Le CAP invisibilisé par les réformes récentes de la voie professionnelle

"Un véritable 'plan Marshall' en faveur d’une valorisation du CAP au sein de l’institution scolaire, afin de rendre visible et lisible ce diplôme" : c’est ce que préconise le rapport de l’IGESR sur "le rôle et la place du CAP", publié le 20 octobre 2025. Les auteurs y soulignent que les CAP délivrés dans les lycées publics sont désormais concurrencés par ceux en apprentissage, et que les récentes réformes du lycée professionnel ont contribué à "invisibiliser" ce diplôme. Le rapport formule 12 propositions pour répondre aux attentes des enseignants et mieux accompagner les élèves vers la réussite et l’insertion professionnelle.
Le CAP marginalisé malgré un nombre d’élèves conséquent
"Étudier et analyser la place du CAP dans l’offre de formation, de ses publics et de leur devenir" : tel est l’objectif du rapport de l’IGESR publié le 20 octobre 2025.
Bien que 311 000 apprenants aient suivi cette formation en 2023 – dont 123 761 élèves sous statut scolaire, soit 17 % des inscrits en voie professionnelle – le rapport constate une "forme de marginalisation du CAP dans sa modalité sous statut scolaire". Les inspecteurs formulent douze propositions pour redonner "du sens au CAP", renforcer son pilotage, et améliorer l’accompagnement des enseignants et des élèves.
Un diplôme insuffisamment intégré dans l’écosystème de formation
Dans un contexte d’"attentes économiques fortes", le rapport observe que "le déplacement des formations les plus insérantes vers l’apprentissage fragilise le rôle des lycées professionnels pour la préparation de l’insertion professionnelle des diplômés". Le CAP conserve pourtant "une image positive renforcée auprès de plusieurs branches professionnelles et employeurs", notamment grâce à l’apprentissage, perçu comme un "pré-recrutement" répondant directement aux besoins des entreprises.
L’IGESR souligne que "l’Éducation nationale ne parvient pas à jouer un rôle proactif dans la régulation de l’offre de formation de niveau CAP". Il s’agit donc de "redonner les conditions aux lycées professionnels d’accueillir des élèves en CAP", alors que les conditions d’enseignement s’y dégradent.
Le rapport déplore également que "le CAP soit devenu un diplôme invisibilisé par les deux dernières réformes de la voie professionnelle", au profit du baccalauréat professionnel. Cette "insuffisante attention portée au CAP" entraîne une absence de stratégie face aux difficultés rencontrées par les élèves et les équipes éducatives.
Ainsi, le CAP "n’est pas suffisamment inscrit au sein de l’écosystème de formation", qui devrait concilier accès à la qualification et besoins des entreprises.
Des publics fragiles surreprésentés dans le CAP
Le rapport met en lumière le fait que le CAP "est peu valorisé, comparé au baccalauréat professionnel, et se voit davantage confier la mission d’accueillir et de former les publics les plus fragiles".
Parmi ces publics : 31 % d’élèves issus de milieux ouvriers, 29,2 % d’inactifs, des élèves allophones nouvellement arrivés, ainsi qu’un rajeunissement global du profil des inscrits. S’ajoute une "surreprésentation d’élèves en situation de handicap" ou "à besoins éducatifs particuliers", provoquant parfois des "effets de substitution privant de formation des élèves motivés par le CAP".
Cette concentration de fragilités entraîne plusieurs conséquences :
- une polarisation entre les élèves en CAP et ceux en baccalauréat professionnel, mais aussi entre élèves et apprentis, aux chances d’insertion inégales ;
- un sentiment de déclassement chez les enseignants ;
- une marginalisation croissante de la formation.
Le rapport recommande donc de "rendre plus visible la place du CAP dans la réflexion interministérielle", via la création d’un observatoire, et de "construire une réelle politique d’inclusion scolaire" fondée sur une mixité des publics et des parcours d’orientation plus clairs.
Une offre de formation encore trop rigide et inadaptée
En raison d’une "faiblesse de régulation institutionnalisée", le pilotage de la carte des formations "ne prend pas suffisamment en compte les problématiques liées au CAP". Le taux de poursuite d’études des élèves reste ainsi limité, faute de places disponibles en première professionnelle.
Les auteurs relèvent quatre décalages majeurs : entre les attentes économiques et la vision scolaire, entre statut scolaire et apprentissage, entre attractivité des CFA et celle des lycées, et enfin entre la conception du CAP comme qualification rapide et son approche plus sociale dans les lycées.
Le rapport recommande de "retravailler la carte des formations CAP en fonction des besoins économiques et des aspirations des publics" et de "favoriser le développement de l’apprentissage en CAP au sein des lycées professionnels".
Une meilleure préparation à l’orientation dès le collège
Les rapporteurs jugent que "les modalités d’orientation et d’affectation des élèves en CAP sont insatisfaisantes", notamment à cause d’un décalage entre les aspirations des élèves et les spécialités proposées. La mobilité géographique, la densité d’élèves à besoins particuliers et le manque de place aggravent ces difficultés.
Ils appellent à repenser entièrement les procédures d’orientation et d’affectation, à travers une réflexion globale sur la carte des formations, les finalités du CAP et la sécurisation des parcours.
Parmi les propositions :
- "revoir la préparation à l’orientation dès le collège" via des immersions en lycées professionnels,
- "redéfinir les critères d’affectation" pour diversifier les profils,
- "associer les parents" pour co-construire les choix d’orientation.
Le CAP, une formation à finalité autant sociale que qualifiante
Face à "l’hétérogénéité scolaire" des élèves, le rapport met en avant des "besoins d’accompagnement prégnants". Si certains enseignants sont pleinement engagés, d’autres se disent déstabilisés par les difficultés scolaires et comportementales des élèves.
Les auteurs rappellent que le CAP a une "finalité tout autant sociale, voire médico-sociale, que qualifiante". Les difficultés observées – troubles du comportement, manque de confiance, inaptitude professionnelle – appellent un soutien renforcé.
Les axes d’amélioration proposés incluent :
- la formation ciblée des enseignants,
- un accompagnement renforcé des élèves en situation de handicap,
- la mobilisation d’associations scolaires favorisant l’engagement,
- l’utilisation des marges de liberté offertes par la réforme du lycée pro,
- la consolidation des dispositifs AvenirPro et Ambition-emploi,
- la création de passerelles vers le baccalauréat professionnel et de certificats de spécialisation pour les diplômés du CAP.
Ces mesures visent à redonner toute sa place au CAP, diplôme essentiel à la formation et à l’insertion professionnelle des jeunes.

SOURCE : AEFINFO

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