Au collège et au lycée, les relations entre les chefs d’établissement et les parents se dégradent

Les relations entre les chefs d’établissement et les parents d’élèves connaissent une dégradation marquée ces dernières années. Selon une enquête menée par le syndicat SNPDEN-UNSA, cette détérioration s'est intensifiée entre 2013 et 2023, mettant en lumière une montée des tensions et des conflits dans les établissements scolaires.

Une dégradation progressive des relations

En 2023, plus de la moitié des personnels de direction (58 %) estiment que leurs relations avec les parents se sont détériorées. Ce chiffre est bien plus élevé que celui de 2013, où seulement 21 % des chefs d’établissement observaient une telle dégradation. Aujourd’hui, un chef d’établissement sur quatre considère que les parents ne respectent plus leur autorité. Ces constats proviennent d’une enquête réalisée par Georges Fotinos, ancien chargé d’inspection au ministère de l’Éducation nationale, qui a interrogé plus de 1 200 chefs d’établissement à dix ans d’intervalle.

Le rapport souligne que près de 27 % des chefs d’établissement jugent désormais leurs relations avec les parents comme médiocres ou moyennes, contre 13 % en 2013. En revanche, ceux qui estiment que ces relations sont bonnes ou excellentes représentent désormais 37 % des répondants, une chute par rapport aux 59 % observés il y a dix ans.

Une évolution sociale en arrière-plan

Pour Georges Fotinos, cette dégradation reflète une évolution sociale plus large qui segmente la société française et valorise de plus en plus les valeurs individuelles au détriment des valeurs collectives. Ce phénomène est en partie responsable de l’érosion des liens entre les écoles et les familles, un phénomène qui se traduit par des tensions croissantes.

Des tensions qui débouchent sur des conflits récurrents

Les tensions ne sont pas qu’un ressenti passager : elles se manifestent concrètement dans la vie quotidienne des établissements scolaires. En 2023, près de 90 % des personnels de direction ont dû gérer des différends avec des parents. Parmi eux, 13 % indiquent que ces conflits surviennent presque chaque semaine. Parallèlement, le climat scolaire au sein des collèges et lycées a également été affecté, contribuant à une ambiance tendue au sein des établissements.

Une forte hausse des agressions verbales et physiques

Une des conséquences les plus inquiétantes de cette dégradation des relations est l’augmentation des agressions verbales et physiques envers les personnels de direction. En 2023, plus de la moitié (54 %) des chefs d’établissement ont reçu des menaces de la part de parents, contre 36 % en 2013. De plus, près de 3,5 % d’entre eux ont été victimes de violences physiques. Les principaux de collèges hors éducation prioritaire sont ceux qui constatent la plus forte détérioration des relations avec les parents, tandis que ceux en éducation prioritaire rapportent un plus grand nombre de menaces.

Les enseignants également affectés par cette défiance

Cette défiance croissante ne touche pas seulement les chefs d’établissement, mais aussi les enseignants, et particulièrement les enseignantes, qui forment la majorité du corps enseignant. Selon les chefs d’établissement interrogés, un sur cinq estime que les femmes professeures sont moins respectées que leurs homologues masculins, une tendance qui s’est aggravée par rapport à 2013, où seuls 9 % des répondants avaient observé ce phénomène.

En somme, l’enquête révèle une situation préoccupante dans les collèges et lycées français, marquée par une dégradation des relations avec les parents, une montée des conflits et une hausse des agressions. Cette évolution reflète des changements sociaux profonds et soulève des questions cruciales sur l’avenir du dialogue entre l’école et les familles.

SOURCE : LE MONDE