Précarité étudiante, 10 septembre, Parcoursup… France universités fait le point sur la rentrée

Lamri Adoui, président de France Universités, fait le bilan des grands enjeux de la rentrée étudiante dans un contexte marqué par la précarité et l’incertitude politique. France Universités, qui regroupe les dirigeants exécutifs des principales universités et établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche, représente près de deux millions d’étudiants. Dans cet entretien accordé à Ouest-France, Lamri Adoui aborde la réforme de la formation des enseignants, la précarité étudiante, les tensions sur Parcoursup, mais aussi l’intelligence artificielle, les mobilisations sociales et les perspectives budgétaires.

Une réforme de la formation des enseignants attendue

La réforme de la formation des enseignants est bien avancée, selon Lamri Adoui. Les discussions se poursuivent, mais des engagements financiers existent pour rémunérer les étudiants de Master 1 et Master 2. Les modules de préparation aux concours de 2026 commencent à être développés, confirmant que la réforme est en bonne voie malgré le climat politique instable.

Précarité étudiante et coût de la rentrée

La Fage, principal syndicat étudiant, alerte sur l’aggravation du coût de la rentrée et sur la précarité. Lamri Adoui partage cette inquiétude et rappelle la nécessité d’une réforme des bourses, promise depuis 2023 mais toujours attendue. Il souligne aussi la difficulté croissante de trouver un logement étudiant dans de nombreuses villes. Les universités ont, de leur côté, renforcé leurs services de santé, leurs bibliothèques et l’accès aux activités culturelles et sportives.

Des filières sous tension sur Parcoursup

Certaines formations universitaires, comme les licences de STAPS, de psychologie, de droit ou d’accès aux études de santé, connaissent une forte demande. Malgré l’augmentation de 50 % du nombre d’étudiants en quinze ans, les moyens n’ont pas suivi. Cela limite la capacité d’accueil des universités, entraînant chaque année des tensions sur Parcoursup. Toutefois, Lamri Adoui rappelle qu’à la rentrée 2024, seuls 134 candidats étaient encore accompagnés par les commissions d’accès sur près de 945 000 candidatures. Les équipes d’orientation poursuivent leur travail pour trouver une solution à chacun.

Mobilisations étudiantes les 10 et 18 septembre

Les appels à manifester en septembre suscitent de l’attention. Lamri Adoui indique que la journée du 10 sera difficile à anticiper car elle n’est pas portée par les réseaux syndicaux habituels. En revanche, la mobilisation prévue le 18 devrait prendre la forme d’un mouvement de grève plus classique. L’objectif des universités reste de maintenir la continuité du service public.

Des universités toujours sous-dotées financièrement

La question budgétaire reste centrale. Les universités souffrent d’un sous-financement chronique et la situation politique complique les discussions autour du projet de Loi de finances 2026. L’État impose de nouvelles charges comme l’augmentation du point d’indice ou des cotisations retraites, sans compensation. Lamri Adoui alerte : chaque dépense contrainte réduit les moyens consacrés aux missions d’enseignement et de recherche. Un groupe de travail doit prochainement formuler des propositions pour améliorer le financement.

L’impact de l’intelligence artificielle dans le supérieur

L’intelligence artificielle transforme déjà la manière d’enseigner et d’évaluer. Elle permet une production rapide de documents, mais soulève des enjeux éthiques. Les universités mettent en place des chartes pour encadrer son usage et sensibiliser les étudiants à l’importance de croiser les informations et vérifier les sources.

Les projets de France universités pour l’année

France Universités publiera deux grands documents sur la mobilité étudiante internationale, afin de valoriser l’accueil des étudiants et chercheurs étrangers et de renforcer la diplomatie scientifique française. Un rapport paraîtra aussi en octobre sur les libertés académiques en France et en Europe, afin de rappeler les valeurs essentielles face aux menaces observées ailleurs, notamment aux États-Unis.

L’accueil des chercheurs internationaux

Enfin, l’attractivité des universités françaises pour les chercheurs étrangers reste un enjeu stratégique. Certains établissements ont déjà lancé des dispositifs spécifiques, d’autres s’appuient sur des relations bilatérales existantes. Des centaines de dossiers ont été déposés sur la plateforme dédiée et plusieurs dizaines devraient être labellisés dans un premier temps.

SOURCE : OUEST FRANCE