La question démographique est cruciale pour les grandes écoles

Des écoles de commerce confrontées à des mutations majeures
Entre la baisse démographique, la concurrence internationale, l’évolution des modèles économiques et la croissance de l’alternance, les grandes écoles de commerce françaises doivent composer avec des défis de taille. Beaucoup d’entre elles ont choisi de renforcer leur présence à l’étranger. C’est le cas de TBS Education, qui vient d’ouvrir un campus à Casablanca. À cette occasion, sa directrice générale, Stéphanie Lavigne, revient sur les enjeux actuels et les choix stratégiques de l’institution.
Un nouveau campus au Maroc pour renforcer l’internationalisation
Pour Stéphanie Lavigne, ce campus marocain n’est pas une rupture mais la continuité d’une implantation de longue date. Depuis près de quarante ans, l’école forme des étudiants marocains et accueille ceux provenant de ses autres sites.
Le Maroc représente, selon elle, un territoire particulièrement dynamique : une population jeune, un tissu économique en développement et une ouverture croissante vers l’Afrique.
Le nouveau site ambitionne de consolider l’expérience étudiante, d’attirer davantage d’apprenants francophones et d’accroître l’aura internationale de l’école. Les étudiants français manifestent également un intérêt croissant pour Casablanca, séduits par la culture locale, le style de vie et les perspectives professionnelles.
La démographie, un enjeu central pour les grandes écoles
Les écoles françaises sont aujourd’hui confrontées à une baisse durable du nombre de bacheliers, conséquence d’un choc démographique annoncé depuis longtemps.
Pour TBS, ouvrir des campus hors de France constitue une réponse stratégique : en Espagne ou au Maroc, la majorité des étudiants sont internationaux, issus d’Europe, d’Asie ou d’Amérique du Sud.
Cette diversification géographique permet d’anticiper la diminution des effectifs nationaux tout en maintenant une dynamique de croissance. Malgré ce contexte, TBS affirme ne pas avoir perdu en attractivité en France, et continue d’augmenter la taille de ses promotions grâce à son positionnement international.
Un modèle économique à adapter pour affronter la concurrence
Le modèle économique des grandes écoles repose essentiellement sur les frais de scolarité. Ceux-ci ont augmenté ces dernières années pour soutenir la qualité académique, financer les infrastructures et maintenir un haut niveau d’exigence.
Stéphanie Lavigne rappelle que TBS ne bénéficie d’aucune subvention publique, malgré son statut d’EESC, et que l’ensemble des ressources est réinvesti dans la formation, la recherche et les services aux étudiants.
À l’avenir, l’école devra sans doute diversifier ses revenus. L’international joue un rôle important, notamment parce que les étudiants étrangers sont habitués à payer des frais de scolarité plus élevés dans leurs pays d’origine.
Les principales sources de financement de TBS Education
Les revenus de TBS proviennent essentiellement :
– des frais de scolarité pour la formation initiale (bachelor, PGE, MSc),
– de la formation continue (MS, MBA, DBA, dispositifs sur mesure),
– du recrutement international,
– des partenariats entreprises.
L’absence d’aides publiques crée une distorsion de concurrence avec d’autres écoles subventionnées, malgré la mission d’intérêt général que TBS revendique.
Une stratégie tournée vers l’international et les partenariats académiques
L’international demeure un axe central de la stratégie de l’école. Pour les prochaines années, TBS prévoit principalement :
– la consolidation de ses deux campus internationaux (Barcelone et Casablanca),
– l’animation de son réseau de 250 universités partenaires,
– le développement de doubles diplômes dans ses domaines d’expertise, notamment la RSE, l’aéronautique et l’intelligence artificielle.
L’école mise sur des alliances académiques plus robustes que la simple mobilité d’un semestre. Elle développe par exemple un double diplôme bachelor orienté aéronautique avec Wichita State University et la Barton School of Business.
L’intelligence artificielle comme moteur de transformation pédagogique
L’arrivée de l’intelligence artificielle représente une révolution pour les écoles. Stéphanie Lavigne affirme que TBS encourage son usage, mais insiste sur la nécessité d’en comprendre les enjeux éthiques et les limites.
Grâce à une collaboration avec Mistral AI, les enseignants et personnels ont été équipés d’outils communs pour structurer une pratique homogène.
L’IA pousse l’école à repenser les salles de cours, la relation enseignant-étudiant, l’évaluation et l’accompagnement pédagogique. Elle redonne aussi au corps enseignant un contrôle plus fort sur ses contenus et l’organisation de l’apprentissage.
Les incertitudes autour de l’alternance
L’alternance constitue un levier essentiel d’employabilité et un outil d’égalité des chances. Cependant, la baisse des financements inquiète les écoles.
TBS affirme avoir limité la part d’alternants pour ne pas dépendre excessivement du dispositif. L’institution plaide pour un financement tripartite — État, entreprises, familles — aujourd’hui interdit par la loi.
Le rôle incertain mais indispensable des classes préparatoires
Les CPGE continuent de jouer un rôle essentiel, mais leur attractivité s’érode face à la diversification de l’offre de formation.
Pour Stéphanie Lavigne, ce modèle doit être défendu, car il reste une spécificité française reconnue pour son excellence. Toutefois, il est nécessaire d’élargir le vivier de préparationnaires et de repenser la répartition des candidats entre les écoles pour éviter d’en fragiliser certaines.

SOURCE : LE PARISIEN

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