Carrières dans l’Éducation nationale : le ministère présente son bilan 2024, cible de critiques de syndicats

Un bilan 2024 présenté aux organisations syndicales
Le menesr a présenté le bilan 2024 des actions menées en matière de carrières pour les personnels de l’Éducation nationale aux organisations syndicales, le 23 septembre 2025. Le nombre de demandes d’accompagnement professionnel est en forte augmentation, avec 46 000 sollicitations sur l’année. La durée moyenne de formation continue est en baisse chez les enseignants, à l’inverse des personnels pédagogiques et techniques. Si le snes-fsu déplore le "cumul des fonctions" pour assurer une grh de proximité de qualité, la cfdt-efrp voit en ce bilan un "cache-misère", sauf sur l’égalité femmes/hommes.
Un contexte de réformes inachevées et de nouveaux cadres
Alors qu’au début de l’été, la réforme destinée à améliorer les milieux de carrière des enseignants n’a pu aboutir faute d’arbitrage budgétaire favorable de bercy, le menesr a présenté aux organisations syndicales, le 23 septembre 2025, une partie du bilan des actions menées en matière de carrières pour les personnels de l’Éducation nationale sur la période 2023-2024.
Ce bilan s’inscrit dans un contexte d’évolutions. Un nouveau schéma directeur de la formation continue aux priorités de formation jugées "plus lisibles" a été publié par le menesr fin juin. Celles-ci "traduisent les besoins individuels et collectifs de formation", tout en invitant "à la mise en place de parcours de formation métiers". De même, une circulaire a été publiée quelques jours plus tard afin de revoir l’organisation et le fonctionnement de la grh de proximité en académie.
Grh de proximité : des demandes d’accompagnement en forte hausse
Selon le bilan du menesr, après une forte augmentation entre 2019 et 2020, le réseau de conseillers rh de proximité est désormais stable, passant de 338 conseillers en 2022-2023 à 340 conseillers en 2023-2024.
Ces conseillers sont composés :
- de personnels administratifs (53,3 %) ;
- de personnels enseignants et d’éducation (21,4 %) ;
- de personnels d’encadrement, inspecteurs et chefs d’établissement (13,7 %) ;
- de psychologues du travail ou de l’Éducation nationale et de personnels contractuels (10,9 %).
Si 43 % des conseillers rh de proximité sont à temps plein sur ces fonctions, 45,5 % des conseillers sont en adjonction de service, 7,8 % ont une quotité de service inférieure à 20 %, tandis que 2,9 % ont une quotité entre 50 % et 100 % et 0,8 % une quotité entre 20 % et 50 %.
Côté agents, le nombre de demandes de consultation est en augmentation, avec 46 000 sollicitations en 2023-2024 contre 34 000 à 35 000 pour les années 2021-2022 et 2022-2023.
Les demandes les plus importantes sont liées à l’accompagnement d’un projet professionnel, représentant 33,2 % en 2023-2024, en forte hausse sur un an après 26 % en 2022-2023, tandis que la proportion de demandes d’informations a diminué à 23,6 % en 2023-2024, contre 30 % en 2022-2023.
Qui sollicite la grh de proximité et comment est-elle structurée
Les personnels qui font appel aux conseillers de proximité sont à 86,6 % des personnels enseignants, d’éducation et des psychologues, à 8,9 % des personnels administratifs, techniciens, sociaux et de santé (atss), et à 4,5 % des personnels d’encadrement.
Selon le men, les conseillers rh de proximité "constituent un élément clé de la stratégie ministérielle rh 2026" en contribuant à l’accompagnement personnalisé des agents et à la dimension qualitative de la rh. Le bilan souligne qu’ils "sont clairement identifiés comme appartenant au pôle rh de l’académie et sont placés sous l’autorité de la directrice ou du directeur des ressources humaines".
Au cours de l’année 2024, plusieurs thématiques de travail ont émergé pour améliorer la grh de proximité, comme "l’accompagnement des agents à leur retour en france après une mobilité à l’étranger", "l’utilisation de l’éventail des missions et métiers des personnels enseignants" ou encore "la mise en place du bilan de parcours professionnel en collectif".
Les critiques syndicales sur les moyens et l’organisation
"il faut souligner la faiblesse des moyens", estime le snes-fsu. "tout le monde note la forte demande d’accompagnement de la part des personnels, mais en face le nombre d’etp reste insuffisant", commente la direction du syndicat.
Son homologue à la cfdt-efrp abonde et pointe "164 etp pour instruire 46 000 demandes". En un an, les demandes d’accompagnement professionnel auraient augmenté de 67 % en volume, ce qui constitue selon le syndicat une alerte. Si des personnels qui le demandent ne peuvent sortir du système, les aspirants ne voudront pas y entrer ou y rester, une situation perceptible selon eux dans l’encadrement, avec "une baisse des candidatures chez les chefs d’établissements".
La majeure partie des agents chargés de rh de proximité ayant déjà leurs propres missions, leurs conditions d’exercice seraient difficiles et cela se ressentirait sur le terrain, avec des personnels qui n’arrivent pas toujours à entrer en contact avec eux.
Un risque d’ambiguïté quand la proximité rime avec hiérarchie
