Prépas : Joël Bianco (APLCPGE) salue la hausse des effectifs et appelle à une campagne nationale d’information

Joël Bianco, proviseur du lycée Louis-le-Grand et président de l’association des proviseurs de lycées à classes préparatoires aux grandes écoles, a présenté les priorités de l’association lors de l’assemblée générale de la conférence des grandes écoles, le 19 juin 2029. Il se félicite de la hausse des effectifs en CPGE à la rentrée 2024, tout en appelant à une campagne d’information nationale pour renforcer leur attractivité. Joël Bianco évoque également la mise en œuvre du plan gouvernemental "Filles et maths" : plusieurs pistes sont envisagées, dont les quotas à l’entrée des prépas.

Joël Bianco, proviseur du lycée Louis-le-Grand, devient président de l’APLCPGE

Lors de l’assemblée générale de la CGE le 19 juin 2025 (lire sur AEF info), Joël Bianco, proviseur du lycée Louis-le-Grand et président de l’APLCPGE, s’est réjoui de la hausse des effectifs en classes préparatoires, devant les représentants des grandes écoles. "À la rentrée 2024, nous avons accueilli près de 80 000 étudiants, un niveau jamais atteint", indique-t-il, alors que les CPGE avaient subi une baisse d’effectifs après la réforme du lycée.

"Il faut rester calme et serein, et continuer d’avancer, car nous avons réussi à bien redresser la barre. Les candidatures sur Parcoursup en 2025 sont d’ailleurs plutôt encourageantes", poursuit-il. L’augmentation "la plus forte" est observée en prépa économique et commerciale, filière qui avait été la plus touchée par la baisse initiale des effectifs (lire sur AEF info). "Dans des périodes anxiogènes et incertaines, les gens se tournent vers des valeurs sûres. Les prépas en sont une : elles garantissent exigence, accompagnement et débouchés."

Appel à une campagne d’information officielle sur les prépas

Joël Bianco souligne aussi l’efficacité de la campagne d’information menée par la CDEFM et l’APHEC (lire sur AEF info). "Nous avons également demandé à la ministre Élisabeth Borne le lancement d’une campagne officielle pour mieux faire connaître nos classes préparatoires", annonce-t-il. "Il faut s’assurer que tous les lycéens, y compris ceux des territoires les plus isolés, entendent parler des prépas et sachent qu’ils y ont leur place."

Il conteste aussi "l’idée reçue selon laquelle les étudiants souffriraient en classes préparatoires". Il rappelle à ce sujet la publication de l’enquête de l’APLCPGE sur le bien-être et la réussite étudiante, en février 2025, qui démontre que les étudiants des classes préparatoires apprécient "très positivement" leur scolarité (lire sur AEF info).

Parmi les autres priorités de l’association figure la "sécurisation des parcours". Joël Bianco souhaite "renforcer les liens avec les universités pour sécuriser les parcours des étudiants. Il n’est plus possible que ceux issus de nos formations se voient refuser des admissions. Cela nuit aussi à l’image des prépas", insiste-t-il.

En matière d’ouverture sociale, l’APLCPGE reste "très attachée" aux internats. "Mais il faut que l’ouverture des places en internats soit équitable partout, alors qu’il existe encore des disparités selon les académies", alerte Joël Bianco.

Le débat des quotas en classes préparatoires

Autre sujet clé pour l’association : le plan "Filles et maths", présenté par Élisabeth Borne en mai 2025 (lire sur AEF info). Le 13 juin, les représentants des classes préparatoires (APLCPGE, UPS, Upsti, UPA et Renasup) ont été reçus par la ministre pour discuter de la mise en œuvre du plan. Parmi les pistes évoquées, l’instauration de quotas à l’entrée des classes préparatoires pour les jeunes femmes suscite "un vaste débat", selon Joël Bianco.

"Au sein de l’association, les avis sont très partagés. Je pense que les quotas ont toutefois le mérite de faire évoluer les choses", explique-t-il. Pour l’APLCPGE, si des quotas sont instaurés, "des conditions doivent être posées" : ils ne doivent pas "exister uniquement en prépa mais aussi au niveau des concours", afin d’assurer une cohérence. De plus, "le vivier de jeunes femmes pour les filières scientifiques n’est pas illimité. Il faudrait aussi envisager des quotas dans d’autres formations où les jeunes femmes sont majoritaires, comme les études de médecine. C’est une question d’équilibre", poursuit-il.

Joël Bianco réagit également à l’étude de l’IPP, publiée en mai 2025, sur la sous-représentation des femmes dans les écoles d’ingénieurs les plus sélectives (lire sur AEF info). Selon cette étude, si les femmes réussissent mieux en amont de la CPGE, ce n’est plus le cas pendant les années de prépa. Cet écart se creuse surtout dans les environnements très compétitifs, comme les classes "étoiles". Pour Joël Bianco, cette analyse n’est pas fondée. "Comment expliquer qu’il y ait tant de filles en médecine et qu’elles réussissent ? La médecine est beaucoup plus concurrentielle que la prépa. En revanche, il faut veiller à la proportion des filles dans une classe quand elles sont très minoritaires", estime-t-il.

Vers une expérimentation de la non-mixité ?

Faut-il envisager la non-mixité ? s’interroge-t-il. Le proviseur du lycée Louis-le-Grand a testé la non-mixité pour des groupes de travail entre étudiantes, mais a rencontré une certaine "opposition" en interne. "Il faut s’autoriser à expérimenter car cela fait des décennies que nous faisons face au même problème", affirme-t-il, rejoignant ainsi les propos de la directrice générale de Polytechnique, Laura Chaubard, auditionnée au Sénat le 11 juin (lire sur AEF info).

Enfin, Joël Bianco insiste sur la nécessité d’agir dès le plus jeune âge, en s’assurant que les rôles modèles proposés ne soient pas "trop écrasants en termes d’image". Il rapporte aussi que la ministre Élisabeth Borne souhaite développer des formations sur les biais de genre et les stéréotypes. "Même si une parole magique ne changera pas tout, ces formations pourraient permettre d’ouvrir le débat et de mieux poser le problème", conclut Joël Bianco.

SOURCE : AEF INFO