L’enseignement supérieur français mise sur l’Inde

Pour la première fois en vingt ans, la conférence annuelle de l’APAIE (Asia-Pacific Association for International Education) s’est déroulée en Inde, à New Delhi, du 24 au 28 mars 2025. Cet événement a rassemblé plus de 2 500 participants autour du thème : Former des citoyens du monde pour l’avenir. Trente établissements français, dont une dizaine d’universités, ont fait le déplacement, illustrant une prise de conscience récente mais affirmée de l’importance stratégique de l’Inde.
Une présence française affirmée à l’APAIE
Le rendez-vous international de l’enseignement supérieur Asie-Pacifique a fait le plein à Delhi. La France était représentée par une centaine de professionnels, emmenés par Campus France. Cette forte mobilisation marque une nouvelle étape dans la politique internationale des établissements français.
Du "tout Chine" au "tout Inde"
Selon Olivier Chiche Portiche, directeur à Campus France, "nous sommes passés du tout Chine au tout Inde". Malgré cela, seuls 8 000 étudiants indiens étudient actuellement en France, contre plus de 30 000 Chinois. Pour atteindre l’objectif présidentiel de 30 000 étudiants indiens en 2030, la dynamique devra s’intensifier. Depuis la crise sanitaire, l’Inde a gagné en visibilité, comme en témoignent l’essor du Choose France Tour et la participation croissante aux événements éducatifs.
Une région encore peu représentée en France
Campus France souligne une hausse des mobilités étudiantes depuis l’Inde (+12 %) et la Chine (+6 %) entre 2023 et 2024. Toutefois, les étudiants venus d’Asie-Pacifique ne représentent encore que 13 % du total des étudiants internationaux en France, alors que cette région est la première émettrice mondiale d’étudiants. La mobilité diplômante reste donc un enjeu majeur pour les établissements.
Le rôle clé des témoignages étudiants
Une session de l’APAIE a mis en avant l’importance des voix étudiantes. Des professionnelles du recrutement soulignent que les futurs étudiants indiens accordent une grande attention aux retours de leurs pairs. Les ambassadeurs étudiants, en partageant des expériences concrètes (transport, alimentation, logement), contribuent à lever des freins invisibles mais déterminants.
Le marketing en ligne ne suffit pas
Les stratégies 100 % numériques trouvent leurs limites en Inde. Les échanges directs restent cruciaux, notamment avec les familles. Ateliers, webinaires, masterclass ou concours dans les lycées sont fortement recommandés. Pour des familles où un départ à l’étranger est souvent une première, la rencontre humaine reste essentielle. Et la patience est de mise : les efforts mettent du temps à porter leurs fruits.
L’Inde veut aussi attirer des étudiants étrangers
Lancée en 2018, l’initiative "Study in India" ambitionne de faire du pays une destination pour les étudiants étrangers. Pourtant, seuls 46 000 étudiants internationaux sont actuellement inscrits dans les établissements indiens, venant surtout de pays voisins ou d’Afrique anglophone. Les échanges restent rares, malgré les efforts de communication et de promotion.
Une image encore à construire pour l’Inde
Lors d’une session, Mohan Kumar, ancien ambassadeur et doyen à OP Jindal Global University, admet que l’Inde ne fait pas encore rêver les étudiants internationaux. Les réalités culturelles, économiques et environnementales peuvent freiner les candidatures. Pour y répondre, certaines universités misent sur des mobilités courtes ou des partenariats bien ciblés.
Les campus étrangers s’implantent en Inde
Depuis 2023, l’Inde autorise l’ouverture de campus internationaux. Sept établissements étrangers, surtout australiens et britanniques, ont manifesté leur intérêt. Deux universités australiennes ont déjà lancé des programmes à Gift City, au Gujarat. Mais leur succès dépendra de leur capacité à proposer un modèle adapté aux réalités locales, en conciliant qualité internationale et accessibilité financière.
Penser le long terme pour réussir en Inde
Vineet Gupta, co-fondateur d’Ashoka University, estime que seule une approche durable permettra aux universités étrangères de s’imposer en Inde. "Ceux qui viennent pour investir vraiment réussiront", affirme-t-il, comparant cette logique à celle de marques comme Suzuki, désormais pleinement intégrées au paysage indien. Avec un sixième de la population mondiale, le pays ne peut plus être ignoré.

SOURCE : AEF INFO

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