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ÉDUCATION
10
July 2025

Formation des enseignants : la LPE devrait être assurée à 50 % par des personnels du 1er et du 2nd degré (projets d’arrêtés)

Deux projets d’arrêtés liés à la réforme de la formation des enseignants devaient être examinés au Cneser le 8 juillet 2025. Finalement, leur étude est repoussée à la semaine suivante, en raison des fortes tensions suscitées par l’examen du projet de loi de "modernisation et régulation de l’enseignement supérieur". L’un des projets stipule que la future licence professorat des écoles (LPE) doit être assurée à 50 % par des enseignants du 1er et du 2nd degré, une mesure critiquée par plusieurs syndicats.

Une dernière séance du Cneser sous tension

Le 8 juillet, les élus du Cneser se sont réunis pour ce qui devait être la dernière séance plénière de l’année universitaire 2024-2025, au Collège de France. Bien que plusieurs syndicats et organisations étudiantes aient boycotté la séance, le quorum a été atteint. Ces groupes protestaient contre le projet de loi "modernisation et régulation de l’enseignement supérieur", massivement rejeté (voir nos précédents articles).

Cependant, seuls certains textes ont été étudiés. Les projets d’arrêtés concernant la formation des enseignants sont repoussés à une réunion en visioconférence prévue la semaine suivante. Un seul texte a été voté : un arrêté concernant le diplôme d’État de préparateur en pharmacie hospitalière (41 pour, 3 abstentions).

Vers une réforme du recrutement et de la formation des enseignants

Parmi les textes reportés, deux projets sont centraux dans la réforme de la formation et du recrutement des enseignants, qui entrera en vigueur à la rentrée 2025. Plusieurs arbitrages restent néanmoins à trancher.

Création de la LPE et des mentions du master M2E

Un premier texte modifie la nomenclature des diplômes nationaux afin de créer la licence professorat des écoles (LPE), ainsi que trois nouvelles mentions de master M2E :

  • "Enseignement et éducation professorat des écoles"
  • "Enseignement et éducation professorat du second degré"
  • "Enseignement et éducation conseiller principal d’éducation"

Le cadrage national de la LPE prévoit 70 % de contenu disciplinaire

Un second projet d’arrêté définit le cadre national de la LPE, pour une mise en place dès la rentrée 2026. Cette licence (180 ECTS) vise à développer une culture professionnelle et préparer au CRPE et au master M2E.

La formation comprendra au minimum 1 570 heures et 10 semaines de stage, réparties en 4 blocs, avec une adaptation locale :

  1. S’approprier les savoirs pour enseigner à l’école primaire : 1 110h (70 % de la formation). Les mathématiques (240h) et le français/langage (240h) y tiennent une place centrale.
  2. Analyser les situations d’enseignement-apprentissage : 120h (15 ECTS), axées sur le développement de l’enfant, les apprentissages, l’organisation pédagogique, etc.
  3. S’approprier le contexte institutionnel du métier : 120h (15 ECTS), centrées sur les valeurs républicaines, les droits/devoirs des fonctionnaires, et une préparation à l’oral du CRPE.
  4. Construire son projet professionnel : 120h (15 ECTS), avec les 10 semaines de stage (dont 6 à l’école primaire), des enseignements sur le numérique et l’intelligence artificielle.

Une adaptation territoriale de 100h (10 ECTS) permettra d’ajuster la formation aux besoins locaux (langues régionales, recherche universitaire, résultats d’évaluations nationales…).

Des passerelles vers d’autres mentions de licence seront possibles, notamment après la première année de LPE ou les stages d’observation.

50 % des enseignements confiés à des praticiens de terrain

L’une des nouveautés du texte réside dans l’implication accrue de praticiens. Il est prévu que 50 % des enseignements soient assurés par des enseignants du 1er et 2nd degré en activité, aux côtés d’enseignants-chercheurs.

Cette part élevée interroge. Selon Pierre Chareyron (réseau des Inspé), le taux actuel est de 33 % dans les masters Meef, en accord avec la loi. Aller au-delà pose un problème de disponibilité des personnels.

Il évoque aussi la possibilité de redéployer les moyens précédemment affectés aux PPPE.

Articulation entre les PPPE et la future LPE

Le texte prévoit une continuité pour les étudiants issus des PPPE. Ceux ayant validé leur 1re année en 2025-2026 pourront entrer en 2e année de LPE en 2026. Ceux ne l’ayant pas validée pourront recommencer en LPE 1re année.

Opposition syndicale et proposition d’amendements

Plusieurs syndicats, dont la CFDT EFRP, dénoncent l’absence de concertation sur l’objectif des 50 %. Deux amendements ont été préparés : l’un pour supprimer cette disposition, l’autre pour abaisser la part à 25 %, en y intégrant les enseignants associés ou chargés d’enseignement du terrain.

La CFDT critique aussi la méthode : une alternance de phases de négociation intense et de longues périodes d’inactivité, créant une tension structurelle.

Des limites pratiques et pédagogiques à une trop forte implication du terrain

Le Snesup-FSU, par la voix de Michèle Artaud, s’inquiète de la faisabilité de cette mesure. Déjà à 33 %, les praticiens de terrain font face à des charges de travail importantes, des statuts précaires, et sont souvent peu formés à l’enseignement supérieur.

Les rectorats, en outre, peinent à mettre ces personnels à disposition, faute de moyens spécifiques pour les LPE. L’absence de financement dédié aggrave ces difficultés.

Enfin, elle insiste : une formation universitaire ne se résume pas à être portée par l’université, mais doit reposer sur les savoirs produits par la recherche universitaire. Donner trop de place aux praticiens revient à affaiblir cette exigence.

SOURCE : AEFINFO

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