Meurtre d’une surveillante par un collégien : les réseaux sociaux favorisent-ils la violence chez les jeunes ?

Au lendemain du drame survenu dans un collège de Nogent, en Haute-Marne, Emmanuel Macron relance le débat sur l’impact des réseaux sociaux sur la jeunesse. Une position largement nuancée par les spécialistes.
La mort tragique d’une surveillante poignardée par un élève de 14 ans a relancé un débat sensible : les réseaux sociaux encouragent-ils la violence chez les jeunes ? Dès mardi soir, Emmanuel Macron a avancé cette piste sur France 2, défendant sa volonté d’interdire ces plateformes aux moins de 15 ans. « Nous vivons dans une société de plus en plus violente », a-t-il expliqué, évoquant la nécessité de « protéger nos jeunes de la surexposition aux écrans ».
Le lendemain, Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, a appuyé cette position sur France Inter : « Les réseaux sociaux banalisent la violence » et contribuent, selon elle, à « faire perdre leurs repères à notre jeunesse ».
Un rôle surestimé par les politiques ?
Mais cette analyse est loin de faire consensus. Très vite, le procureur chargé de l’affaire a précisé que l’adolescent suspecté « utilise peu les réseaux sociaux », jetant un froid sur cette explication hâtive.
Le sujet n’est pas nouveau. Lors des émeutes qui avaient suivi la mort de Nahel Merzouk en 2023, les réseaux sociaux avaient déjà été désignés responsables de l’amplification des violences. Si certains experts reconnaissent leur rôle dans la diffusion des images ou dans l’organisation de rassemblements violents, ils s’accordent à dire que la réalité est beaucoup plus complexe.
Des risques réels, mais pas systématiques
Selon Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication, ces plateformes jouent effectivement un rôle d’amplificateur. « Elles permettent de s’organiser et de se rassembler physiquement », souligne-t-elle, rappelant que ces mêmes outils avaient été salués pendant les Printemps arabes. Mais elle prévient contre les amalgames rapides : « Même lorsqu’on est confronté à un grand nombre de vidéos violentes, il n’y a pas forcément de lien avec le passage à l’acte. »
Le psychologue Michaël Stora va dans le même sens. Si certains algorithmes peuvent enfermer les adolescents fragiles dans des contenus extrêmes (violence, troubles alimentaires, incitation à la haine), ces dérives concernent principalement des jeunes déjà en souffrance psychologique. « Penser que c’est uniquement les réseaux sociaux qui sont responsables de la violence, c’est faire l’économie d’une réflexion plus poussée sur la santé mentale à l’adolescence », insiste-t-il.
Pas de lien de causalité prouvé
Les travaux de recherche vont d’ailleurs dans ce sens. Selon une étude de l’Unesco publiée en 2018, il n’existe « pas de lien causal démontré » entre l’usage d’internet et le passage à l’acte violent. Même constat dans un rapport sénatorial de 2022 sur la délinquance des mineurs : les réseaux sociaux peuvent faciliter l’organisation de violences, mais ils ne provoquent pas directement le passage à l’acte.
Autre étude citée : un article publié en mai dans la revue Dalloz, qui met en évidence d’autres facteurs déterminants dans les violences commises par des mineurs : contexte familial violent, environnement social difficile, déficit d’empathie, troubles cognitifs ou faible quotient intellectuel.
Des solutions plus larges à envisager
Face à ce constat, les spécialistes appellent à une approche plus globale : meilleure éducation au numérique, repérage plus précoce des fragilités psychologiques, accompagnement renforcé des familles et lutte contre l’isolement des adolescents.
Si les réseaux sociaux posent effectivement des questions en matière d’exposition aux contenus violents, la réponse ne peut se limiter à leur interdiction. « Il faut prendre en compte le contexte dans lequel ils sont utilisés, conclut Anne Cordier. Il y a des contenus problématiques, mais aussi des contenus positifs, libérateurs et épanouissants. »
Le drame de Nogent rappelle surtout l’urgence d’une action collective sur le terrain de la prévention, bien au-delà des écrans.

SOURCE : FRANCEINFO

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