Nouveaux programmes de français et mathématiques en cycle 3 : des avis contrastés des associations disciplinaires

L’annonce de la réforme des programmes de français et de mathématiques pour le cycle 3 suscite des réactions variées parmi les associations disciplinaires. L’APMEP (Association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public) juge le projet ambitieux mais met en garde sur la nécessité d'une formation adaptée des enseignants. De son côté, l’Afef (Association française des enseignants de français) regrette un manque de concertation et dénonce une approche trop rigide du programme.
Un programme de mathématiques ambitieux mais exigeant pour les enseignants
Le projet de programme de mathématiques s’articule autour de cinq grands objectifs :
🔹 Renforcer les apprentissages et les savoirs fondamentaux.
🔹 Développer les capacités d’analyse, de raisonnement et d’argumentation.
🔹 Stimuler les compétences psychosociales des élèves.
🔹 Encourager la mémorisation et l’automatisation des notions mathématiques.
🔹 Lutter contre les inégalités sociales et de genre dans l’apprentissage des mathématiques.
L’approche de la résolution de problèmes est mise en avant, s’inspirant notamment de la méthode de Singapour, prônée par Gabriel Attal. L’apprentissage hors temps scolaire est aussi encouragé, le programme indiquant que des exercices et des leçons à la maison sont nécessaires pour consolider les acquis.
Cependant, Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’APMEP, souligne que cette réforme, bien que riche en contenus, pourrait entraîner une mise en œuvre à deux vitesses. Les enseignants expérimentés pourront s’adapter plus facilement, tandis que les jeunes enseignants et les contractuels risquent d’éprouver des difficultés à enseigner ces nouvelles notions, faute d’une formation didactique suffisante.
👉 Elle insiste donc sur la nécessité d’un véritable effort de formation pour éviter une application inégale du programme.
Des inquiétudes sur la charge de travail et la mise en application immédiate
🔹 L’accent mis sur le travail hors de la classe suscite des inquiétudes. L’APMEP craint que cela ne renforce les inégalités entre les élèves, en particulier ceux qui rencontrent des difficultés à la maison.
🔹 Avec 112 pages, ce programme est jugé très dense par rapport au temps disponible en classe, ce qui pourrait compliquer sa mise en place.
🔹 L’application immédiate dès la rentrée 2025 est également perçue comme précipitée. Un déploiement progressif serait préférable, selon l’APMEP, pour laisser le temps aux enseignants de s’approprier ces nouveaux contenus.
Un programme de français jugé trop directif par l’Afef
Côté français, le programme affiche un objectif clair : développer le goût et le plaisir de la lecture. Il précise notamment que :
🔹 L’enseignant doit proposer des situations de lecture diversifiées.
🔹 Au cycle moyen, il doit faire lire au moins sept œuvres complètes par an, et six en sixième.
🔹 Les élèves doivent être encouragés à développer des pratiques de lecture personnelles et à participer à des activités variées (ex : carnet de lecteur).
Si Viviane Youx, présidente de l’Afef, apprécie certaines initiatives comme l’intégration du carnet de lecteur, elle considère que ce programme manque de cohérence globale et qu’il s’apparente à un simple catalogue d’items à cocher.
👉 Elle regrette également que l’Afef n’ait pas été consultée pour son élaboration, contrairement aux enseignants de mathématiques.
Des lacunes pointées par l’Afef
🔹 Une focalisation excessive sur le vocabulaire : l’approche semble supposer que posséder un ensemble de mots suffit à bien s’exprimer, sans prendre en compte les compétences syntaxiques et grammaticales essentielles.
🔹 Absence de prise en compte des usages numériques : aucune mention n’est faite à l’usage d’internet ou à la recherche d’informations, pourtant primordiaux dans l’éducation moderne.
🔹 Une vision trop rigide du rôle de l’enseignant : l’Afef dénonce une "mise au pas" des professeurs, avec des prescriptions très précises qui ne leur laissent que peu de marge de manœuvre pédagogique.
Une finalité éducative floue
Enfin, Viviane Youx s’inquiète d’un manque de vision globale sur la formation des élèves. Selon elle, ces nouveaux programmes ne précisent pas quel type d’individu l’école cherche à former, se contentant de lister des objectifs techniques sans réflexion sur leur finalité éducative et sociale.
Conclusion : un projet ambitieux mais qui soulève de nombreuses interrogations
🔹 En mathématiques, le programme est riche et structuré, mais pose des défis en matière de formation des enseignants et de charge de travail pour les élèves.
🔹 En français, l’Afef critique une approche trop prescriptive et morcelée, qui limite la liberté pédagogique des enseignants et oublie des aspects essentiels comme la recherche d’informations en ligne.
🔹 Dans les deux disciplines, la question de la mise en application dès 2025 reste un point de tension, avec des enseignants qui risquent d’être insuffisamment préparés pour intégrer ces changements majeurs.
En attendant d’éventuels ajustements, ces nouveaux programmes suscitent à la fois espoirs et inquiétudes dans la communauté éducative.

SOURCE : AEFINFO

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