Étudiants internationaux : la nouvelle stratégie du Canada

Depuis 2024 et la mise en place d’un plafonnement du nombre de permis d’études, le Canada s’oriente vers une politique d’accueil plus encadrée et sélective des étudiants internationaux. L’objectif affiché par Ottawa est désormais de privilégier une approche dite “durable”, centrée sur l’attraction des meilleurs profils académiques, comme l’expliquent plusieurs experts interrogés par le Times Higher Education.
Un durcissement marqué par rapport aux autres pays attractifs
Les “big four”, considérés comme les destinations les plus prisées par les étudiants internationaux – les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie – ont tous adopté, ces dernières années, des politiques visant à limiter les flux d’étudiants étrangers. Toutefois, c’est au Canada que cette évolution est la plus visible.
En janvier 2024, le gouvernement canadien a annoncé un plafonnement, sur deux ans, du nombre de permis d’études délivrés. Cette décision répond notamment à la volonté de réduire la pression exercée par les immigrants temporaires sur le marché du logement. En conséquence, le nombre de permis approuvés a chuté de 48 % en un an. Pour 2025, environ 80 000 nouveaux permis d’études devraient être accordés, un niveau très inférieur à celui observé avant la mise en place de ces restrictions.
Une baisse significative des effectifs internationaux
Selon une enquête récente, 82 % des universités canadiennes déclarent une diminution du nombre d’étudiants étrangers inscrits en premier cycle. Pour le Times Higher Education, cette tendance reflète une transformation plus large du secteur à l’échelle mondiale.
Le modèle des “big four” apparaît progressivement dépassé dans un contexte international devenu multipolaire. La mobilité étudiante intrarégionale progresse fortement, en particulier en Asie, où des pays comme la Corée du Sud, le Japon ou Taïwan multiplient les stratégies pour attirer un public étudiant international de plus en plus diversifié.
Une approche plus durable et ciblée
Face à ces évolutions, le Canada semble vouloir rompre avec la logique de croissance rapide observée ces dernières années. Il privilégie désormais une stratégie plus contrôlée de l’accueil des étudiants internationaux, fondée sur des critères de qualité et de durabilité, explique Lil Bremermann-Richard, PDG du groupe Oxford International.
Cette réorientation se traduit notamment par des ajustements ciblés dans les politiques migratoires et universitaires, visant à mieux aligner l’accueil des étudiants étrangers avec les besoins économiques et scientifiques du pays.
L’accent mis sur les cycles supérieurs et la recherche
Janet Ilieva, fondatrice du cabinet de conseil Education Insight, souligne que les étudiants de master et de doctorat inscrits dans les universités publiques canadiennes ont récemment été exclus du plafond des permis d’études. Selon elle, les choix budgétaires et réglementaires favorisant l’accueil de doctorants et de postdoctorants internationaux traduisent un “changement de cap clair vers l’attraction des meilleurs talents”.
Cette priorité accordée aux cycles supérieurs confirme la volonté des autorités canadiennes de renforcer leur position dans la recherche et l’innovation, tout en maîtrisant les flux globaux d’étudiants.
Vers un développement des campus à l’étranger
Pour Alex Usher, spécialiste canadien de l’éducation internationale, cette nouvelle stratégie pourrait inciter les universités canadiennes à accélérer le développement de campus à l’étranger. Jusqu’à présent, le Canada reste en retrait par rapport à des pays comme l’Irlande, l’Allemagne ou les Pays-Bas, sans même évoquer les États-Unis ou le Royaume-Uni. À ce jour, seules sept implantations canadiennes existent hors du territoire national.
Selon lui, cette situation est appelée à évoluer, même si le retard accumulé et le manque d’expérience freinent encore ces projets. Le développement international des universités canadiennes devrait ainsi s’inscrire dans un temps long, au rythme d’une stratégie désormais plus sélective et structurée.

SOURCE : COURRIER INTERNATIONAL

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