Le Maroc transforme son école publique : ce que révèle la réforme éducative et ce que les établissements peuvent en apprendre

En quelques années, le Maroc s’est engagé dans l’une des réformes scolaires les plus ambitieuses du monde francophone. Portée par la Feuille de route 2022-2026, cette réforme éducative au Maroc s’appuie sur un constat clair : en 2019, une grande partie des élèves ne maîtrisait pas les savoirs fondamentaux à la fin du primaire comme du collège. Face à cette urgence, le pays a choisi une stratégie audacieuse : miser sur des pédagogies structurées, un accompagnement renforcé des enseignants et une évaluation continue des résultats.

Chez Ekole, nous nous intéressons de près à ces transformations. Pourquoi ? Parce qu’elles offrent un regard précieux sur la manière dont une stratégie cohérente. Qu’elle soit pédagogique, organisationnelle ou communicationnelle – peut transformer un système éducatif, renforcer l’engagement et améliorer la réussite des élèves. Autant d’enseignements dont peuvent s’inspirer les établissements scolaires, CFA et structures d’enseignement supérieur.

Un changement historique porté par les “écoles pionnières”

Lancée en 2023, l’initiative des Écoles Pionnières marque un tournant. 626 établissements volontaires, répartis dans 12 régions et 82 provinces, ont été sélectionnés pour expérimenter ces nouvelles pratiques. Plus de 12 000 enseignants et 300 000 élèves ont participé à cette première phase.

L’objectif : créer un réseau d’établissements exemplaires, capables de diffuser progressivement les bonnes pratiques dans tout le système éducatif marocain.

Dès la première année, les résultats ont été suffisamment significatifs pour pousser syndicats, parents et acteurs du terrain à demander la généralisation du programme à l’ensemble du pays dès 2025.

Les piliers de la réforme : s’appuyer sur des pédagogies structurées

La force de la réforme marocaine repose sur deux piliers pédagogiques bien définis.

1. TaRL : remédier au bon niveau

Le premier, l’approche Teaching at the Right Level (TaRL), vise à regrouper les élèves selon leur niveau réel et non leur âge ou leur classe. Cette méthode, adaptée au Maroc avec le soutien des experts québécois Steve Bissonnette et Clermont Gauthier, a produit des gains impressionnants :

• maîtrise des fondamentaux multipliée par 2 en arabe,
• par 3 en français,
• par 4 en mathématiques,
  après seulement quatre semaines de remédiation.

2. l’enseignement explicite : prévenir plutôt que guérir

Le second pilier, l’enseignement explicite, repose sur des objectifs clairs, une modélisation structurée des savoirs et une pratique guidée. Les écoles l’ayant appliqué ont observé :

• des hausses de réussite entre +20 et +40 points en mathématiques.

Ces deux approches permettent à la fois de sécuriser les apprentissages et de normaliser les pratiques pédagogiques, un élément essentiel dans un réseau d’établissements très hétérogène.

Des résultats validés scientifiquement

Le laboratoire J-PAL du MIT, spécialiste mondial de l’évaluation fondée sur les données probantes, a mesuré l’impact réel de la réforme auprès de 22 846 élèves. Les conclusions sont exceptionnelles :

• effet global de 0,90 écart-type,
• résultats classés dans le 1 % supérieur des interventions éducatives mondiales,
• progression notable même dans les zones rurales ou défavorisées.

Au-delà des notes, le climat scolaire s’est amélioré, les élèves sont plus engagés, et la collaboration entre enseignants s’est renforcée.

Une vision systémique inspirante pour les établissements

Derrière cette réussite, plusieurs facteurs clés se dévoilent. Et ils résonnent directement avec les enjeux que rencontrent les établissements que nous accompagnons chez Ekole.

Le volontariat comme moteur d’engagement

Les écoles pionnières ont été sélectionnées sur la base du volontariat, un critère révélateur : plus l’équipe éducative adhère à un projet, plus sa mise en œuvre est cohérente et efficace. Cela vaut autant pour une réforme pédagogique que pour un projet de communication d’établissement.

Une formation continue structurée

11 000 enseignants ont été formés selon un modèle rigoureux, incluant des “leçons scriptées” pour garantir une application fidèle du curriculum. Ce travail de professionnalisation témoigne d’une réalité souvent sous-estimée : sans un accompagnement solide, aucune transformation durable n’est possible.

Un suivi précis des données grâce au système MASSAR

Le Maroc a intégré la culture des données probantes dans le pilotage scolaire. Le suivi en temps réel des performances permet d’ajuster les actions, d’identifier les besoins et de mesurer l’impact réel des pratiques.

De quoi inspirer tout établissement qui souhaite structurer :

• son projet d’établissement,
• sa stratégie éducative,
• sa communication interne et externe.

Vers une généralisation nationale

Fort des résultats obtenus, le Maroc prévoit d’étendre la réforme à 2 000 nouvelles écoles chaque année, jusqu’à couvrir tout le primaire d’ici 2027.
Un programme parallèle, Collèges Pionniers, est déjà en place depuis la rentrée 2024 pour le secondaire, impliquant 232 établissements et 200 000 élèves. À terme, 600 000 collégiens devraient intégrer le dispositif.

Malgré quelques turbulences politiques, les experts internationaux impliqués dans le projet sont unanimes : les bases sont solides et la réforme doit être consolidée, pas freinée.

Ce que les établissements peuvent retenir : une réforme n’existe que si elle est visible et comprise

La réforme éducative au Maroc montre à quel point un projet peut transformer un système… à condition d’être :

• structuré,
• évalué,
• compris,
• porté par une communication cohérente.

Ce dernier point est trop souvent sous-estimé. Dans un contexte d’évolution pédagogique, de changement d’organisation ou de modernisation, une communication claire, régulière et stratégique devient un levier majeur pour :

• rassurer les familles,
• engager la communauté éducative,
• valoriser les réussites,
• renforcer l’attractivité,
• donner du sens à la transformation engagée.

C’est exactement là que l’accompagnement d’Ekole prend toute sa valeur.

Conclusion : une réforme ambitieuse qui rappelle l’importance d’une stratégie de communication structurée

La réforme éducative au Maroc prouve qu’un système éducatif peut évoluer rapidement lorsqu’il s’appuie sur une vision claire, des pratiques structurées et une mobilisation collective.
Mais elle montre aussi qu’une transformation n’est réussie que si elle est portée, expliquée et partagée.

Pour les établissements scolaires, CFA et écoles supérieures, c’est un enseignement essentiel : votre communication est un pilier stratégique de votre réussite.

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