La mixité sociale à l’école, rempart contre la fragmentation de la société

Michel Ménard, président du département de Loire-Atlantique, plaide pour une lutte contre « une école à deux vitesses » et s’engage à offrir à tous les collégiens des conditions d’accueil et d’apprentissage égales. Alors que la France est l’un des pays de l’OCDE où les déterminismes sociaux ont le plus d’impact sur la réussite scolaire des élèves, les inégalités persistent et s’aggravent, mettant en péril la promesse républicaine d’une école garante de l’émancipation et de l’égalité des chances. Selon l’OCDE (enquête PISA, 2018), 62 % des enfants d’ouvriers obtiennent le baccalauréat, contre 94 % des enfants de cadres.
L’échec des politiques publiques face aux inégalités sociales
Malgré ces chiffres alarmants, les gouvernements successifs ont jusqu’ici refusé de s’attaquer réellement à ce fléau. Bien au contraire, la situation ne cesse de se détériorer, et le milieu social d’origine des élèves continue d’influencer de manière décisive leur parcours scolaire. Les réformes successives, loin de réduire les inégalités, fragilisent l’école et accentuent la ségrégation.
La réforme du « choc des savoirs », par exemple, a fait l’unanimité contre elle, et les récentes annonces concernant la suppression de 4 000 postes d’enseignants ne font que démontrer le décalage croissant d’un gouvernement qui semble hors de contact avec la réalité. L’école française mérite bien mieux que cela.
Un projet ambitieux pour une école plus égalitaire en Loire-Atlantique
Face à cette situation, le département de Loire-Atlantique agit. Notre objectif est de lutter contre l’école à deux vitesses, et de garantir à tous les collégiens les mêmes chances et conditions d’apprentissage. C’est cette ambition qui a guidé la création de notre projet d’amélioration de la mixité sociale et scolaire dans les collèges publics de Nantes.
Depuis septembre, un nouveau collège a ouvert ses portes au centre-ville de Nantes. Ce collège accueille des élèves issus de deux établissements privilégiés ainsi qu’une partie des élèves d’un collège d’éducation prioritaire. L’autre partie de ces élèves est répartie entre deux autres collèges favorisés de la ville. Ainsi, près de 2 000 élèves cohabitent désormais dans trois collèges mixtes, mettant fin à l’assignation à résidence et à l’entre-soi choisi.
Cette action concrète démontre qu’il est possible d’œuvrer pour plus de mixité sociale et scolaire dans les collèges. Ce projet ambitieux a été mis en place avec l’aide des services départementaux de l’éducation nationale, de la ville de Nantes, ainsi que de nombreux acteurs institutionnels, associations, syndicats, collectifs et fédérations de parents d’élèves. Il bénéficie d’un suivi scientifique par des universitaires afin d’évaluer les bienfaits de cette mixité sur le bien-être et les résultats scolaires des élèves.
Un appel à l’action : des réformes nécessaires pour l’égalité des chances
Si la Loire-Atlantique s’engage, malgré une situation budgétaire particulièrement difficile pour les départements, c’est au gouvernement d’agir avec plus de force et de détermination. En premier lieu, il doit abandonner les groupes de niveau, une mesure rejetée par l’ensemble de la communauté éducative. De plus, une réduction du nombre d’élèves par classe est indispensable pour favoriser un apprentissage de qualité.
Par ailleurs, l’enseignement privé doit jouer un rôle crucial dans la promotion de la mixité sociale. Aujourd’hui, les collèges privés accueillent deux fois plus d’élèves socialement favorisés (41,7 % contre 20,5 %) et deux fois moins d’élèves défavorisés (16 % contre 40 %) que les collèges publics. Il est donc urgent que l’État prenne des mesures pour garantir que l’enseignement privé participe activement à la mixité sociale. Une solution simple et efficace consiste à moduler les moyens attribués aux établissements en fonction des caractéristiques sociales des élèves. Cela nécessite du courage et de la volonté politique, mais l’avenir de nos enfants en dépend.
La mixité sociale : une solution pour l’avenir de notre société
Les solutions existent. Face à une véritable « archipélisation » de notre société, la France ne peut plus se permettre de négliger la mixité sociale si elle veut rester fidèle aux promesses d’égalité qui font sa force. La mixité sociale est plus qu’une nécessité : c’est la défense des communs, c’est le rempart contre la fragmentation de la société et le séparatisme social. En l’imposant à l’école, nous lui permettons de rester « l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas », comme l’écrivait Jean Zay en 1936. Plus encore, c’est un gage pour une société apaisée, unie et solidaire.

SOURCE : LIBÉRATION

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