Évaluation du Pacte enseignant : Quel bilan après six mois ?

La mise en place du Pacte enseignant, visant à proposer une prime pour les enseignants acceptant des missions supplémentaires, a suscité diverses réactions à mi-parcours, avec des témoignages de signataires et de réfractaires à cette initiative.
Dans les entretiens menés avec les enseignants, qu'ils soient agrégés ou certifiés, du primaire ou du secondaire, la plupart ont préféré garder l'anonymat. Qu'ils aient signé le Pacte ou non, tous ont exprimé des opinions tranchées à son sujet.
Instauré à la rentrée 2023, le Pacte enseignant propose une prime en échange de missions supplémentaires nommées "briques", réalisées en dehors des heures de cours. Ces missions comprennent des remplacements de courte durée, du soutien en mathématiques et en français pour les élèves de sixième, l'aide aux devoirs, le conseil d'orientation, ou encore la coordination de projets d'innovation pédagogique.
Chaque brique est rémunérée à hauteur de 1 250 euros brut annuel pour un volume horaire de 18 à 24 heures par an, selon les tâches choisies. Les enseignants peuvent signer jusqu'à trois ou cinq briques selon le niveau d'enseignement, avec la possibilité de cumuler jusqu'à 3 750 ou 6 250 euros brut de complément de salaire par an.
Six mois après son lancement, le nombre d'enseignants ayant accepté ce Pacte reste difficile à chiffrer. Le ministère de l'Éducation nationale n'a pas fourni de données précises à ce sujet. Cependant, selon une enquête menée par le syndicat SE-Unsa auprès de 3 000 membres du personnel éducatif, environ 37 % des répondants auraient signé le Pacte, incluant les psychologues scolaires et les CPE.
Les retours sur les remplacements de courte durée, l'un des volets du Pacte, sont mitigés. Certains enseignants ont trouvé l'expérience enrichissante, tandis que d'autres l'ont perçue comme des heures de garderie, loin de la continuité pédagogique.
Outre les remplacements, le Pacte permet aux enseignants de valoriser des projets pédagogiques innovants pour lesquels ils étaient auparavant bénévoles. Cependant, certains enseignants craignent que le Pacte ne conduise à une contractualisation des missions, remettant en question l'esprit de corps de la profession et la dépendance vis-à-vis des chefs d'établissement.
En définitive, le Pacte enseignant suscite des réactions contrastées au sein du corps enseignant, oscillant entre la volonté de valoriser les missions supplémentaires et les craintes de dégradation des conditions de travail et de l'autonomie professionnelle.

SOURCE : https://www.lepoint.fr/education/pacte-enseignant-quel-bilan-apres-six-mois-d-existence-pour-des-profs-en-souffrance-29-03-2024-2556228_3584.php#11

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