Études médicales : intégrer l'IA dans les formations

À compter de la rentrée 2025, le premier cycle des études de santé doit inclure des enseignements sur l'intelligence artificielle. La mise en place reste progressive et en cours de construction.
Dans le domaine de la santé comme ailleurs, l'intégration de l'IA dans la pratique professionnelle devient incontournable. Au-delà des IA génératives comme ChatGPT, des outils spécialisés apparaissent, notamment dans l'imagerie médicale.
Les formations des médecins, dentistes, pharmaciens, sage-femmes et de tous les professionnels paramédicaux doivent s'adapter à cette évolution.
Début février, lors du Sommet pour l'action sur l'IA organisé en France, le gouvernement annonçait qu'à partir de la rentrée 2025, « la formation au numérique intégrant l'IA sera obligatoire dans le premier cycle des études de santé ».
Fin février, dans son rapport sur la formation initiale, l'Académie nationale de médecine plaidait pour un programme de licence « allégé dans les sciences fondamentales », afin de renforcer des domaines comme les sciences numériques et l'IA. La manière d’insérer ce programme dans les cursus reste à définir.
Des étudiants en demande de cadre
Selon un sondage de l'INeS, 89,5 % des étudiants en santé utilisent déjà l'IA. Cependant, 70 % se considèrent encore débutants et seulement 30 % l’utilisent plusieurs fois par semaine, « principalement pour la rédaction, la structuration de documents et la recherche bibliographique ».
Près d’un étudiant sur dix estime que l’IA jouera un rôle clé dans le secteur médical d’ici dix ans. Environ la moitié la voit comme un outil complémentaire pour soutenir les professionnels de santé.
Cependant, 50 % craignent que l’IA n’affecte la relation soignant-patient, et 28,1 % pensent même qu’elle pourrait la détériorer. D’autres freins existent : fiabilité des systèmes, risque d’erreur, protection des données et perte d’expertise liée à la dépendance aux outils.
Ainsi, 42 % des étudiants souhaitent suivre une formation sur l’IA générative.
Plusieurs difficultés apparaissent pour intégrer ces enjeux. « Nous avons déjà eu beaucoup de réformes pour les études de santé », rappelle Jean-Benoît Corcuff, directeur adjoint du collège Santé de l’université de Bordeaux.
À la rentrée 2024, les universités ont intégré des enseignements sur le numérique en santé dans le premier cycle. Basés sur un référentiel publié en novembre 2022, ils se déclinent selon les filières (audioprothésiste, chirurgien-dentiste, ergothérapeute, infirmier, kinésithérapeute, médecin, orthophoniste, orthoptiste, pédicure-podologue, pharmacien, sage-femme, technicien supérieur en imagerie médicale et radiologie thérapeutique).
Le socle comprend cinq domaines : télésanté, communication, données de santé, cybersécurité et outils numériques. « L’IA, intégrée au domaine 'Données de santé', est une priorité pour l’avenir de la santé numérique », précise le ministère de la Santé.
« Nous avions ouvert une UE optionnelle sur le sujet aux étudiants de PASS et LAS, mais très peu ont choisi de la suivre. Ils sont concentrés sur les QCM et l’accès en 2e année », ajoute J.-B. Corcuff.
Depuis février 2022, le ministère finance des projets pour intégrer le numérique à toutes les formations initiales de santé et du social et, via la formation continue, sensibiliser 500 000 professionnels de santé en cinq ans. Près de 70 millions des 119 millions d’enveloppe ont déjà été utilisés.
Mais les enseignements de santé numérique ne sont pas encore stabilisés partout. D’autres évolutions doivent être intégrées. « Il a fallu injecter la formation à la transition écologique et sociétale. Les programmes sont très contraints. Il y a une limite à ce que les facs de santé peuvent faire », souligne J.-B. Corcuff.
Quels enseignements pour quels étudiants
À Bordeaux, ces enseignements concernent les étudiants de 2e et 3e année. « Nous avions ouvert une UE optionnelle aux étudiants de PASS et LAS mais très peu l’ont suivie. Ils se concentrent sur les QCM et l’accès en 2e année. »
Pour les 2e et 3e années, l’université met en place « une sensibilisation obligatoire aux principes généraux des IA type LLM comme ChatGPT, notamment la protection des données. Il ne faut pas entrer le nom d’un patient. Mais on ne pourra pas aborder les IA spécialisées en médecine. Pour former des médecins en IA, ce n’est pas en 2e et 3e années qu’il faut le faire ».
Plus tard, en internat, des enseignements plus pointus pourront être intégrés selon les cursus et spécialités, tenant compte des IA existantes et de leur évolution constante.
Des IA spécifiques sont déjà utilisées pour l’aide à la prise en charge (diagnostic d’imagerie) ou l’assistance opératoire sur certaines techniques chirurgicales.
Une IA médecin pour une autre relation au patient
Les étudiants craignent un impact sur la relation patient. Pour le directeur adjoint du collège Santé, la question est complexe.
Si le patient utilise une IA au lieu de consulter, des risques apparaissent. « Il faut un médecin pour poser des questions qui améliorent la prise en charge », explique-t-il.
L’IA peut aussi détériorer la relation si les patients s’autodiagnostiquent. Mais c’est un problème déjà existant : les médecins devront lutter contre une nouvelle forme de désinformation.
Néanmoins, « l’IA peut aider à débloquer des patients qui, sans cette première approche, n’iraient pas consulter ». Des essais existent, comme un questionnaire préliminaire sur les problèmes de sommeil pour identifier les situations pathologiques et orienter vers un médecin si nécessaire.
L’IA sera un outil à apprendre à utiliser. Une concertation sur l’intelligence artificielle au service de la santé s’est tenue du 1er juillet au 22 septembre pour accompagner les professionnels. Les réponses restent encore à construire.

SOURCE : Letudiant

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