La psychologie positive : un levier pour améliorer le bien-être des élèves ?

À travers le monde, des écoles en Australie, au Danemark, en Afrique du Sud ou encore en Chine, adoptent des programmes basés sur la psychologie positive. Mais de quoi s'agit-il exactement, et comment ces interventions peuvent-elles soutenir les élèves alors que la santé mentale des jeunes suscite une inquiétude croissante ?

Un contexte de dégradation de la santé mentale chez les jeunes

La santé mentale des jeunes s'est fortement détériorée au cours de la dernière décennie. Aux États-Unis, plus de 20 % des adolescents ont sérieusement envisagé le suicide, et celui-ci est désormais la deuxième cause de décès chez les 10-14 ans, selon les données des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. En France, une enquête de 2024 révèle qu’un adolescent sur sept présente un risque élevé de dépression, tandis que 41 % des étudiants souffrent de symptômes dépressifs, une hausse marquée depuis la crise du Covid.

Le problème ne se limite pas à la prévalence de ces troubles, mais aussi à l'accès limité aux soins. Aux États-Unis, environ 60 % des adolescents souffrant de dépression ne reçoivent aucun traitement.

La psychologie positive en milieu scolaire : une solution prometteuse ?

L'idée de proposer des soins en milieu scolaire, où se trouvent les enfants, prend de l'ampleur. En plus du soutien offert par les psychologues scolaires, il semble essentiel d'aller plus loin. Les recherches montrent que les élèves ayant une perception positive de leur vie obtiennent de meilleurs résultats scolaires et émotionnels, et sont moins susceptibles d’avoir des problèmes de comportement.

La psychologie positive, un domaine apparu à la fin des années 1990 sous l'impulsion de Martin Seligman, s'intéresse à ce qui rend les gens heureux, contrairement à la psychologie traditionnelle qui se concentrait principalement sur la souffrance. Cette "science du bonheur" a permis d'identifier trois facteurs principaux du bonheur : la génétique, les circonstances de vie, et l'engagement dans des activités utiles. Si les deux premiers échappent en grande partie au contrôle de l'individu, il est néanmoins possible d'adopter des stratégies pour améliorer son bien-être.

L'objectif des interventions de psychologie positive est de favoriser un épanouissement personnel en cultivant des sentiments positifs, en renforçant les relations sociales, en poursuivant des objectifs significatifs et en contribuant au bien-être des autres.

Des programmes de psychologie positive dans les écoles du monde entier

Aujourd'hui, la psychologie positive est enseignée dans des écoles aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Chine et dans bien d'autres pays. Ces programmes initient les élèves à la pleine conscience, à la gratitude, à la gentillesse, à l’optimisme, et à l’identification des forces personnelles. Ils ne se limitent pas à des enseignements théoriques : les élèves mettent en pratique ces concepts dans leur vie quotidienne avec le soutien d'adultes de confiance. Par exemple, ils peuvent s'exercer à écrire chaque soir trois choses pour lesquelles ils ressentent de la gratitude, puis échanger sur l’impact de cette pratique.

Une étude de 2020 menée sur 57 programmes scolaires de psychologie positive a révélé des résultats encourageants : réduction du stress, de la dépression, de l’anxiété, et des problèmes de comportement, accompagnée d'une meilleure estime de soi et d'une plus grande satisfaction vis-à-vis de la vie.

L’importance de la gentillesse pour le bien-être

Parmi les initiatives les plus prometteuses, un programme de 10 semaines pour collégiens aux États-Unis explore des concepts tels que la gratitude, la gentillesse et l’espoir. Les élèves apprécient particulièrement les activités liées à la gentillesse, comme l’expliquent certains d’entre eux : accomplir des actes de bienveillance leur permet de passer du temps avec leur famille ou leurs animaux de compagnie, des éléments importants dans leur vie. D’autres ont remarqué que leurs relations avec les autres s’amélioraient lorsqu’ils étaient gentils, ce qui leur procurait un sentiment de satisfaction personnelle.

Un complément nécessaire aux soins de santé mentale

Si la psychologie positive peut contribuer à améliorer le bien-être des élèves, elle ne remplace pas les soins professionnels dont les enfants souffrant de troubles mentaux graves ont besoin. Cependant, en aidant les jeunes à adopter des stratégies favorisant leur bonheur, ces programmes offrent une piste prometteuse pour le développement personnel et émotionnel des élèves. À l'avenir, les spécialistes espèrent que ces approches deviendront une pratique courante dans les écoles.

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SOURCE : THE CONVERSATION