Orientation : recteurs et régions travaillent ensemble au déploiement du plan Avenir

Le "plan Avenir" constitue l’un des grands chantiers de cette rentrée 2025. Il mobilise à la fois les rectorats et les régions, car la compétence orientation demeure partagée. Loin d’une révolution, il s’agit surtout pour l’Éducation nationale de rendre plus visibles des pratiques souvent informelles et d’implanter progressivement la plateforme Avenir(s) de l’Onisep dans les établissements scolaires. Celle-ci doit devenir le portfolio numérique de chaque collégien et lycéen pour tracer son parcours d’orientation. Les retours de terrain, en Bretagne, Grand-Est, Occitanie ou encore Nouvelle-Aquitaine, montrent déjà des dynamiques en cours.

Une structuration progressive des dispositifs existants

Pour Anne Bisagni-Faure, rectrice de Lyon, le plan Avenir est "le grand chantier de la rentrée". Présenté par Élisabeth Borne le 5 juin 2025 puis précisé dans une circulaire, il vise avant tout à structurer et à rendre visible ce qui existe déjà. Les 54 heures d’orientation prévues dès la 5e, par exemple, seront désormais incarnées par quatre demi-journées banalisées. "L’idée est de sacraliser ces heures et d’impliquer tous les enseignants", précise la conseillère orientation de la rectrice. Ainsi, un professeur d’arts plastiques pourra présenter les différentes voies d’études artistiques dans le cadre de ces temps dédiés.

La plateforme Avenir(s), un carnet de bord numérique

La grande nouveauté pour les élèves est l’utilisation de la plateforme Avenir(s) de l’Onisep, conçue comme un "journal de bord" pour accompagner le parcours d’orientation de la 5e au supérieur. Les collégiens et lycéens pourront y consigner leurs découvertes de métiers, leurs rencontres inspirantes ou encore les forums visités. L’outil doit aussi les aider à prendre conscience de leurs compétences psycho-sociales et de leur progression en matière d’orientation.

La Draio adjointe de Lyon détaille : "Un élève pourra indiquer qu’il a posé une question à un professionnel lors d’un forum. À la fin du parcours, il verra le chemin parcouru." Pour faciliter son usage en classe ou en permanence, les établissements disposent de mallettes de tablettes.

Former les professeurs principaux et accompagner les élèves

La plateforme Avenir(s) intègre également l’espace "Mon Projet Sup", où les élèves peuvent déposer leurs envies. L’outil leur propose ensuite d’élargir leur réflexion en explorant des métiers ou filières connexes.

Afin de garantir une appropriation large, tous les professeurs principaux de 3e seront formés avant la fin de l’automne 2025. Les formations, organisées en bassin, combinent présentiel et webinaires. Elles sont animées par des inspecteurs, chefs d’établissement ou Psy-EN, et incluent aussi le développement des compétences psycho-sociales (curiosité, confiance en soi, choix éclairé).

Des référents orientation déjà en place en Bretagne

L’académie de Rennes a une longueur d’avance : depuis 2020, tous les lycées disposent de "référents continuum", professeurs accompagnant les élèves de la première à la terminale. Ce réseau de 180 référents s’appuie sur le projet Brio ("Bretagne réussite information orientation"), lauréat d’un appel à projets du PIA 3.

Ces référents collaborent avec les enseignants du supérieur et bénéficient de dix journées de formation réparties sur quatre ans. Ils participent aussi à des immersions dans les lycées et universités. Selon Cécile Lecomte, vice-présidente de la commission formation et vie étudiante du conseil académique de Rennes, ce dispositif a permis d’atteindre "une culture commune de l’orientation" et de réduire de 7 à 9 points le nombre d’étudiants en réorientation.

Vers une meilleure articulation entre État et régions

Un autre enjeu du plan Avenir est d’améliorer la complémentarité entre les actions de l’État et celles des régions. "Ce n’était pas simple au début, mais désormais tout est aplani", reconnaît Pierre-François Mourier, recteur de Nancy-Metz. Dans le Grand Est, la plateforme Avenir(s) sera ouverte conjointement avec l’outil régional Orient’Est, permettant une articulation entre services nationaux et ressources locales.

En Occitanie, Kamel Chibli, vice-président en charge de l’orientation, salue une charte qui reconnaît enfin le rôle des régions. Il se félicite aussi du rapprochement avec les professeurs principaux, jusque-là sans lien avec les régions malgré leur rôle clé. Mais en Île-de-France, Valérie Pécresse critique une "renationalisation" de la compétence orientation et estime que la plateforme Avenir(s) fait doublon avec l’outil régional Oriane.

Une vision territoriale en Nouvelle-Aquitaine

La Nouvelle-Aquitaine poursuit une politique volontariste en orientation, ciblant en priorité les collégiens et les familles éloignées de l’information. Un indicateur nouveau – le temps d’éloignement des pôles d’enseignement supérieur – a été identifié comme déterminant pour les poursuites d’études post-bac.

Jean-Louis Nembrini, vice-président de région, souhaite aller plus loin et adapter la cartographie des CIO à ces données. Il plaide pour une plus grande proximité avec les centres d’information et d’orientation, mais se heurte à la réticence du ministère.

Mieux accompagner les territoires éloignés

Jean-Marc Huart, recteur de région académique à Bordeaux, insiste sur l’importance d’aller vers les populations les plus éloignées géographiquement. Dans son académie, le Lot-et-Garonne illustre bien l’enjeu : en difficulté pour les poursuites post-bac, il s’est doté d’un projet de parcours d’orientation (PPO). D’autres départements suivront avec des feuilles de route adaptées.

Des collèges pilotes testeront par ailleurs différentes séquences (forums, casques de réalité virtuelle, ateliers) afin d’évaluer leur pertinence selon l’âge des élèves. Le recteur attend aussi une mobilisation accrue des lycées professionnels et des campus des métiers et des qualifications.

Intégrer les tiers de confiance dans les actions d’orientation

Le plan Avenir prévoit que les quatre demi-journées d’orientation puissent être nourries par des partenaires extérieurs. En Nouvelle-Aquitaine, la région propose de s’appuyer sur les acteurs labellisés "tiers de confiance", associations et prestataires spécialisés. "Il faut refonder le lien avec les acteurs associatifs", souligne le recteur Huart, qui voit dans leur savoir-faire une valeur ajoutée concrète.

Des outils numériques pensés pour les jeunes

La région Pays-de-la-Loire mise sur les réseaux sociaux pour toucher les jeunes. Le 1er septembre 2025, elle a lancé "Le Média Orientation" sur TikTok et Instagram (@lemediaorientation). Conçu avec des jeunes de "La Promotion", ce média propose une information claire et inspirante sur les métiers, les formations, Parcoursup ou encore la prévention du décrochage.

Ligne éditoriale assumée : pertinence, optimisme et inspiration. Les contenus prennent la forme de témoignages, vidéos courtes ou carrousels, avec des rubriques comme "Le déclic" ou "Le beau geste". L’objectif est de positionner le jeune comme acteur de son avenir et de diversifier les sources d’information au-delà des canaux traditionnels.

SOURCE : AEFINFO