Les écoles de commerce, entre frais de scolarité élevés et ouverture sociale : le défi de l’accessibilité

En dix ans, les frais de scolarité des écoles de commerce françaises ont considérablement augmenté, atteignant parfois jusqu’à 50 000 euros pour l’ensemble du cursus. Cette hausse des coûts crée un obstacle pour de nombreux étudiants aux revenus modestes, qui hésitent à se lancer dans de telles formations. Face à ce défi, plusieurs écoles mettent en place des bourses, des aides financières et des programmes d’accompagnement pour élargir l’accès à leurs cursus, mais ces mesures suffisent-elles à réellement diversifier le profil des étudiants ?

Un parcours atypique vers l’excellence

L'histoire de Justin Martin illustre bien les défis auxquels sont confrontés les étudiants de milieux modestes. Issu d’un village des Cévennes avec un père maçon et une mère secrétaire de mairie, il a suivi un parcours scolaire remarquable. Encouragé par ses enseignants à tenter la classe préparatoire, il a intégré le lycée Joffre de Montpellier. C’est là qu’il a découvert un programme de tutorat mis en place par HEC Paris pour aider les élèves boursiers de prépa à se préparer aux concours. « Une étudiante d’HEC m’a accompagné, m’aidant dans mes cours, mes révisions, et m’a initié au monde des écoles de commerce, » raconte-t-il.

Ce dispositif de tutorat est réservé aux étudiants boursiers, sélectionnés sur dossier, et constitue un des nombreux exemples d’initiatives prises par certaines écoles pour soutenir les candidats les moins favorisés.

Des frais de scolarité en hausse et une quête de diversité

Les frais de scolarité des grandes écoles de commerce, souvent situés entre 10 000 et 15 000 euros par an, peuvent atteindre un total de 50 000 euros sur l’ensemble du cursus, une somme colossale pour de nombreux foyers. Cette flambée des coûts s’explique par la volonté des écoles de se hisser dans les classements internationaux, de recruter des enseignants-chercheurs de renommée et d’investir dans des infrastructures modernes. Cependant, ces efforts pour accroître la notoriété internationale et la qualité des formations se heurtent à des réalités sociales : les étudiants issus de milieux modestes hésitent à s’engager dans des études aussi coûteuses.

Face à ce constat, les écoles de commerce tentent de démocratiser l’accès à leurs formations par divers moyens :

1. Bourses et aides financières : De nombreuses écoles proposent des bourses basées sur les revenus ou le mérite. Certains établissements offrent des réductions substantielles pour les étudiants boursiers, tandis que d’autres couvrent l’intégralité des frais pour les cas les plus modestes.
2. Apprentissage : En intégrant l’apprentissage à leurs programmes, les écoles permettent aux étudiants de financer leurs études par le biais d’une alternance entreprise-école. Dans ce système, les frais de scolarité sont souvent pris en charge par l’employeur, et l’étudiant perçoit un salaire, ce qui réduit considérablement le coût total de sa formation.
3. Programmes d’accompagnement et de tutorat : Certains établissements, à l’instar d’HEC Paris, mettent en place des programmes de mentorat et de tutorat spécifiques pour les étudiants de prépa boursiers. Ces initiatives visent à accompagner les étudiants dans leurs révisions et à les préparer aux exigences des concours.

Mais ces initiatives suffisent-elles ?

Malgré ces dispositifs, l’accessibilité aux grandes écoles de commerce reste un défi. Les aides financières ne couvrent souvent qu’une partie des frais, et le recours à l’apprentissage, bien que bénéfique, n’est pas toujours accessible à tous les étudiants, notamment ceux qui ne parviennent pas à décrocher un contrat en entreprise.

Pour les étudiants comme Justin Martin, l’accès aux grandes écoles de commerce reste un parcours semé d’obstacles. « Sans le programme de tutorat et les aides d’HEC, je ne me serais probablement jamais lancé dans ce projet », admet-il. « Mais tous les étudiants boursiers n’ont pas cette chance. »

Un enjeu de diversité pour les grandes écoles

La diversité au sein des écoles de commerce ne se limite pas à une question de moyens financiers. Les établissements cherchent à attirer des étudiants venus de milieux variés pour enrichir les perspectives au sein des promotions et répondre aux exigences des entreprises, de plus en plus attentives à la diversité des profils. En intégrant des étudiants issus de classes sociales différentes, les écoles renforcent leur pertinence et leur attractivité aux yeux des recruteurs, qui valorisent une diversité de parcours et d’expériences.

Vers de nouvelles initiatives pour un accès plus équitable ?

Afin de rendre leurs formations plus accessibles, certaines écoles de commerce envisagent de nouvelles initiatives. Par exemple, certaines écoles développent des partenariats avec des lycées dans des quartiers prioritaires pour sensibiliser les lycéens aux carrières et aux formations de haut niveau, souvent perçues comme inaccessibles. D’autres proposent des prêts étudiants à taux préférentiel ou remboursables en fonction des revenus, afin de faciliter le financement des études.

Enfin, le développement de programmes en ligne et de cours à distance pourrait ouvrir de nouvelles perspectives en permettant aux étudiants de suivre des cursus d’excellence sans se déplacer, et à des tarifs potentiellement réduits.

Conclusion : des efforts louables, mais des défis persistants

Les écoles de commerce ont fait des progrès pour diversifier leur recrutement et attirer des étudiants issus de milieux modestes, mais le coût des études demeure un frein important. Les dispositifs de bourses, d’apprentissage et de tutorat représentent des avancées, mais pour de nombreux étudiants, accéder à ces établissements prestigieux reste complexe.

Pour que les écoles de commerce soient réellement ouvertes au plus grand nombre, elles devront poursuivre et intensifier leurs efforts. Le défi pour ces institutions est de concilier excellence académique et diversité, tout en continuant à attirer des talents issus de tous horizons.

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SOURCE : LES ECHOS