philippe baptiste : ne pas porter un regard uniquement misérabiliste sur l’université

Bourses, objectifs, autonomie et moyens… Dans un entretien au « Monde », Philippe Baptiste, ministre de l’enseignement supérieur, se prononce sur plusieurs dossiers clés. Il se défend également d’avoir exercé une quelconque pression pour faire annuler un colloque sur la Palestine au Collège de France à la mi-novembre.

Les marges budgétaires restent limitées pour le ministre, qui ne pourra ni réformer les bourses étudiantes en 2026, ni augmenter le financement des universités. En poste depuis décembre 2024, il souhaite néanmoins engager un dialogue sur l’hétérogénéité des dotations entre établissements avec toutes les parties prenantes. Il revient aussi sur ses propos récents au Sénat, où il a critiqué les résultats des universités, estimant qu’elles peinent à obtenir des financements européens pour la recherche.

Clarifier les propos tenus au sénat

Le 29 octobre, devant la commission des sénateurs, le ministre a utilisé des expressions comme « bande de nuls » et « universités à la ramasse » en évoquant les appels à projets européens de recherche. Ces termes ont été perçus comme injurieux par certains membres de la communauté universitaire.

Philippe Baptiste précise que ses critiques ne visaient pas les enseignants-chercheurs, mais la politique collective dont chacun est responsable. « Si mes propos ont été mal compris, j’en suis désolé », explique-t-il. Il souligne le potentiel important des universités pour décrocher des ERC [projets de recherche européens très compétitifs], essentiels pour disposer de temps de recherche et de financements supplémentaires. La frustration vient du fait que ce potentiel n’est pas pleinement exploité, ce qui limite les moyens à disposition des établissements.

Des marges budgétaires limitées mais un dialogue ouvert

Le ministre rappelle que les contraintes financières empêchent toute réforme majeure des bourses ou une augmentation des financements en 2026. Malgré cela, il entend engager des discussions constructives pour équilibrer les dotations et améliorer les performances des universités. Il met l’accent sur l’importance de travailler collectivement et d’éviter un regard uniquement misérabiliste sur le système universitaire, afin de valoriser ses réussites et ses capacités.

Un équilibre à trouver entre critique et soutien

Philippe Baptiste insiste sur la nécessité de concilier critique et encouragement. Les universités disposent de forces considérables, mais des améliorations sont possibles pour renforcer leur attractivité et leur compétitivité, notamment dans le domaine de la recherche européenne. Le ministre souhaite que les débats se fassent de manière constructive, en valorisant les points forts et en identifiant les leviers d’amélioration sans démotiver les équipes universitaires.

SOURCE : lemonde.fr