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ÉDUCATION
24
December 2025

Université de Poitiers : repenser l’offre de formation et devenir promotrice de santé

Après la validation de ses axes stratégiques en juin 2025, l’Université de Poitiers engage un vaste chantier de transformation de son offre de formation à l’horizon 2029. L’objectif est clair : consolider sa trajectoire d’université européenne engagée dans les grandes transitions, tout en renforçant son rôle sociétal et son attractivité.

Une stratégie tournée vers les grandes transitions

Interdisciplinarité, université durable et articulation renforcée entre formation et recherche constituent les piliers de la feuille de route définie pour les cinq prochaines années. La présidente de l’établissement, Virginie Laval, affirme la volonté de positionner Poitiers comme une université d’envergure européenne pleinement impliquée dans les grands enjeux contemporains.

Avec plus de 30 000 étudiants, l’université s’appuie sur les enseignements du projet DEM’UP, lancé en 2022 dans le cadre de France 2030 et récemment achevé. Ce programme a permis de renforcer la réussite étudiante grâce au déploiement de pratiques pédagogiques innovantes.

Capitaliser sur le projet DEM’UP

Doté d’un financement de 5,7 millions d’euros, DEM’UP a donné naissance à 19 démonstrateurs pédagogiques couvrant différentes disciplines et niveaux de formation. Le projet a également permis de former 450 personnels à la pédagogie immersive. Désormais, l’enjeu pour l’université consiste à pérenniser ces acquis, notamment par la prolongation possible de certains personnels recrutés spécifiquement pour ce programme.

Cette dynamique sert aujourd’hui de socle à une réflexion plus globale sur l’évolution de l’offre de formation.

Une refonte de l’offre de formation d’ici 2029

Dans le prolongement de sa stratégie, l’université de Poitiers ambitionne de repenser en profondeur son offre de formation d’ici 2029. L’interdisciplinarité scientifique doit irriguer l’ensemble des cursus, un défi identifié comme majeur pour les années à venir.

L’établissement peut compter sur le label ExcellencES du Programme d’investissements d’avenir, obtenu en 2021 pour une durée de dix ans, accompagné d’une enveloppe de 16 millions d’euros. Ce dispositif a déjà permis de structurer la recherche en favorisant les collaborations entre laboratoires et chercheurs autour de problématiques sociétales. L’enjeu est désormais de transposer cette logique dans les formations afin de proposer, à terme, des diplômes intégrant une véritable approche pluridisciplinaire, malgré les contraintes liées aux cloisonnements disciplinaires existants.

Renforcer le lien entre formation et recherche

Si l’université a déjà investi le continuum bac-3/bac+3, elle souhaite désormais intensifier le rapprochement entre le master et le doctorat. À cette fin, Poitiers prévoit la création, au 1er septembre 2026, d’une nouvelle composante à dimension européenne et interdisciplinaire, destinée à encourager l’internationalisation des parcours.

Grâce aux financements issus des Contrats d’objectifs, de moyens et de performance et du projet ExcellencES, plusieurs équipes pédagogiques ont été mobilisées pour porter des masters Erasmus Mundus. L’ambition affichée est d’en développer quatre ou cinq en interne, alors que l’université n’en propose actuellement qu’un seul, un nombre jugé insuffisant pour attirer un public international.

Repenser les formations en ingénierie

L’université observe également un recul d’attractivité des cursus master en ingénierie, concurrencés par les écoles d’ingénieurs internes comme l’Ensi Poitiers. Dès la prochaine rentrée, le nombre de CMI devrait passer de quatre à trois, ces diplômes étant appelés à disparaître faute d’attractivité.

Dans ce contexte, l’établissement envisage d’obtenir une accréditation de la Commission des titres d’ingénieur pour un diplôme d’ingénieur en génie biologique et bioinformatique, qui deviendrait le troisième diplôme d’ingénieur porté par Poitiers. Plus largement, l’objectif est de structurer l’ingénierie autour de la création d’une école Polytech, afin de rejoindre le réseau national et gagner en visibilité auprès des familles et des futurs étudiants.

Devenir une université promotrice de santé

Autre axe structurant : faire de Poitiers une université promotrice de santé, à tous les niveaux de la vie universitaire. Cette ambition passe par un renforcement des actions de prévention, mais aussi par une réflexion sur les rythmes étudiants. Des expérimentations pourraient être menées, notamment autour de l’intégration de temps dédiés aux pauses et à l’apprentissage en autonomie dans les maquettes pédagogiques.

Ce modèle d’université promotrice de santé, lancé au printemps 2025, repose sur plusieurs critères, dont l’instauration potentielle d’un campus sans tabac, actuellement à l’étude. Les actions menées par le service de santé étudiante s’inscrivent également dans une logique de coopération renforcée avec les professionnels de santé libéraux. À ce titre, l’université a été pionnière en proposant, dès décembre 2023, un cabinet dentaire à destination des étudiants, en partenariat avec l’Aosis.

Un engagement environnemental renforcé

Déjà engagée dans une démarche de développement durable, l’université, propriétaire de ses bâtiments, poursuit ses investissements environnementaux. L’installation de panneaux photovoltaïques est prévue à l’horizon 2026, avec pour objectif d’alimenter à 80 % le campus de Poitiers. Celui-ci est d’ores et déjà entièrement chauffé au bois grâce à une chaufferie biomasse, utilisant des ressources locales dans un rayon de 50 kilomètres.

Une situation budgétaire sous tension

Si l’université s’apprête à voter son budget dans un contexte financier tendu, sa présidente reconnaît que Poitiers se situe dans une position relativement plus favorable que d’autres établissements. L’université pourra notamment recruter lors de la prochaine campagne d’emploi.

La situation reste néanmoins préoccupante. L’équilibre budgétaire de l’année en cours ne sera atteint que grâce à des prélèvements sur le fonds de roulement. Les conséquences sont déjà visibles : baisse de 50 % des capacités d’investissement et réduction de 10 % des dépenses de fonctionnement l’an dernier. Sur l’ensemble du budget, l’université dégage 57 millions d’euros de ressources propres, soit 20 % de l’enveloppe globale, et entend poursuivre ses efforts, notamment en développant la formation professionnelle continue, en particulier dans le domaine de la santé.

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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