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ÉDUCATION
12
November 2024

Études de santé (2/5) : La réforme du premier cycle a-t-elle davantage fait réussir les étudiants ?

La réforme des études de santé a-t-elle contribué à limiter l’échec des étudiants en première année ? Est-il plus facile pour un étudiant de Pass ou de LAS d’intégrer une filière de santé ? Quel est l'impact de cette dualité des voies d'accès sur la réussite en deuxième année ? Autant de questions auxquelles AEF info a posé des réponses à des doyens de santé et vice-présidents formations de plusieurs universités, dans le cadre de son bilan de cette réforme, quatre ans après son application.

L’un des objectifs de la réforme du premier cycle des études de santé était de réduire l’échec observé en Paces et de permettre une "orientation progressive" des étudiants, en évitant qu’ils ne perdent une année en cas d’échec. Le redoublement n’étant plus autorisé en Pass, les étudiants ayant validé leur première année peuvent tenter une seconde chance en intégrant une LAS 2.

Moins de "gâchis humain" qu’avec la Paces

Globalement, le taux de réussite en première année a augmenté dans les universités, en partie grâce à l’augmentation du nombre de places en filières de santé. Le numerus clausus ayant été remplacé par le numerus apertus, c’est-à-dire par les capacités d’accueil des universités, le taux de réussite pour intégrer une filière santé a doublé à Lyon-Est et Lille, atteignant environ 30 %.

Si Dominique Lacroix, doyen de la faculté UFR3S (santé/sport) de l’université de Lille, reconnaît que la réforme a "réduit indiscutablement le gâchis humain", il souligne qu’elle n’a "pas annulé complètement" ce phénomène, puisque 42 % des étudiants lillois échouent après un an, contre 52 % en Paces. Ces étudiants, qui n’ont pas validé leur année, ne peuvent pas profiter de la deuxième chance.

"Nous restons dans l’ignorance concernant le devenir de ces étudiants et de ceux qui échouent à leur deuxième chance", affirme Gilles Rode, doyen de médecine à Lyon-Est. "Que sont-ils devenus ? Ont-ils abandonné leurs études ou intégré une autre licence ? Je n’en ai aucune idée."

À l'université de Strasbourg, qui ne propose que des licences (pas de Pass), le taux de poursuite d’études est de 60 %. Le taux d’échec a ainsi été réduit à 40 %, contre 48 % auparavant. Jean Sibilia, doyen à Strasbourg, se félicite du succès en deuxième année de médecine, avec moins de 10 % de redoublants.

Le cas particulier de Grenoble avec un taux d’échec encore "trop élevé"

La situation est moins favorable à Grenoble, où seulement 32 % des 1 124 étudiants de Pass obtiennent la moyenne et valident leur année. Olivier Palombi, doyen de la faculté de médecine de l’université Grenoble Alpes, déplore "un taux d’échec bien trop élevé", expliquant que la réussite à Grenoble est inférieure à la moyenne nationale (33 %), en raison du nombre élevé de places en Pass et de l'absence de sélection préalable.

"Nous avons dû augmenter le nombre de places offertes aux néo-bacheliers en Pass, mais la réforme a ouvert plus de places en Pass qu’en LAS", précise Olivier Palombi. "Cela a déséquilibré le système et nous devons réduire le nombre de places en Pass à 900 pour parvenir à un taux de réussite plus conforme aux moyennes nationales."

Quelles différences de réussite entre les étudiants de Pass et LAS ?

Les étudiants venant de Pass ou de LAS ont-ils plus de chances d'intégrer une filière de santé ? C’est une question fréquente des familles, mais il n’existe pas de réponse simple. Françoise Peyrard, vice-présidente Formation de l’université Clermont-Auvergne, souligne que le Pass est souvent plus attractif pour les néo-bacheliers, car il est plus lisible. Cela conduit à un biais dans les résultats, puisque les étudiants en Pass ont généralement un meilleur niveau scolaire.

Cependant, Françoise Peyrard note que des étudiants venant de LAS réussissent tout aussi bien, que ce soit pour le concours ou après, et que la réussite est similaire entre Pass et LAS (61 % en Pass et 60 % en LAS 1). Cette observation est partagée par Dominique Lacroix, qui indique que les étudiants inscrits en Pass, en raison de la sélection Parcoursup, réussissent souvent mieux en raison de leur niveau scolaire plus élevé.

Une moindre réussite en LAS 1

Marc Maynadié, doyen des sciences de santé de l’université de Bourgogne, constate que les étudiants en LAS 1, qui suivent des cours supplémentaires en santé, ont plus de difficultés. Il précise que dans certaines universités, la mineure santé est dispensée en dehors des crédits ECTS de l'année de licence, ce qui complique la tâche des étudiants. Le taux de réussite en LAS 1 pour accéder aux études de santé est d’environ 38 %, contre 73 % pour les étudiants en LAS 2 et LAS 3.

Des niveaux hétérogènes en deuxième année

Une fois en deuxième année, le niveau des étudiants varie fortement, selon qu'ils viennent de Pass ou de LAS. Alain Trouillet, vice-président formation de l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne, observe une grande hétérogénéité des niveaux en deuxième année, ce qui entraîne des efforts de tutorat et de remise à niveau. Toutefois, cette différence n’affecte pas la réussite à long terme.

À l'université Grenoble Alpes, une remise à niveau intensive est mise en place pour les étudiants en LAS, qui ont souvent eu moins d’heures de cours que leurs camarades de Pass. Olivier Palombi se réjouit des résultats obtenus grâce à ce suivi, affirmant qu’aucune différence de réussite n’existe entre les étudiants venant de Pass ou de LAS à long terme.

Le développement des prépas privées, un effet pervers de la réforme

Gilles Rode, doyen de la faculté de médecine de Lyon-Est, dénonce un effet collatéral négatif de la réforme : l’essor des prépas privées. Certaines familles, souvent modestes, sont prêtes à dépenser entre 6 000 et 8 000 euros par an pour assurer la réussite de leur enfant, créant un sentiment que l’université ne fait pas bien son travail.

L’université de Lyon-Est tente de contrer ce phénomène en renouvelant ses méthodes pédagogiques et en développant des modalités d'enseignement interactives, en plus d’offrir un tutorat gratuit et ouvert à tous. Françoise Peyrard de l'université Clermont-Auvergne, quant à elle, constate que la plupart des étudiants suivent uniquement le tutorat, ce qui réduit l'attrait pour les prépas privées.

Ce bilan montre une réforme en évolution, avec des succès indéniables mais aussi des défis qui restent à relever.

SOURCE : AEF INFO

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