Enseigner et apprendre aux temps de l’IA", une réflexion de Colin de la Higuera (chaire Unesco) devant l’Adiut

Face à l'impact croissant de l'Intelligence Artificielle (IA) sur l'éducation, Colin de la Higuera, titulaire de la chaire Unesco sur les ressources éducatives libres et l'IA, a abordé plusieurs questions clés lors de son intervention le 5 mai 2025 à Nantes, lors des Journées pédagogie & professionnalisation de l’Adiut. Il a mis en lumière les enjeux liés à la formation des enseignants et la place de l'IA dans l'éducation.
L’IA : une problématique existentielle pour les étudiants
Colin de la Higuera a souligné que l'IA est une "problématique existentielle" pour les étudiants. Selon lui, les étudiants vivent dans un monde où l’IA est omniprésente, mais se montrent parfois lassés de l’omniprésence de ChatGPT, que ce soit dans leurs devoirs ou même dans leurs cours. "Ils commencent à en avoir assez des cours écrits par ChatGPT", explique-t-il. L’IA, bien qu’une avancée technologique, soulève des questions profondes sur la manière dont les enseignants et les étudiants interagissent avec ces nouvelles technologies.
Une accélération technologique complexe pour l'éducation
Il remarque que l’IA connaît une progression rapide, ce qui complique la recherche en éducation. "Comment voir les effets à long terme de l’IA alors qu’on est à peine dans les trois ans suivant la sortie de ChatGPT ?", interroge-t-il. Le professeur indique que des recherches sont en cours, mais qu'il faut être prudent face à la tentation de tirer des conclusions trop rapides, comme le montre l'exemple des étudiants utilisant ChatGPT, qui peuvent en réalité déjà être les meilleurs.
L’IA en tant que "coach" et personnalisation de l’apprentissage
Selon Colin de la Higuera, l'IA permet de faire "du sur-mesure de masse", en individualisant l’apprentissage et en aidant les enseignants à mieux adapter leurs méthodes. Il cite également les arguments de Praxis AI, une solution d’IA qui promet d’augmenter l'engagement des étudiants et de transformer le rôle des enseignants en "coach motivant".
L'IA et la recherche : un défi complexe
Colin de la Higuera a également abordé la question de la recherche sur l’IA en éducation. "La recherche est devenue compliquée", affirme-t-il. Le défi réside dans l’accélération des progrès technologiques, rendant difficile l’analyse des effets de l’IA à moyen ou long terme. Il souligne qu’il est encore trop tôt pour mesurer les répercussions de l’IA sur l’éducation, surtout quand des outils comme ChatGPT sont relativement nouveaux.
L'IA : un facteur de triche ou un outil pour améliorer l’éducation ?
L'usage de l'IA pour tricher soulève un débat important. Colin de la Higuera relève que certains enseignants attendent avec impatience l’arrivée de détecteurs d’IA, mais il précise que ces outils ne sont pas infaillibles. Il met également en garde contre les risques de confusion entre corrélations et implications dans les recherches actuelles.
La motivation des étudiants à l’ère de l’IA
Un autre point soulevé par Colin de la Higuera est la motivation des étudiants dans un contexte où l’IA pourrait rendre certaines compétences obsolètes. Il prend l'exemple des langues étrangères, qui se retrouvent mises à mal par des outils comme Google Translate et DeepL. Il plaide pour une "éducation durable", qui permette aux étudiants de conserver des compétences qu'ils pourront utiliser tout au long de leur vie.
L’IA dans l'enseignement supérieur : vers une solution éthique ?
La question de l'éthique de l'IA en éducation est également abordée. Colin de la Higuera évoque l’importance de former les enseignants aux enjeux de l’IA. Il rappelle que l’Unesco a établi un référentiel de compétences pour les enseignants, incluant des aspects comme l’éthique, les fondements et applications de l’IA, et la pédagogie de l’IA. Il insiste sur la nécessité d'intégrer l’IA de manière vertueuse, afin de ne pas uniquement l'utiliser comme un outil technologique, mais comme un vecteur de pédagogie.
Quelle politique face à la triche ?
Colin de la Higuera évoque les différentes réactions des acteurs de l’enseignement supérieur face à l'utilisation de l'IA pour tricher. Certaines institutions choisissent de maintenir les mêmes exigences tout en interdisant l’usage de l’IA, tandis que d’autres demandent aux étudiants de l'utiliser de manière transparente. Dans tous les cas, il souligne que les étudiants doivent apprendre à poser des questions et à utiliser l’IA de manière réfléchie.

SOURCE : AEFINFO

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