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ÉDUCATION
19
March 2025

Le Medef formule 14 propositions sur l’orientation pour "rapprocher aspirations des jeunes et besoins des entreprises"

Le Medef a présenté le 17 mars 2025 son livre blanc sur l’orientation scolaire pour "rapprocher les aspirations des jeunes et les besoins des entreprises" en améliorant un système dont les "défaillances" impactent les politiques RH. Son président, Patrick Martin, inscrit également cette initiative dans le cadre de la réforme des retraites et de la nécessaire augmentation du taux d’emploi en France. Une plus grande implication des partenaires sociaux et le développement des périodes d’immersion en entreprise font partie des propositions avancées par le Medef pour atteindre ces objectifs.

Une entreprise comme réponse majeure à la question de l’orientation

"L’entreprise est une réponse majeure [à la question de l’orientation] de par sa capacité à accueillir en immersion des jeunes comme des enseignants", estime le président du Medef, Patrick Martin, dans l’éditorial du livre blanc sur le sujet présenté le 17 mars 2025 par l’organisation patronale. Avec ce document, intitulé "Un jeune bien orienté, un succès pour tous" et réalisé par sa nouvelle direction "compétences, formation et jeunesse", le Medef "s’engage dans [le] débat public pour proposer des solutions concrètes et réinventer un système d’orientation plus en phase avec les besoins du marché et les réalités de notre époque".

Des impacts sur les entreprises

L’organisation professionnelle a voulu prendre la parole sur ce sujet "pour repenser collectivement l’orientation, question éducative et sociale essentielle, mais aussi enjeu économique vital pour les entreprises". Elle estime en effet que, "au sein même [de ces dernières], les carences du système d’orientation créent des problèmes d’engagement, de turnover et d’inégalités salariales, des enjeux que la société peine à prendre en compte à leur juste mesure. En effet, face à une orientation scolaire souvent subie, puis professionnelle contrainte, du fait d’une inadéquation entre aspirations et réalités du marché du travail, on observe des motivations hétérogènes au travail et un turnover élevé", constate-t-elle dans son livre blanc.

Le Medef note également que, "d’une éducation et d’une orientation genrées découle une occupation des emplois et métiers elle-même genrée", ce qui se traduit notamment "au sein des entreprises par des écarts de rémunérations entre femmes et hommes. Certes, les travaux sur le sujet soulignent que les raisons de ces inégalités sont multiples, mais on observe qu’à métier égal, si des écarts persistent, ils sont nettement moins importants que pour l’ensemble de l’économie. Une inégalité grandement nourrie par les biais d’orientation et les rôles genrés dans les foyers", considère l’organisation professionnelle.

Améliorer le taux d’emploi

Lors de l’introduction de l’événement, Patrick Martin a également positionné la question de l’orientation et de ses impacts dans les perspectives plus larges du débat sur les retraites et des besoins en compétences des entreprises : "Le sujet des retraites est, en soi, un sujet important, mais en définitive, le fondamental sur lequel nous avons tous à travailler est celui du taux d’emploi qui fonde le modèle économique et social français. Je ne perds pas un instant de vue qu’il faut, bien évidemment, plus et mieux s’occuper des seniors, si possible, sans trop de mesures considérées comme coercitives par un certain nombre d’entre eux ou par certaines organisations syndicales, par un meilleur accompagnement, par une meilleure formation, mais aussi en s’emparant du sujet de l’orientation tout au long de la carrière", insiste le président du mouvement patronal.

Selon lui, "il faut appréhender [ce] sujet du taux d’emploi à tous les âges et au regard des grandes mutations que notre pays et le monde vont traverser, que ce soit le défi climatique, l’intelligence artificielle, la quantique ou encore la démographie". Une approche qui doit "évidemment, et presque prioritairement, prendre en compte les jeunes".

