Formation des enseignants : Contenu de la future licence "Professorat des écoles"

La future licence "professorat des écoles" (LPE) se dessine avec un programme ambitieux et structuré, visant à moderniser et renforcer la formation des futurs enseignants du primaire. Selon un projet de cadrage révélé par AEF info, cette licence comprendra au moins 1 500 heures d'enseignement et 9 semaines de stages. Ce document, en prévision d'une réunion de travail prévue le 4 juin 2024, détaille les composantes clés de cette nouvelle formation qui verra le jour à la rentrée 2024. Parmi ces heures, 980 seront spécifiquement dédiées aux savoirs disciplinaires, avec une priorité marquée sur les mathématiques et le français, qui représenteront près de la moitié de ce volume horaire. En outre, 100 heures seront allouées pour permettre une adaptation aux spécificités de chaque territoire.

Contexte et consultation syndicale

Le projet de cadrage a été transmis aux organisations syndicales du secteur scolaire et universitaire, soulignant l’importance d’une consultation approfondie. Cette réunion du 4 juin se focalisera non seulement sur la structure de la LPE, mais aussi sur les modules de préparation aux concours qui seront intégrés en troisième année de licence, en préparation aux nouveaux concours de recrutement des enseignants prévus dès 2025.

Transition et disparition des PPPE

Une des grandes nouveautés confirmées par ce projet est la disparition des parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE) à partir de la rentrée 2025. Ces PPPE, initiés en 2021 et co-portés par les universités et les lycées, ont représenté une première étape dans la réforme de la formation des enseignants. Cependant, la promotion de la rentrée 2023 sera la dernière à en bénéficier pleinement. Les étudiants entrant à l'université en 2024 effectueront une première année de PPPE avant de rejoindre la nouvelle LPE en deuxième année à la rentrée 2025, afin de préparer le CRPE de la session 2027. Ce changement suscite des préoccupations, notamment pour les étudiants qui pourraient devoir redoubler ou choisir de ne pas poursuivre en deuxième année de LPE.

Objectifs et enjeux de la réforme

La LPE vise à développer une culture professionnelle solide chez les futurs professeurs des écoles et à les préparer efficacement au concours de recrutement des professeurs des écoles (CRPE). L'un des objectifs principaux de cette réforme est de créer un continuum de formation sur cinq ans, débutant en licence et se prolongeant jusqu'au master. La réforme met un accent particulier sur la consolidation des connaissances fondamentales nécessaires pour enseigner le français, les mathématiques et l'ensemble des disciplines de l'école primaire. Cette approche répond à l'exigence de polyvalence des enseignants du primaire. La formation inclura également une acquisition progressive des compétences pédagogiques spécifiques aux différents cycles de l'enseignement primaire, de la maternelle au CM2. Les futurs enseignants devront également se familiariser avec les principes et valeurs de la République, ainsi qu'avec le fonctionnement du système éducatif français, afin de pouvoir agir de manière responsable dans leur mission d'enseignement. Une part importante de la formation sera dédiée à la découverte progressive du métier de professeur des écoles, grâce à des stages d'observation et de pratique accompagnée.

Structure et contenu de la formation

Le projet de cadrage détaille la structure de la formation en quatre blocs principaux, avec un cinquième bloc réservé à l'adaptation territoriale. Le temps total de formation est fixé à un minimum de 1 500 heures, réparties sur trois années.

Bloc 1 : S’approprier les savoirs pour enseigner à l’école primaire

Ce bloc, qui représente 980 heures et 120 ECTS, est le plus substantiel de la formation. Il vise à consolider la maîtrise des disciplines enseignées à l'école primaire et à découvrir les spécificités et les enjeux de cet enseignement en mobilisant les apports de la recherche dans chaque champ disciplinaire. Les enseignements incluent une préparation aux épreuves disciplinaires du futur CRPE, couvrant des sujets tels que l'acquisition du langage, l'apprentissage de la lecture, de la numération, et de la motricité.

