"ia+x", module pix, infrastructures souveraines… la dgesip dévoile sa feuille de route sur l’ia

La feuille de route sur "l’intelligence artificielle au sein de la stratégie numérique de l’enseignement supérieur" a été dévoilée à l’occasion d’un webinaire organisé par la Dgesip, le 9 septembre 2025. Caroline Ollivier-Yaniv, cheffe de la mission IA de la direction générale, a présenté les six axes, en appelant aux remontées de terrain et à la mutualisation des ressources. Un espace dédié et "contributif" a d’ailleurs été mis en place sur le site de l’Université numérique. Une partie du webinaire a aussi porté sur le partenariat d’innovation avec l’entreprise Mistral AI.

Une feuille de route inscrite dans la stratégie nationale

Même si l’IA "n’est pas la première révolution numérique que l’enseignement supérieur rencontre, nous sommes bien sur un sujet qui transforme de manière très rapide les pratiques de tous les acteurs de l’enseignement", a constaté Caroline Ollivier-Yaniv, cheffe de la mission IA de la Dgesip, lors du webinaire du 9 septembre 2025.

Ce rendez-vous, premier d’un cycle intitulé "IA Sup - IA et enseignement supérieur", s’inscrit dans le cadre du déploiement de la feuille de route de la Dgesip consacrée à l’IA dans l’enseignement supérieur. Elle prolonge les recommandations du Coreale (février 2025) et se relie à la stratégie nationale pour l’IA portée par France 2030, en articulation avec les établissements d’enseignement supérieur et opérateurs publics comme l’Amue.

Elle s’appuie également sur les retours du Cosin ainsi que sur le rapport de la mission "IA et enseignement supérieur : formation, structuration et appropriation par la société", menée par Frédéric Pascal (Paris-Saclay) et François Taddei (LPI).

Maximiser l’impact des projets déjà lancés

"Les IA génératives connaissent un développement rapide dans notre société et transforment profondément nos pratiques éducatives", a expliqué Olivier Ginez, représentant de la Dgesip, en ouverture du webinaire. Pour lui, il s’agit de réfléchir à l’accès aux savoirs, aux impacts environnementaux de la technologie et à la préparation des étudiants pour en comprendre à la fois le potentiel et les limites.

Un des objectifs majeurs de la Dgesip est d’accompagner et d’évaluer les stratégies IA dans l’enseignement supérieur, en lien avec France 2030. Olivier Ginez a rappelé les investissements déjà réalisés, notamment les 560 millions d’euros pour les Cluster IA et les projets issus de l’AMI CMA, ainsi que des solutions comme Aristote développée à CentraleSupélec. Il a insisté sur la nécessité de valoriser ces initiatives, dans une logique de mutualisation.

Il a également souligné que la "généralisation de la formation aux usages de l’IA", pour étudiants, enseignants-chercheurs et personnels administratifs, est une priorité absolue.

Une feuille de route en six axes

Caroline Ollivier-Yaniv a présenté les six axes de la feuille de route, destinés à évoluer au fil du temps :

1. Capacité de formation IA et IA+X. Un travail stratégique est lancé pour suivre la capacité de l’enseignement supérieur à former des experts en IA et "IA+X", en partenariat avec l’Inria. L’objectif est de mutualiser les formations et les ressources de sensibilisation dans un contexte de pénurie de formateurs.
2. Apprentissage, pédagogie et esprit critique. Cet axe vise à transformer les pratiques pédagogiques. Un module "Pix+IA" sera proposé dès 2026 aux étudiants de licence. Un module spécifique sera aussi ajouté au Mooc "Se former pour enseigner dans l’enseignement supérieur".
3. Acculturation et adoption de l’IA. Cet axe comprend la mise en place d’une charte-type sur l’IA dans l’enseignement supérieur, élaborée avec DemoES et Edtech France. Ce cadre est pensé comme un outil de référence adaptable par les établissements. Des projets pilotes comme le POC "Formation et vie étudiante" mené par l’Amue ou le partenariat avec Mistral AI s’inscrivent également dans cette logique.
4. Infrastructures souveraines, durables et inclusives. La Dgesip met l’accent sur le besoin d’infrastructures fiables, capables de soutenir la recherche mais aussi la formation, avec le soutien de la fédération Ilaas et de partenaires comme Mistral.
5. Prospective scientifique, pédagogique et sociétale. Cet axe vise à anticiper les enjeux futurs liés à l’IA, sans alourdir la charge actuelle des établissements.
6. Information et dialogue avec les communautés de l’ESR. La Dgesip prévoit une série de webinaires et un dispositif de veille pour favoriser les remontées du terrain, dans une approche participative.

Lancement d’un pilote avec mistral ai

Une partie du webinaire a été consacrée au partenariat d’innovation avec Mistral AI et Edtech France. Ce projet, piloté par Lucie Jacquet-Malo, vise à développer un chatbot dédié à la vie étudiante, à l’appui aux enseignants et à l’amélioration des achats publics. Un premier pilote sera lancé d’ici fin septembre, avec un seuil de 3 000 utilisateurs, avant une possible extension à l’ensemble de l’enseignement supérieur.

Lucie Jacquet-Malo a insisté sur la nécessité d’un usage plus ciblé et frugal des IA génératives, mais aussi sur l’importance de tendre vers une IA la plus souveraine possible. Elle a rappelé que la mutualisation des capacités de calcul est essentielle pour garantir que les données restent au sein de l’enseignement supérieur et éviter une dépendance à des prestataires privés.

La question sensible des données

Enfin, la question des données a été mise en avant. "Il est nécessaire de disposer d’infrastructures souveraines et fiables", a souligné Lucie Jacquet-Malo, afin d’éviter la fuite d’informations sensibles et d’obtenir des réponses fiables des IA.

Elle a rappelé que beaucoup d’étudiants et de personnels livrent sans le vouloir des données sensibles à des outils comme ChatGPT. D’où l’urgence de former les usagers à identifier quelles données peuvent être partagées, mutualisées ou protégées au sein d’un service.

L’Amue a récemment publié un tableau recensant 81 cas d’usage de l’IA, élaboré avec les établissements pilotes partenaires de l’alliance avec Mistral AI.

SOURCE : AEF INFO