La Banque du Canada va-t-elle baisser ses taux mercredi ? L’avis de trois experts

Malgré la hausse du PIB et d’une inflation sous-jacente persistante en septembre, la Banque du Canada devrait abaisser son taux directeur de 0,25 % lors de sa réunion d’octobre, ce mercredi, pour soutenir une économie en perte de vitesse.
Les analystes jugent qu’un assouplissement monétaire est nécessaire face au ralentissement global et aux tensions commerciales. Plus de 80 % des marchés à terme obligataires anticipent déjà une baisse.
« Même après une inflation plus forte que prévu, les acteurs du marché misent sur une nouvelle réduction des taux de 25 points de base par la Banque du Canada cette semaine », explique Royce Mendes, directeur général et stratège macroéconomique chez Desjardins Marché des capitaux, dans une note aux investisseurs.
Les prévisions d’une croissance faible et d’une inflation stable appuient cette anticipation d’un taux directeur ramené à 2,00 %. « La plupart des indicateurs d’inflation sous-jacente montrent peu de risques de surchauffe », précise-t-il.
La banque centrale a déjà procédé à huit baisses depuis l’été dernier. La dernière, en septembre, a réduit le taux directeur à 2,50 %, contre un sommet de 5,00 % un an plus tôt. Après cette réunion, la prochaine et dernière de l’année aura lieu le 10 décembre.
La Fed donne de la marge à la Banque du Canada
Les marchés observent attentivement la Réserve fédérale américaine (Fed), qui doit également annoncer sa décision cette semaine. Une baisse y est déjà largement anticipée.
« La Fed semble prête à entamer son propre cycle d’assouplissement, avec deux baisses de taux attendues dans les prochaines réunions », souligne Pierre-Benoît Gauthier, vice-président à IG Gestion de patrimoine. « Cela offre à la Banque du Canada une plus grande liberté d’action sans exercer de pression excessive sur le dollar canadien. »
Les attentes des marchés pour la prochaine décision
Les économistes prévoient majoritairement une nouvelle baisse des taux. Les données économiques récentes pointent vers une activité affaiblie, plaidant pour une politique plus accommodante.
« Avec autant d’incertitude, il serait difficile pour les décideurs de rejeter la possibilité d’autres baisses », affirme Royce Mendes.
Robert Kavcic, économiste principal chez BMO, prévoit également une réduction de 25 points de base cette semaine, ramenant le taux directeur à 2,25 %. Il anticipe qu’il « finira l’année à 2 %, en ligne avec notre position accommodante ».
Pierre-Benoît Gauthier estime lui aussi qu’une baisse reste probable, même si elle n’est pas encore pleinement intégrée dans les cours. Selon lui, « la priorité est désormais de soutenir l’économie nationale face à la hausse des droits de douane et au ralentissement de la croissance ». Il ajoute que « les prix reflètent surtout des pressions externes, et non une demande excessive, ce qui justifie une attention accrue à la lutte contre le chômage ».
L’importance du message de la Banque du Canada
Si la Banque du Canada confirme une nouvelle baisse, toute l’attention se portera sur sa communication pour déceler ses intentions futures. « Le ton de la déclaration sera crucial », avertit Pierre-Benoît Gauthier.
Robert Kavcic estime que la Banque rappellera la nécessité de maintenir une approche flexible pour les prochains mois.
Le Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre présentera la stratégie complète de la Banque, avec de nouvelles prévisions et analyses. Derek Holt, vice-président et chef de l’économie des marchés financiers à la Banque Scotia, souligne que « le gouverneur Tiff Macklem reviendra à une prévision centrale explicite dans le RPM d’octobre, adaptée au contexte de tensions commerciales ».
Royce Mendes s’attend à ce que la Banque souligne un écart de production encore marqué, limitant toute révision optimiste des perspectives économiques. Il précise également que la Banque ne tiendra probablement pas compte des futures mesures budgétaires prévues dans le budget fédéral du 4 novembre.
Une trajectoire encore incertaine après octobre
Au-delà de cette réunion, les marchés demeurent partagés sur la suite. Mendes observe que les opérateurs n’accordent qu’une probabilité de 50 à 60 % à une autre baisse après celle d’octobre.
« Les marchés pourraient se stabiliser si les banquiers centraux adoptent un ton plus ferme quant aux perspectives d’assouplissement », conclut-il.

SOURCE : LESAFFAIRES

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