophonie représente un vecteur remarquable de modernité, de développement et surtout d'échanges et de partage. La langue française ne doit pas être considérée comme le domaine réservé des puristes qui pensent défendre une langue en danger, mais comme un bien commun partagé sur tous les continents, enrichi et animé par ceux qui la parlent et la font vivre. Elle permet à la France de briller au-delà de ses frontières et de recevoir en retour de multiples enrichissements.

Le continent africain constitue aujourd'hui le cœur battant de la Francophonie. Comme l'a souligné le président Emmanuel Macron lors du 17e Sommet de la Francophonie en 2018, "l'épicentre de la langue française n'est ni à droite ni à gauche de la Seine mais sans doute dans le bassin du fleuve Congo ou quelque part dans la région". Avec plus de 320 millions de locuteurs de français, plus de 44 % sont des locuteurs vivant en Afrique subsaharienne et dans les îles de l'Océan indien. La République démocratique du Congo (RDC), qui a accueilli les Jeux de la Francophonie en 2023, compte à elle seule 50 millions de francophones, un chiffre qui devrait encore augmenter grâce aux importants programmes éducatifs soutenus par le président Félix Tshisekedi, avec l'appui de l'AFD, de l'UNESCO et de l'OIF. Portée par la vitalité de la jeunesse africaine, la Francophonie se positionne comme un acteur majeur de l'évolution de l'enseignement supérieur. L'université Senghor d'Alexandrie illustre concrètement les synergies possibles au sein de l'espace francophone africain. Elle constitue un creuset de compétences et d'idées innovantes, formant des leaders adaptés aux défis contemporains, issus de l'ensemble du continent.

Le développement de la culture entrepreneuriale est également au cœur de l'action de la Francophonie en Afrique francophone. Le programme "Entreprendre" de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) se démarque dans ce domaine et est déployé dans huit pays, dont le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Car la Francophonie représente également une formidable opportunité d'échanges économiques et de croissance. Il n'est donc pas étonnant que le MEDEF ait favorisé la récente création de l'Alliance des patronats francophones, venant compléter un ensemble de structures existantes encourageant le développement des liens économiques entre la France et les pays de la Francophonie, en particulier avec les pays d'Afrique. Amélia Lakrafi se réjouit que la Francophonie économique et l'emploi, ainsi que la mobilité qui en découle, soient désormais au cœur des politiques déployées par de nombreuses instances de la Francophonie, notamment dans les programmes éducatifs et professionnalisants.

L'engagement en faveur de la Francophonie ne se limite pas aux pays francophones. Il témoigne de l'attrait universel de la langue de Molière et de la vision du monde qu'elle véhicule, fondée sur les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), est originaire du Rwanda, pays où seulement 6 % de la population parle français. Elle incarne la capacité de la Francophonie à diffuser son message au-delà de ce que l'on pourrait considérer comme ses frontières naturelles. Le Rwanda joue un rôle croissant dans le réseau francophone, soutenant des initiatives visant à renforcer les capacités économiques et entrepreneuriales, notamment par le biais de programmes de formation, d'assistance technique et de financement de projets. L'OIF mène également des actions en faveur de l'égalité entre les sexes à travers des projets à Kigali et Ndera, visant à promouvoir l'autonomisation économique des femmes dans le cadre des activités du fonds "La Francophonie avec Elles".

L'Afrique anglophone est un espace où l'intérêt pour le français ne cesse de croître, démontrant que la Francophonie n'est pas un combat désuet mais peut au contraire prendre pleinement sa place dans la mondialisation. Au Ghana, depuis 2022, 21 enseignants volontaires issus de dix pays francophones différents ont été déployés avec succès, témoignant d'une demande existante et de la nécessité pour l'enseignement supérieur francophone d'y répondre. Même lorsque la place du français dans l'enseignement supérieur semble être contestée, comme c'est parfois le cas au Maghreb, le prestige de notre langue reste fort. En 2017, l'ESSEC a inauguré un nouveau campus "Afrique-Atlantique" à Rabat, illustrant la pérennité du français dans l'enseignement supérieur maghrébin.

Le dynamisme de la langue française se traduit par une Francophonie en expansion. L'OIF compte 44 États membres et 27 États observateurs, et cette liste ne cesse de s'allonger. À titre d'exemple, l'Estonie est devenue État observateur en 2010, l'Argentine et la Corée du Sud en 2016. 2018 a également été une année faste : la Gambie, l'Irlande et Malte ont notamment rejoint l'organisation. La jeunesse sera de plus en plus au cœur d'une communauté francophone en expansion dans le monde. L'OIF

SOURCE : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/l-enseignement-superieur-est-la-cle-de-voute-de-la-francophonie-20240320