Pourquoi Elisabeth Borne encourage l’année sabbatique après le bac

Dans le cadre du plan Avenir, présenté en juin 2025, Élisabeth Borne souhaite réformer l’orientation scolaire pour la rendre plus lisible, plus équitable et plus adaptée aux aspirations des jeunes. Parmi les mesures fortes annoncées, figure un encouragement clair à l’année de césure après le bac — aussi appelée "année sabbatique". Une mesure inattendue, mais porteuse de sens dans une société où l’orientation est souvent vécue comme une urgence et un stress.
Une orientation repensée pour accompagner les élèves dès la 5e
Le plan Avenir s’attaque à l’un des angles morts de l’Éducation nationale : l’orientation. Trop souvent perçue comme un parcours du combattant, inégalitaire, ou simplement peu lisible, elle laisse un grand nombre d’élèves dans le flou, voire dans le regret. Une récente étude OpinionWay révèle d’ailleurs que plus d’un jeune sur deux regrette son choix d’orientation.
Face à ce constat, la ministre propose des actions dès le collège : demi-journées dédiées à l’orientation dès la 5e, renforcement de la formation des professeurs principaux, visites d’entreprise, forums, découverte des métiers. Mais c’est après le bac que l'une des mesures les plus audacieuses est présentée : valoriser la césure.
L’année de césure : un choix réfléchi, pas un abandon
Dans l’esprit collectif français, une année sabbatique après le bac est souvent synonyme d’échec, de flou ou de "perte de temps". Pourtant, dans de nombreux pays comme la Suède, la Finlande ou encore l’Islande, cette pratique est courante, valorisée et structurée. Plus de 70 % des étudiants suédois, par exemple, font une pause d’un an entre le secondaire et le supérieur pour mieux définir leur projet de vie.
Élisabeth Borne propose donc d’encourager ces parcours de césure, non pas comme un retrait du système éducatif, mais comme une opportunité de se construire autrement. Cette pause peut être l’occasion de s’engager dans un service civique, de travailler dans une association, ou encore de voyager, pour acquérir une ouverture d’esprit et des compétences transversales précieuses. L’objectif est clair : dédramatiser l’interruption temporaire du parcours scolaire pour la remettre au service de l’orientation.
Structurer la césure : une expérimentation nationale dès 2026
Aujourd’hui, seuls 9 000 bacheliers font le choix de l’année de césure via Parcoursup, un chiffre extrêmement bas comparé à nos voisins. Pour changer cela, le gouvernement entend aller plus loin : un groupe de travail piloté par l’Inspection générale de l’Éducation (IGESR) est en place pour établir un cadre reconnu et valorisé de la césure.
L’une des pistes envisagées consiste à accorder des crédits ECTS à certaines activités réalisées durant la césure, notamment les engagements associatifs ou les missions à l’international. Ce système, utilisé dans l’enseignement supérieur européen, permettrait à l’année sabbatique d’être intégrée pleinement dans le parcours étudiant, et non plus considérée comme un "trou" dans un CV.
Une expérimentation nationale sera lancée à la rentrée 2026, avec des partenariats entre établissements, organismes de service civique et structures d’accompagnement. L’ambition : changer les mentalités autour de la césure et faire de cette pause une étape constructive et valorisée dans le parcours de l’élève.
Une politique d’orientation plus humaine et plus personnalisée
Avec cette mesure, Élisabeth Borne envoie un signal fort : l’orientation ne se résume pas à une course aux diplômes ou à un enchaînement mécanique de cursus. Elle doit s’adapter à la réalité des jeunes, à leurs envies, leurs besoins de respiration, et leur maturité variable.
En encourageant l’année sabbatique, le plan Avenir tente ainsi de réintroduire de la souplesse dans les trajectoires scolaires et de répondre à une critique croissante : celle d’un système éducatif trop rigide, trop sélectif, trop rapide.

SOURCE : L'OPINION

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