À l’ESCP, l’intelligence artificielle redéfinit l’éducation avec ChatGPT Edu

ENTRETIEN - L’ESCP Business School, reconnue parmi les meilleures écoles de commerce, repense sa pédagogie grâce à ChatGPT Edu, une version spécialement conçue pour l’enseignement supérieur par OpenAI. Léon Laulusa, président de l’école, et Francesco Rattalino, directeur général adjoint, expliquent comment cette innovation va transformer l’apprentissage.

Pourquoi intégrer ChatGPT Edu à l’ESCP ?

Léon Laulusa : Nous sommes à l’aube d’une révolution similaire à celle qu’a apportée Internet. À l’ESCP, nous avons commencé à utiliser Internet en 1993, bien avant l’avènement des moteurs de recherche. De la même façon, l’intelligence artificielle progresse rapidement et bouleverse nos pratiques. Former nos étudiants à maîtriser cet outil est indispensable pour leur avenir.

Francesco Rattalino : Il faut agir vite. Dès octobre, 1 000 étudiants, professeurs et membres du personnel seront formés à utiliser ChatGPT Edu. Ces ambassadeurs diffuseront ensuite leur expertise dans tous les enseignements, à tous les niveaux et dans toutes les spécialités.

Comment sera-t-il utilisé concrètement ?

F. R. : L’IA personnalise l’apprentissage. Par exemple, un étudiant peut demander : "Quelle est la définition de la comptabilité selon mon professeur à l’ESCP ?" L’avatar du professeur pourra répondre. Si l’élève souhaite d’autres perspectives, il peut accéder à des ressources externes. Ce niveau de personnalisation s’adapte aux besoins de chaque étudiant.

L. L. : ChatGPT Edu apporte également une dimension interdisciplinaire. Par exemple, en étudiant la notion de décision, l’IA propose des perspectives en management, neurosciences ou philosophie. Cependant, elle ne répondra pas à des demandes telles que "Quelles seront les questions de l’examen ?"

L’IA va-t-elle remplacer certains rôles dans l’éducation ?

L. L. : ChatGPT Edu ne remplace pas les étudiants ni les professeurs, mais modifie leurs pratiques. Par exemple, dans un cours d’entrepreneuriat, les étudiants pourraient demander à l’IA de générer un business plan. Les professeurs évalueront alors la pertinence des questions posées à l’IA, la qualité des résultats obtenus et la capacité des élèves à analyser ces informations. Cela favorise le développement de l’esprit critique.

F. R. : L’IA ne sait pas poser les bonnes questions, et c’est là que les professeurs conservent leur rôle central. Comme les philosophes de la Grèce antique, ils apprennent aux étudiants à questionner et réfléchir.

Quelles sont les garanties d’une utilisation responsable ?

L. L. : Deux points clés : l’éthique et la protection des données. Par exemple, nous avons fixé une limite : les étudiants peuvent utiliser ChatGPT Edu pour 20 % maximum d’un devoir. Côté données, celles de l’ESCP restent internes et n’enrichissent pas la base d’OpenAI. Les données confidentielles, elles, ne peuvent être exploitées.

F. R. : Utiliser ChatGPT Edu ne garantit pas un rendu parfait. La qualité dépend des questions posées. Former les étudiants à dialoguer efficacement avec l’IA est essentiel pour maximiser son potentiel.

Comment l’enseignement évoluera-t-il avec l’IA ?

L. L. : À court terme, nous passerons de l’écrit à l’oral avec des avatars vidéo personnalisés. À plus long terme, l’IA analysera les émotions et comportements des étudiants pour affiner leurs compétences, par exemple en identifiant si un discours est convaincant ou non.

F. R. : Grâce à l’IA, nous pourrons former des étudiants multispécialistes, capables de maîtriser plusieurs disciplines tout en conservant un socle solide en management.

L’introduction de ChatGPT Edu à l’ESCP marque une étape cruciale dans l’évolution de l’éducation supérieure, où l’intelligence artificielle devient un outil pour personnaliser, enrichir et transformer l’apprentissage.

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SOURCE : LE FIGARO