Logement étudiant : comment les villes font face à la crise

Les étudiants sont en première ligne face à la pénurie de logements. À l’occasion de la publication du baromètre du logement de l’Étudiant, EducPros a interrogé plusieurs élus engagés dans la recherche de solutions pour améliorer les conditions d’habitat. Tous pointent une impuissance croissante et appellent à une régulation renforcée.
Une crise du logement généralisée
« Nous traversons une crise du logement européenne, avec une tension très forte », alerte Renaud Payre, vice-président à la métropole de Lyon en charge du logement. Il ajoute : « Cette tension nous fait peur car 90 % des étudiants se logent dans le parc privé. »
Les solutions mises en place en urgence
Face à cette situation, les collectivités cherchent à répondre en finançant la construction de logements dédiés via les bailleurs sociaux.
À Lyon, la métropole subventionne les bailleurs jusqu’à 8.000 euros par lit, à condition que le logement soit pérenne. Jean-Michel Longueval, vice-président à l’enseignement supérieur, fixe un objectif : atteindre 10 logements sociaux pour 100 étudiants d’ici 2029.
La métropole et la Région se sont réparti les efforts : la première soutient les bailleurs locaux, la seconde appuie directement le Crous. En tout, 6.000 logements doivent être construits.
La pression augmente aussi avec les étudiants en mobilité. Sur Parcoursup, en 2024, 50 % des admis à Lyon venaient d’une autre académie.
Des villes face à des dynamiques similaires
À La Rochelle, 60 % des étudiants viennent d’ailleurs, selon Vincent Demester, vice-président de l’agglomération pour l’enseignement supérieur. La collectivité finance également son parc de logements étudiants : 2.700 lits aujourd’hui, bientôt 2.930 grâce à deux nouvelles résidences en construction.
Alternance et démographie bousculent les modèles
La construction de résidences étudiantes est confrontée à de nouveaux enjeux, notamment liés à l’alternance. Ce mode de formation modifie les besoins des jeunes, qui cherchent des logements adaptés à un rythme fractionné.
À Mulhouse, Alfred Jung, conseiller en charge de l’enseignement supérieur, admet ne pas encore avoir trouvé de réponse. À Lyon, Renaud Payre confirme que « l’apprentissage a bouleversé notre modèle ». La métropole a mandaté un bailleur pour concevoir un immeuble co-géré pour les alternants.
L’évolution démographique impose également d’anticiper. « Il faut penser à la réversibilité des logements étudiants », expliquent les élus, qui imaginent des modèles en colocation pour assurer une utilité à long terme.
Le littoral saturé par les résidences secondaires
À La Rochelle, 12,5 % du parc est constitué de résidences secondaires, souvent louées via Airbnb. En 2023, 153.000 visiteurs y ont séjourné entre avril et août. Pour répondre à cette tension, la collectivité veut ramener ces logements dans le parc locatif hors saison.
À Nice, un dispositif existe depuis 2022 : neuf mois en location étudiante, trois mois pour le tourisme. Anthony Borré, premier adjoint au maire, affirme que 150 logements ont ainsi été mobilisés. À Nice, les résidences secondaires représentent 21,5 % du parc. Des quotas sont prévus, et une taxe d’habitation maximale de 60 % est appliquée.
Mais la priorité reste la création de logements dédiés et la promotion de la cohabitation intergénérationnelle, dans un contexte de forte hausse des effectifs étudiants (+26 % en dix ans).
Encadrer la spéculation foncière
La pression immobilière est aussi alimentée par la spéculation foncière, notamment à Nice. « C’est un vrai problème que nous cherchons à encadrer », indique Anthony Borré.
À La Rochelle, la mairie a décidé de ne plus vendre de foncier public afin de ne pas nourrir la spéculation. Elle préfère louer ses biens à un tarif plafonné.
Paris, un cas extrême
La capitale cumule les problèmes : meublés touristiques illégaux (18.000 à 28.000 logements estimés), inflation record (900 € le studio en moyenne), et rareté de l’offre. Paris finance activement les résidences sociales étudiantes malgré la fin des aides régionales fin 2024.
Des dispositifs d’encadrement à renforcer
À Paris et à Lyon, l’encadrement des loyers a été bénéfique, notamment pour les petites surfaces. « 80 % des logements au-dessus du plafond sont des T1 ou T2 », souligne Barbara Gomes, conseillère déléguée à Paris. Renaud Payre note qu’à Lyon, 15 % des logements ont vu leur loyer plafonné.
Mais ces dispositifs restent fragiles. La demande est telle que les abus sont fréquents. « Il faut être très vigilant et informer les locataires », prévient Renaud Payre, qui décrit deux cas typiques : le non-respect des plafonds par des propriétaires, et les compléments de loyer abusifs.
À Paris, la mairie facilite les démarches : un portail permet de signaler les abus, et l’administration se charge de mettre en demeure le propriétaire.

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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