Face aux tensions budgétaires, la CDEFI alerte sur la fragilité des écoles d’ingénieurs

Dans un contexte de budgets serrés et d’un désintérêt croissant pour les filières scientifiques, les écoles d’ingénieurs vivent "un moment charnière". La CDEFI appelle à une mobilisation collective pour renforcer leur attractivité et leur rayonnement international.

Emmanuel Duflos, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) et directeur de l'EPF, souligne lors de la conférence de presse de rentrée le 15 octobre que les écoles font face à une fragilité croissante : "Il y a la question d’attractivité des formations et la soutenabilité de notre modèle. Il faut une réponse collective et structurée pour répondre à ce double enjeu."

Une visibilité et un rôle renforcés

La CDEFI veut replacer les écoles d’ingénieurs au cœur du débat public et reconnaître leur rôle dans la formation, la recherche et l’innovation. "Il est nécessaire d’apporter une visibilité à nos écoles, qui peuvent répondre aux enjeux de souveraineté et de transition", ajoute Emmanuel Duflos.

Cécile Delolme, vice-présidente de la CDEFI et directrice de l'ENTPE, constate que la situation économique des écoles se dégrade progressivement et plaide pour un modèle financier rénové. Parmi les priorités figurent le développement de sources de financement propres, l’internationalisation et une modulation socialement juste des droits d’inscription.

Internationalisation et attractivité

La CDEFI insiste sur la nécessité d’une politique ambitieuse pour renforcer la visibilité internationale des écoles. "La France est une puissance scientifique et académique ouverte sur l’international. Il faut faire en sorte que l’ingénierie française redevienne une référence", souligne Emmanuel Duflos.

L’accueil des étudiants internationaux est un enjeu distinct des débats migratoires. La conférence accompagne les écoles pour lever les blocages de visas et souhaite peser dans les négociations européennes pour assurer un soutien financier et stratégique aux écoles.

Une formation flexible pour pallier la pénurie d’ingénieurs

Dominique Baillargeat, vice-présidente de la CDEFI et directrice de 3iL Ingénieurs, insiste sur la nécessité de combiner excellence académique et agilité pédagogique. Les écoles doivent adapter leurs formations aux aspirations professionnelles des étudiants et diversifier les parcours pour répondre à la pénurie d’ingénieurs, aggravée par la baisse démographique.

La CDEFI souhaite simplifier les procédures d’évaluation avec la Commission des titres d’ingénieur (CTI), tout en garantissant la qualité des formations.

Des écoles engagées dans une ingénierie durable

Sur le plan écologique et sociétal, la CDEFI prévoit l’élaboration d’une charte nationale pour une ingénierie durable et la création d’un baromètre de suivi de la transition.

Les écoles visent également des partenariats responsables avec collectivités, ONG et entreprises engagées dans la transition écologique, pour renforcer leur ancrage territorial et international. Un partenariat avec la Convention des Entreprises pour le Climat est en cours de finalisation.

SOURCE : LETUDIANT