PLF 2026 : un budget marqué par un désengagement pour la jeunesse

Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit 64,5 milliards d’euros pour l’Éducation nationale et 15,6 milliards d’euros pour l’Enseignement supérieur et la Recherche. Des montants que les syndicats qualifient de hausses "en trompe-l’œil". Ce PLF dissimule en réalité d’importants enjeux de suppressions de postes, dans un contexte de baisse démographique.
Le projet de loi de finances est arrivé au Sénat le 5 décembre, marquant une étape avant le vote définitif sur l’ensemble du texte, programmé dix jours plus tard. Un calendrier particulièrement resserré pour les parlementaires, dans un climat marqué par la menace d’un recours au 49.3.
Dès ce vendredi 5 décembre, la suppression de 4 018 postes de titulaires à l’Éducation nationale figure parmi les premiers votes des sénateurs. Si la question des créations et suppressions de postes est devenue un classique du budget de l’Éducation nationale, elle prend une dimension particulière dans la période actuelle de forte baisse des effectifs scolaires.
Cette suppression de près de 4 000 postes avait déjà été évoquée début 2025 par François Bayrou, alors Premier ministre, avant qu’un recul ne soit opéré. Un amendement sénatorial proposait même la suppression de 8 000 postes. Pour son auteur, le sénateur LR Olivier Paccaud, ces suppressions restaient en deçà de la baisse démographique et devaient permettre de dégager entre 75 et 100 millions d’euros pour la revalorisation salariale des enseignants. Une proposition qui n’a finalement pas été retenue.
Ces annonces s’inscrivent dans une tendance structurelle de baisse des effectifs scolaires : en 2029, le système éducatif devrait compter un million d’élèves en moins qu’une décennie auparavant. "Le PLF tient compte du paysage démographique et des réalités territoriales et rurales, car, alors que nous avons perdu un million d’élèves en dix ans, nous n’avons pas ajusté les effectifs enseignants à cette évolution", défend le ministre Édouard Geffray devant l’Assemblée nationale et le Sénat.
"Le taux d’encadrement s’est amélioré dans tous les départements depuis 2017 et cette dynamique va se poursuivre." Selon le ministre, à la rentrée 2026, le nombre moyen d’élèves par classe atteindrait 21 dans le premier degré, un niveau présenté comme historiquement bas. Une situation toutefois moins favorable dans le second degré.
Globalement, le budget de l’Éducation nationale devrait s’élever en 2026 à 64,5 milliards d’euros, soit une hausse de 200 millions d’euros par rapport à 2025. Cette augmentation s’explique en grande partie par la création de 8 000 postes de stagiaires, conséquence directe de la réforme de la formation des enseignants.
Du côté de l’enseignement supérieur et de la recherche, le PLF prévoit une hausse de 180 millions d’euros pour les universités dans le cadre de la LPR, ainsi qu’une compensation de CAS à hauteur de 80,9 millions d’euros. Lors de l’examen du texte le 9 novembre, la commission des finances de l’Assemblée nationale a revalorisé ce budget de 2,3 millions d’euros supplémentaires.
Un peu plus tôt, lors de son audition devant la commission culture du Sénat le 29 octobre, Philippe Baptiste avait reconnu que si "certains établissements rencontrent des difficultés", "ce n’est pas Zola non plus". Des propos qui ont vivement fait réagir les syndicats de l’ESR, alors que, selon le Snesup-FSU, "80 % des universités ont présenté des budgets déficitaires en 2025" et qu’il manquerait près de 8 milliards d’euros pour répondre aux besoins du secteur.
La vie étudiante est également impactée par ce budget. Le PLF prévoit en effet de restreindre l’accès aux APL pour les étudiants extra-communautaires. Désormais, seuls les étudiants hors Union européenne bénéficiant d’une bourse sur critères sociaux pourront prétendre à ces aides au logement.
Une mesure qualifiée de "xénophobe" par l’ensemble des syndicats étudiants dans des communiqués distincts. La Fage souligne notamment que "60 % des bénéficiaires des épiceries solidaires Agoraé sont des étudiants étrangers, dont 63 % sont non boursiers".
Le programme "vie étudiante" subit par ailleurs une coupe budgétaire de plus de 25 millions d’euros, ce qui fait craindre une baisse du nombre d’étudiants boursiers, tandis que le second volet de la réforme des bourses continue de se faire attendre.
Alors que le budget de l’État prévoit une hausse globale des dépenses de 10,5 milliards d’euros par rapport à 2025, notamment portée par la défense, les crédits consacrés aux jeunes de 3 à 30 ans reculent fortement, avec une baisse d’environ un milliard d’euros. Un désengagement pointé dans le document relatif à la politique transversale de la jeunesse annexé au PLF 2026.
Ce recul est particulièrement visible au sein du ministère des Sports et de la Jeunesse, dont les crédits chutent de 26 %. Les "colos apprenantes", financées jusqu’alors à hauteur de 36,8 millions d’euros, disparaissent ainsi du budget. Entre 2020 et 2024, ce dispositif avait permis à près de 400 000 enfants de partir en vacances.
Le PLF marque également un net repli de certaines mesures phares du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le Pass’culture voit son enveloppe réduite à 127 millions d’euros, contre 210 millions en 2025, tandis que sa part collective destinée aux établissements scolaires passe de 71 à 61 euros. Le Pass’sport subit lui aussi une forte baisse, avec un budget divisé par deux, passant de 75 millions d’euros en 2025 à 39,2 millions d’euros pour 2026.

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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