L’intelligence artificielle, un levier d’égalité pour l’éducation mondiale

Les chercheuses Mathilde Cerioli, Teddy Nalubega et Nagla Rizk appellent à la création d’infrastructures publiques d’éducation pour garantir un accès équitable aux savoirs.
Elles plaident aussi pour des pratiques d’apprentissage collectif, indispensables à la socialisation et au développement de la pensée critique chez les élèves.
L’intelligence artificielle (IA) impose aujourd’hui à l’école un double impératif : saisir une opportunité inédite sans négliger ses risques.
Tantôt perçue comme une menace technologique, tantôt comme un outil d’émancipation, elle oblige les systèmes éducatifs à réconcilier ces visions pour en exploiter tout le potentiel.
À l’échelle mondiale, l’école du XXIe siècle doit accélérer l’accès aux savoirs tout en préservant la formation de l’esprit.
Entre opportunité et responsabilité : repenser la mission éducative
Partout, l’IA pousse à repenser les valeurs éducatives fondamentales : attention, curiosité, esprit critique, respect des cultures locales et connexion humaine.
Dans les pays du Sud, elle représente un levier d’accélération unique, à condition d’être déployée de manière éthique, inclusive et responsable.
L’IA facilite l’accès à l’information, accélère la production de contenus et adapte les apprentissages aux besoins de chaque élève.
Dans des contextes marqués par la pénurie d’enseignants et des classes souvent surchargées, elle peut soutenir les professeurs et améliorer les apprentissages, si elle repose sur des infrastructures solides et une approche locale adaptée.
Des programmes pilotes en Inde, au Malawi et au Nigeria démontrent des progrès significatifs en quelques semaines seulement.
Ces initiatives montrent que l’IA peut devenir un outil d’inclusion éducative à fort impact, à condition qu’elle soit pensée pour répondre aux réalités locales.
Quand l’intelligence artificielle réduit les inégalités
En Égypte, des chercheurs ont mis au point des systèmes de tutorat basés sur l’IA pour accompagner les enseignants dans l’enseignement des mathématiques en arabe, notamment auprès de jeunes filles issues d’écoles communautaires rurales.
Les résultats sont probants : ces programmes permettent aux filles de combler leur retard, réduisant ainsi les écarts de genre et de milieu social.
Ainsi, bien maîtrisée, l’IA pourrait devenir un puissant moteur d’égalité éducative, en offrant à chaque élève, quel que soit son environnement, un accès personnalisé à l’apprentissage.
Elle ouvre la voie à une école plus équitable, connectée et adaptée aux défis contemporains.
Garantir un accès équitable pour tous
Mais pendant que les initiatives locales se multiplient, le monde avance rapidement : les usages individuels explosent, les plateformes de tutorat scolaire en ligne se généralisent et le marché de l’edtech connaît une croissance exponentielle.
Le véritable défi n’est donc plus de prouver le potentiel de l’IA, mais bien de garantir un accès régulier, inclusif et équitable pour tous les élèves.
Deux conditions apparaissent comme essentielles :
- la création d’infrastructures publiques robustes, assurant une connexion et une électricité accessibles à tous ;
- le développement de politiques éducatives collaboratives, où les enseignants, les gouvernements et les chercheurs travaillent ensemble à une IA éducative réellement partagée.
Sans cela, le risque est grand de creuser encore davantage les fractures numériques et sociales entre les élèves connectés et ceux laissés à la marge.
L’IA ne doit pas être un facteur d’exclusion, mais bien un outil collectif d’émancipation éducative.

SOURCE : lemonde.fr

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