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ÉDUCATION
14
March 2025

Parcoursup pousse-t-il les professeurs à édulcorer les appréciations sur les bulletins scolaires ?

Alors que les enseignants du supérieur observent une surenchère des jugements positifs, ceux du second degré tentent de trouver un équilibre entre honnêteté et encouragement. Pris entre la pression des élèves, des parents et parfois des chefs d’établissement, ils doivent rédiger des appréciations à la fois justes et bienveillantes.

Un exercice d’équilibriste pour les enseignants

Être transparent sans décourager, valoriser l’attitude autant que les compétences, souligner la progression, éviter les formules répétitives… Remplir un bulletin scolaire est un exercice délicat. La rédaction des appréciations soulève même un dilemme moral. "On a la pression d’être le plus honnête possible, sans fermer le champ des possibles", explique David Boudeau, enseignant au lycée François-Truffaut à Challans et président de l’Association des professeurs de biologie et de géologie (APBG).

Depuis l’arrivée de Parcoursup en 2018, "le bulletin est devenu un facteur de tension", affirme Joëlle Alazard, présidente de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG). Certains professeurs craignent que leurs remarques ne pénalisent leurs élèves.

Avec la date limite de formulation des vœux fixée au jeudi 13 mars, les appréciations des enseignants seront scrutées par les jurys des formations post-bac, en complément des notes et du projet professionnel. La fiche "Avenir", qui synthétise les notes et commentaires de l’année de terminale, jouera également un rôle clé.

Une inflation des bonnes appréciations

Emmanuel Caquet, enseignant en lettres classiques au lycée Lakanal de Sceaux, déplore une généralisation des appréciations positives. Il y voit une forme de langue de bois : "Nous avons des bulletins de plus en plus illisibles, avec une tendance à ‘L’École des fans’ où tout le monde finit par avoir 10 sur 10, sauf que tous les élèves ne peuvent pas être excellents."

Selon lui, certains établissements accentuent volontairement cette dynamique pour améliorer leur réputation et maximiser les chances d’admission de leurs élèves dans des classes préparatoires. "On sait que des lycées surenchérissent les notes et les appréciations", confirme Joëlle Alazard.

Des appréciations codées

Face à cette évolution, certains enseignants apprennent à lire entre les lignes. "Il y a des codes à connaître", explique Emmanuel Caquet. "Si une appréciation suggère que l’élève ‘peut réussir’, cela signifie en réalité qu’il peut aussi échouer."

Par ailleurs, certaines mentions négatives disparaissent progressivement. "On parle de moins en moins de bavardages ou de manque de concentration", ajoute Joëlle Alazard.

Une pression venue des parents

Les professeurs interrogés refusent cependant de parler d’autocensure. "Je ne m’interdis rien tant que ce n’est pas pour enfoncer l’élève", assure Thibaut Poirot, enseignant en histoire-géographie dans un lycée du Grand-Est. Il constate néanmoins une montée des angoisses chez les élèves, mais aussi chez leurs parents.

Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-UNSA, confirme cette tendance. "L’introduction du contrôle continu et de Parcoursup a amplifié l’attention des parents sur les notes et les appréciations", explique-t-il. Certains vont même jusqu’à contester officiellement les évaluations. En 2022, une famille a saisi le tribunal administratif de Caen pour demander la modification d’une appréciation, sans succès.

Le développement des environnements numériques de travail (ENT) facilite également les échanges entre parents et enseignants. "Les demandes de rattrapages et de modifications d’appréciations se multiplient", observe Joëlle Alazard.

Un phénomène inégal selon les milieux sociaux

L’interventionnisme parental varie selon les établissements. "Il y a moins de contestations à Saint-Denis qu’à Vincennes", constate Bruno Bobkiewicz. "Les parents qui maîtrisent les codes sont plus intrusifs."

Interrogé sur ces tensions, le ministère de l’Éducation nationale affirme ne pas observer d’inflation des notes ni de phénomène généralisé d’appréciations édulcorées. Pourtant, la médiatrice de l’Éducation nationale souligne dans son dernier rapport que les contestations des évaluations ont nettement augmenté ces dernières années.

SOURCE : Francetvinfo

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