Des failles et trois enjeux

Réalisé à partir des auditions d’une "trentaine de chercheurs, DRH, inspecteurs généraux de l’Éducation nationale, représentants des parents, de l’État, du monde économique, des associations, des régions…", le livre blanc du Medef aboutit à six constats qui pointent les "failles du système d’orientation". Un système qui est donc jugé "pas satisfaisant" et qui "va être mis en forte tension dans les années à venir". En effet, si "durant les dernières décennies, le chômage de masse a pu masquer une certaine inefficacité du système d’orientation à s’adapter aux besoins de l’économie, […] aujourd’hui, avec un taux de chômage historiquement bas, les employeurs réalisent que certaines filières sont en sous-effectif important au regard des besoins du marché". De plus, si de nombreuses initiatives existent sur les territoires pour améliorer la réponse aux besoins des bassins d’emploi, elles sont "peu coordonnées", regrette l’organisation professionnelle.

De ces constats découlent donc "14 propositions articulées autour de trois enjeux phares" :

  1. "Faire de l’orientation une grande cause nationale, articulée autour d’une stratégie nationale concertée".
  2. "Renouveler les représentations des filières de formation et des métiers, pour lutter contre l’ensemble des biais, obstacles à une orientation réussie".
  3. "Développer la contribution des acteurs du monde économique aux parcours d’orientation".

Définir une stratégie nationale

Si la majeure partie des 14 propositions formulées par le Medef concernent directement l’Éducation nationale, Patrick Martin insiste sur le fait que les progrès passeront forcément par une meilleure coopération entre les mondes économiques et éducatifs. "Nous sommes extrêmement soucieux de chaque jour mieux travailler avec le système éducatif de manière générale et avec l’Éducation nationale en particulier. Je ne fais certainement pas partie de ceux, il en existe encore dans nos rangs, qui considèrent que c’est un dialogue de sourds et que, quoi qu’il advienne, les enseignants ne nous comprennent pas et que, par voie de conséquence, il n’y a pas lieu qu’on les comprenne", souligne-t-il.

De fait, l’organisation professionnelle cible aussi un certain nombre d’évolutions qui concernent les entreprises, mais aussi les partenaires sociaux. En premier lieu, elle appelle à "formaliser entre État, régions et partenaires sociaux, une stratégie nationale d’orientation pour la mise en œuvre de parcours d’orientation contextualisés par territoire". Un passage obligé "pour clarifier le rôle de tous les acteurs en les responsabilisant". De même, elle propose de "cartographier au sein d’une bibliothèque numérique les initiatives des branches et des Medef territoriaux pour alimenter une IA favorisant leur utilisation" ou encore de "conditionner l’évolution de la carte des formations à l’accord des partenaires sociaux du territoire".

Mobilités des salariés et enseignants

Pour améliorer les relations écoles-entreprises, le Medef propose en outre de "développer les périodes de mobilité des salariés dans l’enseignement et des enseignants en entreprise". De même, il demande qu’un tiers des heures allouées à l’orientation de la 5e à la terminale soit consacré "à des périodes d’immersion en entreprise", soit "trois à cinq jours par an". Pour l’organisation patronale, "l’orientation doit s’inscrire dans le quotidien des entreprises en permettant aux jeunes de mieux les connaître". De plus, pour également impliquer les salariés dans cette démarche, elle suggère de "proposer aux salariés des entreprises des kits de sensibilisation à l’orientation".

Des propositions qui s’inscrivent dans la vision du Medef selon laquelle "l’entreprise ne peut, à elle seule et a posteriori, combler les lacunes d’une orientation scolaire défaillante génératrice de désillusion chez les individus et pénalisante pour les entreprises, l’économie française et l’emploi. En revanche, elle se doit de participer au débat et au processus d’orientation, autant qu’elle peut… et qu’on l’autorise, pour limiter au maximum ces biais et s’attacher à réconcilier aspirations individuelles, égalité des chances et besoins du marché de l’emploi".

SOURCE : AEFINFO

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