Bloc 2 : Analyser les caractéristiques des situations et des contextes d’enseignement-apprentissage

Ce bloc de 150 heures, pour 18 ECTS, se concentre sur le développement de l'enfant et les mécanismes et processus de l'apprentissage. Il inclut l'étude des spécificités des modalités d'apprentissage et des organisations pédagogiques selon les cycles et niveaux d'enseignement. Les thèmes abordés incluent la continuité maternelle-élémentaire-collège, la connaissance de la diversité des élèves, et des sujets transversaux comme la lutte contre les discriminations et le harcèlement, la réduction des inégalités d'apprentissage, la gestion de la classe et du climat scolaire, et l'éducation inclusive.

Bloc 3 : S’approprier le contexte institutionnel d’exercice du métier

Composé de 150 heures et 18 ECTS, ce bloc aborde les valeurs et principes de la République, ainsi que l'histoire, la sociologie et la philosophie du système éducatif français, avec des comparaisons avec d'autres systèmes européens. Les enseignements couvriront les droits et devoirs des fonctionnaires dans le cadre du service public d'éducation, les relations avec les familles et les partenaires de l'école, et les enjeux éducatifs de l'enseignement scolaire, tels que l'éducation au numérique, la transition écologique, et l'éducation artistique et culturelle. Ce bloc comprend également une préparation à la seconde épreuve orale d'admission du CRPE.

Bloc 4 : Construire son projet professionnel

Ce bloc de 120 heures et 12 ECTS inclut les neuf semaines de stages de la formation, dont six semaines se dérouleront dans des écoles primaires françaises. Ces stages auront lieu dans diverses configurations : écoles maternelles et élémentaires, en éducation prioritaire ou non, et dans d'autres contextes éducatifs tels que l'éducation spécialisée, les collèges, le périscolaire, les associations, les classes de découverte, ou à l'international. Le temps de stage sera accompagné de périodes de préparation et d'exploitation des expériences acquises, avec un partage d'expériences par des professionnels experts. Des focus seront également réalisés sur les enjeux et usages du numérique dans l'éducation, y compris l'intelligence artificielle.

Bloc 5 : Adaptation à chaque territoire

Chaque licence pourra renforcer les enseignements des quatre blocs principaux ou proposer des enseignements complémentaires en fonction des besoins spécifiques du territoire, identifiés à partir des résultats aux évaluations nationales et des particularités locales. Ce bloc flexible représente 100 heures et 12 ECTS, permettant aux établissements d'adapter la formation aux spécificités régionales, telles que les langues régionales, ou de s'aligner sur les champs de recherche portés par les universités locales.

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Dispenses et éligibilité aux concours

Les candidats au nouveau CRPE issus de la LPE bénéficieront de dispenses pour certaines épreuves écrites d'admissibilité, sous réserve de remplir certaines conditions. Le projet de cadrage précise que ces dispenses seront accordées aux étudiants ayant validé les crédits ECTS liés au bloc 1 sans compensation au cours de chaque année avant la troisième année de licence. De plus, les étudiants devront valider les crédits ECTS des enseignements de mathématiques et de français du bloc 1 sans compensation. L'architecture des maquettes devra prévoir 80 ECTS rattachés au bloc 1 sur les deux premières années, avec au moins 16 ECTS respectivement rattachés aux enseignements de mathématiques et de français.

Conclusion

La future licence "professorat des écoles" représente une réforme ambitieuse visant à moderniser et renforcer la formation des enseignants du primaire en France. Avec une structure rigoureuse et un contenu adapté aux besoins contemporains de l'éducation, cette licence vise à préparer efficacement les futurs enseignants aux défis de leur métier, tout en tenant compte des spécificités régionales et des évolutions du système éducatif. Les consultations avec les syndicats et les adaptations prévues montrent une volonté de dialogue et de flexibilité pour assurer la réussite de cette réforme.