Les incubateurs écoles, pépinières du « business for good »

Les grandes écoles forment non seulement des futurs cadres, mais aussi des entrepreneurs engagés dans le changement sociétal. Voici cinq trajectoires d'entrepreneurs et entrepreneuses à impact, tous passés par un « incubateur école » – soit juste après leurs études, soit plus tard dans leur carrière. En 2018, la Conférence des grandes écoles recensait 56 % d’écoles avec un incubateur, et ce chiffre atteint 79 % dans les écoles de commerce. Ce réseau, qui regroupe aujourd’hui 265 établissements variés (ingénierie, management, architecture, etc.), intègre de plus en plus la notion d’« impact » dans ses programmes d’accompagnement depuis une quinzaine d’années.
Cette évolution découle du développement de cours sur le développement durable et l'entrepreneuriat social dans les écoles, ainsi que du soutien d'alumni engagés dans ces domaines et des initiatives étudiantes, comme l’explique Maëva Tordo, directrice de l’incubateur de l’ESCP et vice-présidente de La Boussole des entrepreneurs. La création en 2019 de ce collectif d’entrepreneurs et d’incubateurs à impact confirme cette tendance.
Aujourd’hui, l’envie d’entreprendre demeure forte : 71 % des 18-28 ans rêvent de créer leur entreprise, bien au-dessus des 34 % de la population active, selon le baromètre 2024 Junior-Entreprises/IFOP. Si beaucoup n’iront pas jusqu’à réaliser ce rêve, un bon accompagnement peut transformer des idées en succès. En témoignent ces cinq success stories d’entrepreneurs à impact, qui ont marqué l'écosystème des start-up ces dernières années. Notons que quatre d'entre eux ont au moins 34 ans, tandis qu’un seul a moins de 30 ans, preuve que la relève est bien là.
1. Avec Plateau Urbain, Simon Laisney restaure les friches pour créer des liens
L'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, le campus Censier de Sorbonne-Nouvelle, une ancienne caserne de gendarmerie… Derrière la nouvelle vie de ces bâtiments parisiens se trouve Simon Laisney, 37 ans. Avec Plateau Urbain, fondé en 2013, il transforme des espaces urbains désaffectés en tiers-lieux où se mêlent écologie, création, social et numérique. Cette coopérative a ainsi revitalisé 53 bâtiments en France.
Un exemple récent est Césure, ouvert en 2023 dans le 5e arrondissement de Paris, où 200 structures liées à la transition écologique, numérique, démocratique et artistique occupent temporairement le campus universitaire. Plateau Urbain a rejoint en 2022 l'accélérateur ESS d’HEC pour bénéficier d'un accompagnement de croissance, avec un mentorat de Michel Santi, professeur à HEC. En juillet 2024, Plateau Urbain a ouvert un nouvel espace, « Jaurès », dans le 19e arrondissement de Paris, qui peut accueillir jusqu’à 220 organisations.
2. LITA d’Eva Sadoun, ou comment rendre la finance responsable et accessible
Depuis dix ans, Eva Sadoun s’attache à rendre la finance durable avec LITA, une plateforme proposant aux particuliers d’investir dans des projets à impact à partir de 100 euros. Avec plus de 160 millions d’euros récoltés et 220 projets financés, LITA soutient des entreprises alignées avec les objectifs de développement durable des Nations unies.
Après un passage dans l’incubateur de l’Emlyon, où elle découvre l’entrepreneuriat social, Eva Sadoun cofonde « 1001pact », devenu LITA, avec 10 millions d’euros levés. Toujours active au sein de LITA, elle s’engage aussi sur le terrain des idées avec un podcast lancé en 2024 pour défendre l’importance du « care » dans la société.
3. Nicolas Cruaud, le polytechnicien « fossilisateur » industriel avec Néolithe
En 2018, Nicolas Cruaud, alors étudiant à Polytechnique, et son père, tailleur de pierre, fondent Néolithe. Leur projet : fossiliser les déchets non recyclables pour en faire des matériaux de construction, réduisant ainsi les émissions de CO2 liées au traitement des déchets. Après deux usines pilotes, l’entreprise prépare d’autres sites industriels pour 2025-2026.
Pour réussir, Nicolas a pu bénéficier du programme entrepreneurial de Polytechnique et du fonds X-Venture, levant au total 80 millions d’euros.
4. Avec Ticket For Change, Matthieu Dardaillon rêve d’un « CAC40 for Change »
Matthieu Dardaillon cofonde en 2014 Ticket For Change, qui aide des entreprises à intégrer la transition écologique et sociale. Son parcours est enrichi par son passage dans l’incubateur de la Blue Factory, où il rencontre des entrepreneurs partageant ses valeurs.
Dix ans plus tard, Ticket For Change emploie 20 salariés et propose divers programmes d’accompagnement pour des professionnels souhaitant se reconvertir. Matthieu continue à inspirer les entreprises avec des conférences et à rêver d’un « CAC40 for Change ».
5. « Julie de Yuka » et ses 60 millions d’utilisateurs dans le monde
Yuka, l’application de Julie Chapon, aide ses 60 millions d’utilisateurs à faire des choix plus sains. Depuis son lancement en 2017, Julie et ses cofondateurs ont pu profiter du soutien de l’incubateur de l’Edhec au sein de Station F, où ils ont démarré avec succès. Julie Chapon, aujourd’hui installée aux États-Unis, continue de développer Yuka, forte de sa décoration de l’ordre du Mérite en 2023.
Ces parcours montrent comment les incubateurs d’écoles offrent un tremplin essentiel aux entrepreneurs engagés.

SOURCE : LES ECHOS

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