Technologies et institutions : comment l’Europe peut rattraper son retard en innovation face aux États-Unis et à la Chine

Alors que la France et l’Europe avaient rejoint le PIB par tête des États-Unis entre 1945 et le milieu des années 1980, elles ont depuis décroché. La révolution des technologies de l’information a été pleinement exploitée par les États-Unis, qui ont investi dans le high-tech et les innovations de rupture, tandis que l’Europe est restée dans le mid-tech et les innovations incrémentales. Aujourd’hui, la Chine est devenue un acteur majeur, dynamique et innovant.
La France a perdu du terrain dans des secteurs stratégiques
Dans plusieurs domaines où la France était performante, elle a perdu des positions : déficit commercial multiplié par trois dans l’électronique depuis 2000, production automobile en baisse depuis 2008, délocalisations dans la pharmacie, alors que l’Allemagne continue d’innover. Les brevets triadiques (Europe, États-Unis, Japon) montrent que la France conserve un leadership seulement dans le nucléaire et l’aéronautique, et reste active dans l’isolation thermique, les machines agricoles, les véhicules autonomes, les logiciels de transmission de données et de conception assistée par ordinateur. Mais dans d’autres secteurs, notamment les semi-conducteurs, le retard est évident.
Un écosystème favorable au risque et à l’innovation
L’innovation repose sur l’éducation, la recherche et un écosystème qui accepte le risque. Aux États-Unis, les chercheurs bénéficient de financements de long terme et d’un soutien industriel et entrepreneurial complet, sans crainte de l’échec. En France, cet écosystème est quasi inexistant et les taxes comme la « taxe Zucman » limitent la dynamique.
Des politiques ciblées, comme les Arpa américaines (Advanced Research Projects Agency), sont nécessaires dans des domaines stratégiques : défense, espace, infrastructures, biotechnologies, énergie. Ces agences financent des projets ambitieux portés par des chefs issus de laboratoires ou de l’industrie, sur des missions de 3 à 5 ans. Des innovations inattendues, comme le GPS, sont souvent issues de ces programmes.
Une coalition européenne pour créer des agences de recherche avancée
Aux États-Unis et en Chine, le financement de plusieurs entreprises simultanément favorise la concurrence et l’innovation. En Europe, la politique de concurrence de Bruxelles a freiné les initiatives industrielles. Il est nécessaire de créer des Arpa européennes et des laboratoires d’excellence (Labex) associant recherche et industrie.
Une coalition de volontaires – France, Allemagne et pourquoi pas Royaume-Uni – pourrait mettre en place ces institutions communes. Le retour de talents comme Yann Le Cun, figure de l’intelligence artificielle, renforcerait cette dynamique.
Optimisme de combat pour la révolution technologique
Philippe Aghion appelle à un « optimisme de combat » : les technologies et les talents existent, mais il faut mettre en place les bonnes institutions pour rattraper le retard sur les États-Unis et s’affirmer face à la Chine. L’Europe dispose d’un modèle unique et doit mobiliser ses compétences pour réussir la révolution de l’intelligence artificielle.

SOURCE : CHALLENGES.FR

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