Gouvernance : les universités "gagneraient à automatiser certains éléments financiers grâce à l’IA" (J-G. Hoarau, colloque EY)

La question de l’autonomie des universités françaises et de leur modèle de gouvernance financière est plus que jamais au centre des préoccupations. Lors du colloque organisé par EY et la Fondafip, intitulé "Quelle nouvelle autonomie pour les universités de demain ?", qui a eu lieu le 7 novembre 2024, plusieurs pistes ont été explorées pour améliorer la gestion des ressources et du pilotage financier des établissements d’enseignement supérieur. Si l'autonomie financière est une problématique déjà abordée dans le passé, elle reste un enjeu majeur, avec des solutions diverses adaptées à chaque établissement.
L’autonomie financière, une nécessité pour un pilotage renforcé
Le contexte économique actuel, avec une pression budgétaire croissante, a mis en lumière la fragilité du modèle financier des universités. Michel Bouvier, président de la Fondafip, a souligné que l'autonomie financière est un facteur clé pour obtenir une plus grande autonomie générale. Cette question implique des choix stratégiques propres à chaque établissement, dans le but d'optimiser les ressources et d’améliorer le pilotage de leur gestion.
Développer des ressources propres : un défi à double tranchant
Le modèle des universités françaises repose encore largement sur des subventions publiques, représentant en moyenne 80 % des ressources des établissements. Les ressources propres, quant à elles, sont estimées à seulement 20 %, bien que cet indicateur varie d'un établissement à l'autre, entre 5 et 45 %. Laurent Lafon, sénateur, a rappelé la nécessité de diversifier les sources de financement, notamment par la mobilisation de fonds européens ou encore par la dévolution de patrimoine. Cette dernière a montré des résultats positifs dans certains cas, bien qu’elle engendre des dépenses avant de devenir une véritable source de revenus.
Cependant, Jean-Gilles Hoarau, agent comptable de Sorbonne Université, a averti qu’il fallait rester vigilant : développer des ressources propres peut devenir un piège si les établissements ne parviennent pas à assurer un retour sur investissement suffisant. Il est essentiel de bien mesurer l’impact financier de ces initiatives avant de les entreprendre.
La dévolution du patrimoine : une approche à long terme
La dévolution du patrimoine, bien que potentiellement rentable, nécessite un investissement initial pour couvrir les coûts d'entretien et de rénovation. Loïc Levoyer, conseiller spécial de l’université de Poitiers, a précisé qu’il s’agissait davantage d’une source de dépenses à court terme. Néanmoins, gérer son patrimoine de manière stratégique peut améliorer la performance des universités, notamment en optimisant l’utilisation de leurs biens immobiliers. Cette approche permet également de rationaliser les processus internes et de renforcer la culture de la performance.
Un enjeu majeur : la gestion de la masse salariale
Un autre frein important à l’autonomie des universités réside dans la gestion de la masse salariale, qui représente une part importante des budgets (75 à 87 %). La gestion des ressources humaines est donc un axe stratégique crucial, avec une attention particulière portée à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEEC). Frédéric Forest, IGESR, a souligné que cette gestion doit devenir un véritable levier de développement, permettant aux établissements de mieux piloter leurs ressources humaines et de s’adapter aux évolutions démographiques et budgétaires.
Les systèmes d'information : un levier sous-exploité
Michel Bouvier a également insisté sur l’importance de moderniser les systèmes d’information des universités pour permettre une gestion plus fine de leurs ressources. Actuellement, peu d’établissements sont capables de mesurer précisément les coûts réels d'un étudiant ou d’une formation. Le développement d’une comptabilité analytique et l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les processus décisionnels pourraient contribuer à améliorer la transparence financière. Jean-Gilles Hoarau a souligné que l’automatisation de certaines tâches financières pourrait alléger la charge des comptables et rendre la gouvernance plus agile.
L’avenir de la gouvernance financière des universités
Le développement de l’autonomie financière des universités nécessite des systèmes d’information décisionnels robustes, capables de fournir des données consolidées et d’appuyer des choix stratégiques éclairés. L'intégration de ces technologies, telles que la comptabilité analytique et l’IA, pourrait transformer la gestion des ressources, notamment en matière de tarification des formations et de gestion de la trésorerie. Ces évolutions représentent la prochaine étape pour les universités, qui devront se doter des outils nécessaires pour renforcer leur autonomie tout en maîtrisant les enjeux financiers et économiques.
En somme, pour que les universités de demain puissent évoluer vers une autonomie complète, elles devront se réinventer en matière de gestion des ressources financières et humaines, tout en tirant parti des nouvelles technologies pour améliorer leur pilotage et leurs performances globales.

SOURCE : AEF INFO

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