Impact des Établissements Publics Expérimentaux sur les Universités : Une Nouvelle Ère pour l'Enseignement Supérieur ?

Le 1er janvier 2025 marque la fin de la possibilité pour les universités de créer de nouveaux établissements publics expérimentaux (EPE). Ces EPE, qui permettent une gouvernance et un statut plus souples, ont joué un rôle important dans l’innovation au sein de l’enseignement supérieur. Alors que six nouveaux établissements viennent d'être créés dans le cadre de ce dispositif, quel impact auront-ils sur l'organisation des universités françaises et sur leur avenir ?
L'ARRÊT DE LA CRÉATION DES EPE : UN CHANGEMENT RADICAL POUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Depuis leur introduction, les établissements publics expérimentaux (EPE) ont permis aux universités d'explorer des modèles de gouvernance alternatifs. Cependant, avec l'arrêt prévu de la création de nouveaux EPE en 2025, cette période d’expérimentation semble touchée à sa fin, avec la date butoir de 2028 pour évaluer les résultats.
Le Hcéres (Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) se chargera d’évaluer les premiers résultats de ces expérimentations. Les établissements concernés auront jusqu’à un an avant la fin de la période d’expérimentation pour ajuster leurs pratiques en fonction des retours du conseil. Ce processus soulève des questions sur l’avenir de ces établissements et leur capacité à s’adapter à ce calendrier serré.
UNE ACCÉLÉRATION DES PROJETS AVANT LA DATE BUTOIR
Le changement de calendrier a accéléré les projets d’établissement pour plusieurs universités. Six nouvelles structures ont ainsi été lancées entre novembre 2024 et janvier 2025. Parmi celles-ci, l’Université de Toulouse, l’Université Jean Monnet ou encore l’Université de Montpellier Paul Valéry ont choisi de s’engager dans cette transition pour rejoindre le statut d’EPE, dans le but d’élargir leur influence à l’international et de renforcer leurs stratégies de formation.
Pour Michael Toplis, président de la Comue Université de Toulouse, cette évolution vise à créer un "grand établissement" qui pourra se démarquer, notamment à l’étranger. Ce modèle expérimental permettrait une meilleure visibilité et une stratégie plus cohérente, mais la transition devra se faire dans un délai court.
LA DIVERSITÉ DES MODELES : UNE FORCE OU UNE FAIBLESSE ?
Pour de nombreuses institutions, la création d’un grand établissement au sein des EPE permet de se distinguer des autres universités. L’Université Bourgogne Europe, par exemple, a vu sa structure se transformer, englobant désormais 12 partenaires. Selon Vincent Thomas, président de l’université, ce modèle est un moyen de renforcer l’institution et d’élargir son influence en offrant une vision commune et un cadre scientifique partagé.
Cependant, ce modèle soulève également des interrogations. Laurent Gatineau, président de l'EPE CY Cergy Paris Université, met en avant la nécessité de reconnaître la diversité des établissements et de s’adapter à des modèles différents selon les spécificités locales. Le développement d’un modèle unique de gouvernance pour toutes les universités françaises semble de plus en plus irréaliste et inadapté.
DES INQUIÉTUDES SUR LA DÉMOCRATIE INTERNE DES ÉPE
Le statut d’EPE ne fait pas l’unanimité. Selon le syndicat SNESUP-FSU, ce modèle "met à mal la démocratie" en réduisant la place des personnels dans les instances décisionnelles. Caroline Mauriat, secrétaire générale du syndicat, rappelle que dans les universités classiques, les conseils sont majoritairement composés d’élus du personnel, tandis que dans les EPE, la gouvernance repose davantage sur les présidents et les tutelles.
Le cas de l’Université Gustave Eiffel, qui a vu la création de son EPE il y a cinq ans, illustre cette tendance. Le syndicat souligne que le président peut prendre des décisions importantes avec le soutien des tutelles, souvent contre l’avis des représentants du personnel.
UN CALENDRIER SERRÉ ET UN DÉFI D’ÉVALUATION
Les nouveaux EPE sont confrontés à un calendrier très contraint. Avec seulement deux ans pour mener des expérimentations avant l’évaluation du Hcéres, l’avenir des établissements reste incertain. "C’est un timing très serré", admet Michael Toplis. L’Université Bourgogne Europe, bien qu’elle soit déjà engagée dans ce processus, reconnaît l’importance d’accélérer la mise en œuvre de sa stratégie pour remplir les objectifs avant la date limite de 2028.
L’évaluation du Hcéres, prévue avant la fin de l’expérimentation, devra permettre de déterminer si ces établissements peuvent continuer à évoluer ou s’ils devront revenir à leur modèle précédent. Une fois la période d’expérimentation terminée, ces établissements devront faire face à des choix difficiles, selon les résultats de cette évaluation.
VERS UN NOUVEAU MODÈLE D'EXPÉRIMENTATION ?
Les questions sur l’avenir des EPE ne manquent pas. Avec un modèle de gouvernance encore en développement et un calendrier aussi serré, plusieurs observateurs se demandent si un assouplissement législatif ne serait pas nécessaire. L'ancien président de France Universités suggère qu'une évolution législative pourrait permettre de donner plus de souplesse à ces établissements pour leur permettre de s’adapter à leurs spécificités et de mieux répondre aux défis contemporains.
Un autre point important est la possibilité d'ouvrir la voie à d’autres expérimentations, notamment en matière de gouvernance et de gestion des établissements. La flexibilité offerte par le statut d’EPE pourrait être un modèle à suivre pour d'autres universités françaises, à condition que les principes de démocratie et d’égalité des droits soient préservés.
CONCLUSION : UN CHANGEMENT STRUCTUREL AVEC DES RISQUES INHÉRENTS
La fin de la création des EPE pourrait marquer un tournant dans la manière dont les universités se réorganisent et collaborent entre elles. Si ces expérimentations ont permis d'apporter des solutions innovantes, elles soulèvent également de nouvelles questions sur la gestion démocratique des établissements, l'adaptabilité des modèles de gouvernance et la pertinence d'une telle expérimentation à grande échelle. Alors que l’évaluation du Hcéres approche, l’avenir des EPE reste incertain, et de nouvelles perspectives législatives pourraient bien s'ouvrir pour adapter ce modèle aux besoins du système éducatif.

SOURCE : letudiant.fr

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