Parcoursup : relation école-parents : pour 60 % des perdir, "la relation avec les parents s’est détériorée" (enquête pour le SNPDEN)

En 2023, 9 personnels de direction sur 10 ont rapporté avoir eu des différends avec un parent, selon Georges Fotinos, auteur d’une enquête sur la relation parents-école. Cette enquête a été présentée lors d’une table ronde organisée par le SNPDEN-Unsa le 6 novembre 2024. Parallèlement, le nombre de saisines de la médiatrice de l’Éducation nationale continue d'augmenter, mettant la médiation scolaire "en difficulté". Si la majorité des perdir estiment que "l’établissement a le devoir d’associer les familles", le syndicat attend également des "réponses institutionnelles" lorsqu'un chef d’établissement est mis en difficulté. Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, constate une dégradation des relations avec les parents et déplore l'augmentation des incidents entre parents et chefs d’établissement, tout en soulignant que la société "fait porter des responsabilités à l’école qui la dépassent", incitant parfois les parents à accuser les équipes éducatives pour les échecs scolaires de leurs enfants.

Relations parents - "Perdir" : une détérioration "à tous les niveaux"

Les résultats de l'enquête "La Mésentente", menée par Georges Fotinos auprès de 1 200 personnels de direction entre 2013 et 2023, corroborent cette impression. En 2013, 59 % des perdir qualifiaient le climat avec les parents de "bon/excellent", mais ce chiffre est désormais tombé à 37 %. De plus, 21 % des perdir déclaraient en 2013 que la qualité des relations avec les parents s’était détériorée, tandis que ce chiffre atteint près de 60 % aujourd’hui. En 2023, près de 9 personnels de direction sur 10 ont rapporté des différends avec les parents, contre 7 sur 10 en 2013. Les agressions physiques ont également augmenté : 3,5 % des perdir ont été victimes d'agression en 2023, contre 1 % en 2013.

Médiation scolaire : "+42 % de saisines en cinq ans"

Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l’Éducation nationale, a également présenté le rapport 2023 intitulé "Faire alliance, redonner confiance". Elle note une forte augmentation des saisines concernant les conflits scolaires, qui ont progressé de 42 % en cinq ans, passant de 2 764 en 2019 à 20 400 en 2023. Elle explique que cette situation est exacerbée par la numérisation des démarches, qui a compliqué la communication avec certains parents, les éloignant du système éducatif. Selon la médiatrice, la médiation peine à instaurer un dialogue apaisé dans ce contexte.

Une "très bonne chose que les parents soient très présents"

Une autre observation importante de l'enquête est le désintérêt croissant des parents pour la vie scolaire. La majorité des personnels de direction estime que les parents manquent d’intérêt pour le fonctionnement de l’établissement et la scolarité de leurs enfants, particulièrement dans les collèges REP/REP+ et les lycées professionnels. Bruno Bobkiewicz souligne un paradoxe : si certains chefs d’établissement se plaignent de l’absence des parents, d’autres déplorent leur présence trop importante. Il insiste sur le fait que la présence des parents est une "très bonne chose" et que les meilleurs partenaires des chefs d’établissement sont les fédérations de parents d’élèves.

Ne pas faire de généralisation

Cependant, les représentants des parents d’élèves, comme Sylvaine Baerhel de la FCPE et Olivier Toutain de la Peep, nuancent ce constat. Selon eux, le problème réside dans l’incompréhension de l’école actuelle, notamment en raison des réformes successives et de la complexité du système éducatif. Ils soulignent que, dans la majorité des cas, les relations entre parents et école se passent très bien et qu’il ne faut pas généraliser cette situation.

Un "devoir d’associer les parents"

Malgré la dégradation de la relation entre parents et école, la grande majorité des perdir, quelle que soit la catégorie de leur établissement, considère que la réussite des élèves dépend de l’association des parents. Cette position est particulièrement partagée par les chefs d’établissement des collèges REP/REP+. Georges Fotinos recommande de faire appel à la recherche pour mieux comprendre la raison de cette "divergence dangereuse" entre parents et école, et de mettre en place une réflexion à l’échelle locale et nationale pour enrayer ce phénomène.

"Il faut trouver une réponse institutionnelle" (SNPDEN)

Bruno Bobkiewicz souligne la nécessité de trouver une "réponse institutionnelle" lorsque les chefs d’établissement sont mis en difficulté par un parent d’élève, parfois de manière violente. La médiatrice de l’Éducation nationale avait déjà formulé plusieurs recommandations dans son rapport 2023, notamment l’inscription d’un cadre éducatif pour les enseignements sensibles et la mise en place de la protection fonctionnelle des personnels.

SOURCE : AEF INFO