Parcoursup : paradoxe des algorithmes pour les enseignants

Dans un article publié en avril 2025 dans la revue Multitudes, Héloïse Eloi-Hammer, doctorante au Medialab de Sciences Po, explore le paradoxe des algorithmes locaux dans la procédure Parcoursup. L’obligation, imposée par l’État, de classer les candidats a conduit les enseignants à utiliser des algorithmes qu'ils désapprouvent, et qui vont à l’encontre de leurs valeurs pédagogiques.
Une sélection scolaire et sociale via les notes
L’article souligne que les algorithmes locaux privilégient un classement des candidats basé sur les notes scolaires, avec une moyenne fonctionnant comme un seuil éliminatoire. Héloïse Eloi-Hammer analyse ce système comme une "sélection scolaire" qui induit également une sélection sociale, car la réussite scolaire est souvent liée à l’origine sociale des candidats. Cela peut désavantager les étudiants issus de milieux défavorisés. L’automatisation de la sélection ne permet pas de prendre en compte la motivation des candidats, un critère essentiel pour leur réussite future.
La complexité des algorithmes locaux et leur opacité
L’auteur pointe également la complexité de la plateforme Parcoursup, même pour les enseignants compétents techniquement. Les algorithmes locaux sont souvent des "boîtes noires", avec peu de transparence sur leur fonctionnement. Les professeurs, en raison de cette opacité, ne savent pas toujours ce que l’algorithme produit exactement et préfèrent éviter de s’y intéresser pour ne pas alourdir leur charge de travail.
Une contrainte imposée par l’État, malgré les réticences
Le texte évoque aussi la contrainte imposée par l’État aux universités, qui doivent mettre en place ce système dans un contexte de contestations. Les enseignants sont alors confrontés à un dilemme : soit participer à un processus qui va à l’encontre de leurs valeurs, soit ne pas s'impliquer, risquant ainsi de laisser l’administration gérer le classement des candidats. Cette situation met en lumière la résistance symbolique des professeurs, qui refusent d’accepter le système tout en se sentant responsables de son application.
Des procédés rudimentaires par manque de moyens
Enfin, l’article évoque l'absence de moyens nécessaires à la mise en place d’un système de sélection complexe. Le manque de ressources explique que de nombreux enseignants choisissent de mettre en place des procédés de sélection rudimentaires. Cela montre également que, souvent, les professeurs, bien qu’en théorie responsables du classement, ignorent les détails des algorithmes locaux, ce qui rend leur travail encore plus difficile et augmente leur charge mentale.

SOURCE : AEFINFO

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