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ÉDUCATION
3
October 2024

« C’était une seconde chance à saisir » : intégrer des grandes écoles avec un bac pro, c’est possible

En passant par une prépa TSI ou ECP, les anciens lycéens professionnels peuvent tenter, et réussir, les concours d’écoles d’ingénieur ou de commerce.

Lorsque les bacheliers professionnels interrogés évoquent leurs premières années d’études supérieures, ils sont unanimes : aucun ne se voyait entrer dans une grande école, ni même suivre de longues études. « Devenir ingénieur me paraissait impossible quand j’ai intégré une seconde pro en modélisation et prototype 3D, après avoir échoué au brevet. C’était une seconde chance à saisir », raconte Antonin Coloigner, aujourd’hui ingénieur chez Airbus et diplômé de Sigma Clermont.

Bien que ses années de collège, notamment la 3e, où il a été déscolarisé un moment, lui laissent un souvenir douloureux, Antonin a renoué avec l’apprentissage au lycée. « J’étais plus mature, je comprenais mieux l’intérêt de ce qu’on apprenait, surtout en sciences. Alors qu’au collège, je détestais les maths. Mais les cours de modélisation m’ennuyaient. » Clément Chevau partage ce désintérêt pour les cours pratiques lors de ses stages en chaudronnerie. Lui qui détestait l’ambiance des ateliers craignait de « finir sa vie » dans ce milieu. « C’est à ce moment-là que j’ai pensé à faire des études longues, mais de là à imaginer une école d’ingénieur… » plaisante l’étudiant, aujourd’hui en dernière année à Polytech Dijon.

Dans son lycée, Clément découvre la CPGE TSI (Classe préparatoire aux grandes écoles, technologie et sciences industrielles) lors d’une intervention. « Une prépa scientifique en trois ans, à mon rythme, pour tenter les concours d’écoles d’ingénieur, ça m’a tout de suite intrigué. » De son côté, Shana Maïké, alors en bac pro Vente, est conseillée par une enseignante. « J’avais de très bonnes notes, sourit-elle, qui passe cette année les concours des écoles de commerce. Au collège, j’étais la dernière de ma classe. Au lycée, j’ai été première tout du long. Pourquoi ? Parce que la voie professionnelle mêle théorie et pratique, et ça me plaisait beaucoup. » Sur Parcoursup, elle candidate en CPGE ECP (Économique et Commerciale voie Professionnelle), une prépa de trois ans pour intégrer les grandes écoles de commerce. La Toulonnaise est finalement admise au lycée Jean Perrin, à Marseille.

Des classes prépas accessibles aux bacheliers professionnels

Ces classes préparatoires, particulières, recrutent via Parcoursup. À la CPGE TSI du lycée Monge, à Chambéry, « les enseignants regardent les notes en sciences, mais aussi en anglais et en lettres, sans oublier l’assiduité et le comportement », explique François Vichet, proviseur de l’établissement. Même procédure au lycée René Cassin pour la CPGE ECP, confirme Katia Pierrot. « On recherche des élèves capables d’apprendre à apprendre », précise l’enseignante en management.

Clément Chevau se souvient avec humour de sa procédure Parcoursup : « J’ai été accepté directement en prépa, mais refusé en BTS. Mes notes étaient bien meilleures en enseignements généraux qu’en enseignements professionnels, pourtant plus coefficientés pour le bac. » François Vichet insiste sur l’importance de ne pas tenir compte des matières professionnelles : « Nous accueillons tous types de bac pro, et il serait impossible de départager les élèves de filières aussi diverses. »

Une fois en prépa, la peur s’installe. « J’étais un peu anxieux de quitter la maison pour aller en internat, dans un cursus aussi exigeant, se souvient Clément. Mes parents étaient encore plus inquiets, craignant un échec, car viser les grandes écoles en venant de la voie pro est difficile. » Pour Shana Maïké, le terme est lâché : « Un sentiment d’illégitimité. » Les enseignants sont conscients de cette appréhension et s’efforcent de rassurer les élèves, comme le reconnaît Katia Pierrot : « Dès le premier jour, on leur répète qu’ils méritent leur place ici et qu’on les accompagnera. Ils ont une revanche à prendre, ils sortent d’une voie toute tracée. »

Ces prépas durent trois ans, avec un programme progressif. « On reprend même les bases, comme les fractions, et ça fait du bien », confie Clément. Au lycée Monge, les bacheliers professionnels ne sont pas mélangés aux bacheliers technologiques, qui, eux, suivent la prépa sur deux ans. « Mais le programme est le même, souligne François Vichet. Ils passent les mêmes concours, avec des résultats quasi identiques. »

Des études supérieures comme ascenseur social

Après une CPGE TSI, Antonin est devenu ingénieur. Avant cela, il a débuté dans un cursus unique en France : la classe préparatoire aux études supérieures (CPES) du lycée Antonin Artaud, à Marseille. « Ma mère a découvert cette formation par hasard à la radio, raconte-t-il. Je suis allé aux journées portes ouvertes et quelques mois plus tard, je faisais partie des élèves. »

Ce qu’il retient surtout, c’est le rythme intense : 40 heures de cours par semaine en sciences, langues et culture générale. « Les journées commençaient à 8h pour finir à 16h, suivies de deux heures d’études obligatoires. J’ai plus travaillé cette année-là que durant mes deux ans de prépa. » Antonin a poursuivi en CPGE, mais ses camarades ont suivi d’autres voies : BTS, DUT ou licence de chimie. « Tous ont réussi. On nous parlait même d’un ancien élève qui avait intégré médecine ! »

Pour Katia Pierrot, ces cursus représentent de véritables « ascenseurs sociaux ». Les bacheliers professionnels ont souvent un parcours marqué par des difficultés, et ces formations leur offrent une deuxième chance. L’accès à la culture, souvent limité dans les milieux populaires, est également au cœur de l’accompagnement : « Nous organisons des sorties culturelles pour nos élèves », précise l’enseignante.

Sciences Po ouvre ses portes aux bacheliers pro

Antonin, Clément et Shana en sont convaincus : ils doivent beaucoup à ces parcours spécifiques. « Tous les bacheliers pro ne veulent pas faire de longues études, mais il est essentiel de proposer cette passerelle à ceux qui le souhaitent », souligne Clément. Pourtant, ces dispositifs restent rares : « Il n’y a que trois prépas TSI et quatre prépas ECP, la plus ancienne date seulement de 2008 », regrette François Vichet.

Cependant, les choses évoluent : cette rentrée 2024 marque l’ouverture de la première CPGE TSI au lycée Chaptal à Paris. Et Sciences Po Paris s’ouvre aussi progressivement aux bacheliers pro. En août 2023, l’école prestigieuse a annoncé leur possibilité de candidater pour entrer en première année. Un partenariat avec l’association Une voie pour tous accompagne ces élèves tout au long de leur lycée pour les préparer à cette sélection.

Ce type de dispositif, encore rare, est essentiel pour offrir une véritable égalité des chances aux bacheliers professionnels. Comme le rappelle Dylan Ayissi, fondateur de l’association et lui-même ancien bachelier pro, « la voie professionnelle peut mener à des études prestigieuses, mais cela demande des efforts politiques et financiers pour maintenir ces parcours ouverts ».

SOURCE : LE PARISIEN

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