« On se retrouve avec des classes vides » : l’absentéisme explose dans les lycées professionnels

Dans de nombreux lycées professionnels, la fin d’année se déroule dans des salles désertées. La récente réforme du parcours différencié censée redonner du sens à la fin du troisième trimestre ne parvient pas à enrayer un absentéisme massif. Une situation que vivent de plein fouet les enseignants, parfois contraints de faire cours à une salle vide.
Après les épreuves du bac, les élèves décrochent
Les épreuves écrites du bac pro ayant eu lieu dès la mi-mai, la pression scolaire est retombée. Pour beaucoup d’élèves de terminale professionnelle, l’année est déjà finie dans leur tête. Résultat : les cours sont désertés.
Jeudi dernier, dans un lycée professionnel parisien, Thierry (nom modifié), professeur de vente et de commerce, a trouvé sa classe vide à 8h30. Un seul élève est arrivé une heure plus tard… pour repartir avant la fin du cours.
« C’est comme ça depuis plusieurs jours. Au début du parcours différencié, quelques élèves venaient encore, mais rapidement c’est l’absentéisme qui l’a emporté », explique-t-il.
« Les écrits du bac sont passés, les conseils de classe aussi, et les résultats de Parcoursup sont tombés. Les élèves ne voient plus l’intérêt de venir. »
Une situation généralisée sur tout le territoire
Ce cas n’est pas isolé. Le phénomène touche la majorité des lycées professionnels en France, avec des taux d’absentéisme alarmants.
Pascal Vivier, secrétaire général du SNETAA-FO, confirme une tendance nationale :
« On est entre 60 et 90 % d’élèves absents. Dans l’académie d’Aix-Marseille, c’est 65 %, dans celle de Caen, ça monte à 75 %. »
Les chiffres grimpent au fil des jours. Les enseignants rapportent qu’au début, un élève sur deux venait encore en cours. Désormais, certains professeurs se retrouvent seuls en classe, ou avec un ou deux élèves au maximum.
Le parcours différencié en question
La réforme du parcours différencié, mise en place en fin d’année scolaire pour les terminales professionnelles, devait proposer des activités alternatives aux cours classiques. Elle visait à maintenir les élèves mobilisés après les épreuves écrites, notamment en leur proposant des projets, des stages ou des remises à niveau.
Mais sur le terrain, ce dispositif peine à convaincre. La mise en œuvre est souvent hétérogène, mal comprise par les élèves, voire non appliquée dans certains établissements. Dans les faits, beaucoup d’élèves considèrent que l’année est déjà terminée, une fois les examens passés et les résultats de Parcoursup tombés.
Une démobilisation préoccupante pour les enseignants
Face à des classes désertées, les enseignants se disent démobilisés et impuissants. Certains estiment que le système n’offre aucun levier concret pour inciter les élèves à revenir. L’absence de contrôle, de validation ou de notation sur cette période rend la présence facultative aux yeux des jeunes.
« On prépare des séances, on vient en cours, et on se retrouve face à personne », déplore un enseignant d’un lycée de Toulouse.
« C’est démotivant, on a l’impression de travailler dans le vide. »
Vers une révision du calendrier scolaire professionnel ?
Cette situation relance la réflexion sur le calendrier des examens et la fin d’année scolaire pour les lycéens professionnels. Le décalage entre les épreuves du bac, les conseils de classe et la fin officielle des cours crée un creux pédagogique, où plus rien ne retient les élèves.
Certains syndicats appellent à repenser en profondeur cette période, en ajustant les dates d’examen, en raccourcissant le calendrier, ou en rendant les activités de fin d’année obligatoires et certifiantes.

SOURCE : LE PARISIEN

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