Ce cumul des fonctions, ou adjonction de service, est jugé "ennuyeux" lorsqu’un conseiller rh de proximité est aussi le supérieur hiérarchique des personnels accompagnés. La circulaire sur la rh de proximité permet à ces agents de "donner des conseils" tout en faisant partie de la chaîne hiérarchique et en donnant leur avis sur la validation d’un projet d’accompagnement, ce qui crée une "grosse ambiguïté" susceptible de poser des problèmes à terme.
L’administration veille à éviter qu’un professeur des écoles soit reçu par son inspecteur de circonscription, mais ce n’est pas toujours possible. S’il faut changer de conseiller rh, la "proximité" perd alors de son sens.
Formation continue : des volumes en baisse chez les enseignants
Un autre sujet traité est la formation continue. Plus d’un personnel sur deux déclarerait n’avoir reçu aucune formation adaptée depuis trois ans, selon des données syndicales. Le menesr fait valoir, dans son récapitulatif 2023-2024, les actions du programme national de formation, en déclinaison du schéma directeur.
En 2024, 258 actions ont été organisées par la dgesco et réparties en trois catégories, avec 81,4 % d’actions de formation de formateurs contre 78,4 % en 2023, 11,24 % de journées des corps d’inspecteurs contre 10,81 % en 2023, et 7,36 % de rendez-vous du men contre 10,81 % en 2023.
Ces actions ont été organisées à la fois en présentiel à 52,7 % et à distance à 47,3 %. Elles ont accueilli 36 396 stagiaires, dont 92,35 % de formateurs et 4,17 % de personnels d’inspection.
Plus globalement, la durée moyenne de formation continue pour les personnels enseignants des premier et second degrés pendant l’année scolaire 2023-2024 est "sensiblement en baisse" par rapport à 2022-2023. Dans le premier degré, elle passe de 3,6 journées à 3,42, et dans le second degré de 2,83 à 2,7 journées. Cette durée est en augmentation pour les autres personnels pédagogiques et techniques, à 2,98 journées contre 2,72 en 2022-2023.
Des taux de présence en hausse et des formations certifiantes en progression
Quels que soient les personnels formés, il est constaté en 2023-2024 une augmentation nette du taux de présence aux actions de formation. Ce taux s’élève à 91 % dans le premier degré contre 88 % en 2022-2023, à 88 % dans le second degré contre 86 %, et à 88 % pour les personnels techniques et pédagogiques jeunesse et sports contre 86 %.
Le menesr souligne aussi que le nombre de journées stagiaires consacrées aux actions de formation certifiantes ou diplômantes en 2023-2024 est en hausse sensible, avec 57 715 contre 54 359 en 2022-2023.
Au regard de ces résultats, le men indique qu’une réflexion a été engagée à partir du dernier trimestre 2024 pour mieux articuler les dispositifs individuels de formation et tendre vers une harmonisation des pratiques académiques. Les travaux doivent s’achever au cours de l’année scolaire 2025-2026.
Pour certains syndicats, un bilan incomplet et des indicateurs à clarifier
Des représentants syndicaux déplorent que le document, limité à 2023-2024, "n’indique pas l’impact de la formation continue hors présence élève" et qu’il existe un manque de visibilité sur des chiffres fluctuants. Ils appellent à s’entendre sur des indicateurs communs pour un pilotage réel de la formation rh.
Ils interrogent aussi la pertinence d’insister sur la formation continue si le lien avec les opérations de carrière reste ténu et rappellent des comparaisons inter-fonctions publiques qui mettraient en lumière "l’extrême faiblesse de l’offre de formation continue dans l’Éducation nationale". Des chiffres relatifs à la vae, aux congés pour bilan de compétences ou aux congés de formation professionnelle sont jugés trop faibles ou peu lisibles faute de connaître le nombre de demandes.
Au final, certains y voient "un cache-misère" qui "noie le poisson", soulignant que le nombre moyen de jours de formation continue par agent baisserait lorsque l’Éducation nationale est intégrée aux données de la fonction publique.
L’égalité femmes/hommes avance dans les parcours et promotions
Un point positif est mis en avant sur l’égalité femmes/hommes. Dans de grands établissements, davantage de femmes sont nommées et la dynamique se retrouve dans les promotions et promouvables dans tous les corps.
Pour la classe exceptionnelle des agrégés, la dgrh indique que "la part des femmes parmi les promus (52,8 %) est supérieure à leur représentativité parmi les promouvables (50,8 %) et très proche de leur poids parmi les agents proposés par les recteurs (52,9 %) ainsi que de leur représentativité dans les effectifs du corps (53 %)".
Ainsi, pour les campagnes d’avancement 2024, les principes fixés dans les ldg concernant la part respective des femmes et des hommes dans le vivier des agents promouvables et celle parmi les agents inscrits pour être promus ont été respectés selon le men.
Cette volonté politique est jugée réelle depuis la mise en place du protocole ppcr, mais des responsables syndicaux appellent à traiter les inégalités accumulées, en pensant à des modalités de réparation ou d’indemnisation des retards constatés.

SOURCE : AEF INFO

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