Loi agricole : Une "avancée pour l’enseignement" selon le Cneap, des "reculs environnementaux" pour le Snetap et le SEA

Le projet de loi agricole comporte "des reculs environnementaux sans précédents", selon les syndicats SEA-Unsa et Snetap-FSU, qui déplorent la disparition du terme d’agroécologie dans la 6e mission attribuée à l’enseignement agricole. L’objectif de former +30 % d’apprenants supplémentaires n’est pas non plus suffisant, estime le SEA-Unsa. Ces syndicats et le Cneap saluent en revanche la création du bachelor agro, ainsi que la reconnaissance de la vocation pédagogique des exploitations des lycées agricoles. "Il y aurait eu d’autres réformes à opérer sur le plan pédagogique", pour le Snetap.
Des acquis et des reculs : Un regard critique sur le projet de loi
Des acquis et des reculs : c’est le regard que portent le SEA-Unsa et le Snetap-FSU sur le projet de loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture, définitivement adopté par le Parlement le 20 février 2025.
"Des reculs sans précédents sur les mesures environnementales" (Snetap-FSU)
Les deux syndicats déplorent avant tout la disparition du terme d’agroécologie du texte final, "pourtant essentiel pour répondre aux enjeux environnementaux actuels", selon le SEA-Unsa. Alors que, lors de l’adoption du texte en 1re lecture l’an dernier, la 6e mission attribuée à l’enseignement agricole prévoyait que les établissements "assurent le développement des connaissances et des compétences en matière de transitions agroécologique et climatique", la nouvelle version évoque, elle, "le développement des connaissances et des compétences en matière de transitions climatique et environnementale".
"Les sénateurs ont retiré tous les termes d’agroécologie", s’offusquent les deux syndicats, qui craignent des "reculs environnementaux". Pourtant, avec les deux plans successifs "Enseigner à produire autrement", "l’agroécologie figure dans tous les programmes depuis 2014. Comment vont-ils être affectés par ce retrait ?", s’inquiète Olivier Gautié, secrétaire général adjoint du Snetap-FSU. Depuis 2020, le "plan national de transformation" doit adapter les formations pour enseigner la mise en œuvre de l’agroécologie et ainsi répondre aux enjeux climatiques.
"+30 % d’apprenants mais 45 ETP en moins" (SEA-Unsa)
Autre grief : la création de centres uniques assurant à la fois la formation par apprentissage et la formation continue. "Cette disposition soulève de nombreuses interrogations réglementaires, au premier rang desquelles figure la gestion RH : comment vont s’harmoniser les protocoles des différents centres ? Sujet central alors que vont s’ouvrir les négociations entre les organisations syndicales et les employeurs sur le temps de travail des formateurs", considère le SEA-Unsa.
Enfin, les deux syndicats estiment aussi que l’objectif de former +30 % d’apprenants dans l’enseignement agricole n’est pas suffisant : "Plus de formés, plus de paysans, c’est bien sûr positif pour combattre l’industrialisation de l’agriculture", se réjouit d’abord le Snetap, "mais il aurait fallu prévoir +50 % d’apprenants supplémentaires".
Il faudra aussi "ouvrir de nouvelles classes, attirer les jeunes et créer des postes d’enseignants", détaille le SEA-Unsa, qui estime à 200 le nombre d’ETP supplémentaires d'ici 2028. "Or, le ministère commence cette année par en supprimer 45 et fusionner ou fermer des classes…", fustige-t-il.
Le Bachelor "va accroître l’attractivité des établissements" (Cneap)
Quelques mesures du projet de loi emportent tout de même le satisfecit de ces deux syndicats, mais aussi du réseau Cneap. Ainsi du bachelor agro : pour Florence Machefer, secrétaire générale, ce diplôme va "contribuer à accroître l’attractivité des établissements proposant des formations post-bac, un enjeu clé pour le développement de l’enseignement agricole". Il devrait permettre "de former plus et accompagner la montée en compétences induite par la prise en compte des enjeux environnementaux", complète le SEA-Unsa, qui met toutefois en garde contre l’appellation de ce bac+3, qui "risque d’entretenir la confusion avec les bachelors sans valeur réglementaire des établissements privés lucratifs. La lisibilité et la compréhension des parcours d’orientation par les jeunes et les familles ne vont pas en être simplifiées".
Tous saluent aussi la consécration, dans la loi, de la vocation pédagogique des exploitations des lycées agricoles, portée par le Snetap-FSU. Une reconnaissance de ces "véritables outils de formation, indispensables pour une professionnalisation accrue des jeunes", explique Michel Dantin, président du Cneap.
"Nous espérons que cela ouvrira des financements des conseils régionaux", précise de son côté Olivier Gautié, qui se réjouit aussi de la possibilité, pour ces exploitations, de bénéficier des aides PAC. Mais, "pour trouver une traduction concrète en établissement, il va falloir que les Régions intègrent systématiquement les exploitations et les ateliers technologiques dans leur plan prévisionnel d’investissement", prévient le SEA-Unsa.
Des moyens nécessaires pour appliquer cette loi
Désormais, tous soulignent l’importance des moyens pour appliquer cette loi. Le Cneap demande à l’État "la réelle application de la loi Rocard de décembre 1984 et un réajustement des crédits budgétaires destinés aux établissements de son réseau".
Enfin, "il y aurait eu d’autres réformes à opérer sur le plan pédagogique", regrette le Snetap. Comme "remettre l’agronomie en enseignement obligatoire", ou "pouvoir réellement mettre en place les dédoublements, aujourd’hui devenus indicatifs. Ils sont mis en place uniquement s’il y a les moyens", déplore Olivier Gautié.

SOURCE : AEFINFO

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