Contester les décisions de Parcoursup ou Mon Master peut être long

Interview : Les plateformes d’accès à l’enseignement supérieur sont incontournables dans l’orientation des étudiants. Annabelle Allouch et Delphine Espagno-Abadie, autrices de « Contester Parcoursup », ont exploré les recours.
Parcoursup et Mon Master rythment l'année scolaire des familles, suscitant parfois angoisses et déceptions. Annabelle Allouch, sociologue de l'éducation, et Delphine Espagno-Abadie, maîtresse de conférences en droit, ont étudié les plaintes contre ces plateformes dans leur ouvrage "Contester Parcoursup". Leur enquête, réalisée pour le Défenseur des droits et l'INJEP, révèle la judiciarisation croissante des relations entre étudiants, familles et l'enseignement supérieur.
Un phénomène de contestation courant ?
Delphine Espagno-Abadie explique que si ces plaintes concernent peu d’étudiants, elles restent significatives. La majorité des contestations liées à Parcoursup ont été nombreuses après l'adoption de la loi ORE en 2018, mais elles diminuent grâce aux évolutions de la plateforme et au travail du comité d'éthique. Mon Master, en revanche, est encore jeune, donc les plaintes sont stables ou en augmentation.
Qui conteste les décisions ?
Les recours sont principalement portés par des familles de classes moyennes et supérieures, possédant un "capital procédural" pour mobiliser les mécanismes du droit. Toutefois, certaines familles de milieux populaires tentent aussi des recours, bien qu’elles abandonnent plus souvent en raison des coûts de procédure.
Un processus long et complexe
Contester une décision de Parcoursup ou Mon Master est un processus en plusieurs étapes : recours gracieux auprès de l'université, recours hiérarchique auprès du rectorat, puis recours judiciaire. Ce processus peut être long et complexe, et les familles investissent beaucoup pour garantir l'orientation souhaitée de leurs enfants.
Le sentiment d’injustice et la méritocratie
Les recours proviennent souvent de familles ayant investi dans la meilleure formation pour leurs enfants, ressentant une injustice lorsque leurs efforts ne sont pas récompensés. Cela peut créer une crise de parentalité, surtout pour les mères, qui investissent beaucoup dans l'orientation de leurs enfants.
Une judiciarisation des rapports
Les plateformes comme Parcoursup modifient les relations entre étudiants et institutions. La loi ORE prévoit un dispositif de contestation pour être conforme au droit, ce qui engendre une relation plus subjective et individuelle des étudiants avec les institutions. Les universités doivent donc anticiper ces recours, ce qui demande un travail supplémentaire pour leurs services juridiques et les jurys.
Peu de chances de succès pour les plaintes
Dans la plupart des cas, les universités sortent gagnantes des recours. Toutefois, les étudiants peuvent parfois obtenir gain de cause. Après les recours, les étudiants tournent souvent plus facilement la page que leurs parents, montrant que Parcoursup reste un enjeu familial.

SOURCE : LE POINT

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