Enquête CGE : 89 % des écoles de management ont une gouvernance IA, contre 55 % pour les écoles d’ingénieurs

Près de trois ans après le lancement de ChatGPT, les écoles de management semblent en avance dans la mise en place d’une gouvernance IA, puisque 89 % d’entre elles en disposent, contre 55 % pour les écoles d’ingénieurs. C’est ce que révèle une enquête de la commission numérique de la CGE, diffusée lors d’une journée consacrée aux usages de l’intelligence artificielle dans les grandes écoles, le 6 novembre 2025. Par ailleurs, l’outil le plus utilisé par les enseignants et les étudiants reste ChatGPT. La solution française Mistral AI n’est employée que par 10 % des enseignants et 9 % des étudiants.

Au total, 52 % des enseignants et 75 % des étudiants déclarent utiliser régulièrement l’IA.

Selon Amandine Duffoux, directrice du campus des Arts et Métiers à Angers, "enseignants et étudiants attendent davantage d’investissements dans l’IA" de la part de leurs établissements. Durant l’été 2025, la CGE a interrogé plus de 5 000 répondants pour dresser un état des lieux de l’usage de l’IA dans les écoles. Résultat : 88 % des enseignants et 82 % des étudiants souhaitent que leur école développe des formations et ressources autour de l’intelligence artificielle.

Méthodologie

Parmi les 5 074 réponses collectées, 3 924 proviennent d’étudiants, 1 018 d’enseignants et 127 de directions générales. 57 % des répondants viennent d’écoles d’ingénieurs, 34 % d’écoles de management et 8 % d’écoles de spécialités. Concernant le statut des établissements : 59 % sont publics, 25 % Eespig, 14 % EESC et 2 % privés.

L’étude montre que les étudiants utilisent plus souvent l’IA que les enseignants. 75 % des étudiants interrogés déclarent s’en servir régulièrement, contre 52 % pour les enseignants. En revanche, 48 % des enseignants l’utilisent peu ou pas. Du côté des directions générales, 62 % utilisent fréquemment l’IA. Les écarts apparaissent également selon la spécialité : 88 % des étudiants en management utilisent l’IA quotidiennement ou plusieurs fois par semaine, contre 71 % pour les ingénieurs et 39 % pour les écoles de spécialité.

ChatGPT, champion des usages

ChatGPT domine les usages, tant chez les enseignants que chez les étudiants. DeepL arrive en deuxième position. Le chatbot Mistral AI est, lui, utilisé par seulement 10 % des enseignants et 9 % des étudiants. Globalement, la majorité des utilisateurs se contente des versions gratuites.

Les principales utilisations concernent la recherche d’informations (68 % des directions générales, 57 % des enseignants et 74 % des étudiants) et la traduction (62 %, 64 % et 54 % respectivement). Les étudiants plébiscitent également la correction et la relecture de textes.

Concernant les freins à l’usage de l’IA, 43 % des enseignants doutent de la fiabilité des résultats, 35 % évoquent des questions éthiques, 33 % manquent de temps et 30 % de compétences. Du côté des étudiants, 65 % pointent la fiabilité, 42 % redoutent des sanctions pour plagiat, et 35 % jugent le coût des versions premium trop élevé.

Des étudiants en management plus confiants

Seuls 3 % des enseignants se déclarent experts en IA. Leur niveau moyen est évalué à 5,3 sur 10, contre 5,1 pour les directions générales. Les étudiants, eux, s’attribuent 6,1 sur 10, signe d’une certaine surconfiance selon Amandine Duffoux. Les étudiants en management se distinguent à nouveau, avec une moyenne de 6,7, contre 6 pour les ingénieurs et 5 pour les écoles de spécialité.

Les étudiants font également davantage confiance aux contenus générés par l’IA : 5,4 sur 10 en moyenne, contre 4,6 pour les enseignants. Chez les étudiants en management, cette confiance monte à 5,9, tandis qu’elle descend à 5,2 pour les ingénieurs et 4,7 pour les écoles de spécialité. Toutefois, "plus on avance dans le cursus, plus la confiance diminue", souligne Loïc Plé, directeur de la pédagogie à l’Iéseg. Enseignants et étudiants déclarent par ailleurs être sensibilisés aux enjeux éthiques de l’intelligence artificielle.

Seulement 56 % des établissements ont une stratégie IA

Si 84 % des établissements possèdent une direction du numérique, seuls 56 % ont mis en place une gouvernance dédiée à l’IA. Ces structures prennent souvent la forme de comités stratégiques ou de groupes de travail. Seuls 23 % disposent d’une stratégie IA formalisée, mais 93 % de ces établissements la jugent essentielle.

Les écoles de management, encore une fois, se distinguent : 89 % ont une gouvernance IA, contre 55 % pour les écoles d’ingénieurs et 42 % pour les autres spécialités. Elles sont aussi 74 % à avoir une stratégie IA, contre seulement 17 % et 10 % respectivement.

L’absence de charte chez les ingénieurs et les écoles de spécialité

Les écoles de management ont également une longueur d’avance sur les chartes d’usage de l’IA : 84 % des étudiants managers et 79 % des enseignants déclarent que leur établissement en possède une. À l’inverse, seuls 34 % des étudiants ingénieurs et 17 % des enseignants d’écoles d’ingénieurs sont concernés, proportions encore plus faibles dans les écoles de spécialité.

L’étude note aussi que 40 % des enseignants considèrent que leur établissement a défini des règles claires, contre 56 % des étudiants. Seuls 20 % des enseignants ont reçu une formation à l’IA générative, contre 36 % des étudiants. Pourtant, 55 % des directions générales affirment proposer ces formations aux enseignants et 51 % aux étudiants. Globalement, "les étudiants ont le sentiment d’être mieux accompagnés que les enseignants", conclut l’enquête.

Les ingénieurs pas totalement convaincus par l’intégration de l’IA au cursus

En moyenne, 36 % des directions générales affirment avoir adapté leurs programmes pour tenir compte de l’IA. Ce chiffre atteint 89 % dans les écoles de management, contre 44 % pour les écoles d’ingénieurs et 52 % pour les écoles de spécialité. De même, 95 % des écoles de commerce ont intégré de nouveaux cours d’IA, contre 70 % des écoles d’ingénieurs. Côté création de programmes, 74 % des écoles de management en ont lancé, contre 38 % des ingénieurs et 23 % des écoles de spécialité, principalement au niveau master.

Concernant la pédagogie, 29 % des enseignants n’ont donné aucune consigne sur l’usage de l’IA. Parmi les autres, 88,7 % l’autorisent et 42 % l’intègrent dans leurs cours. 56 % ont adapté leurs évaluations, souvent pour limiter la fraude. Les enseignants de management autorisent davantage l’usage de l’IA et 80 % estiment qu’elle doit être intégrée à tous les cursus. Chez les étudiants, ils sont 74 % à le penser, bien que les ingénieurs restent plus sceptiques (23 % seulement).

Enfin, 59 % des étudiants en management et 52 % des ingénieurs pensent que l’IA aura un impact positif sur leur carrière, tandis que 37 % des étudiants d’écoles de spécialité redoutent ses effets négatifs.

SOURCE : AEFINFO