Réconcilier intégration et fidélisation par la formation professionnelle

Jean-Pierre Delfino, ancien DG de l’Opco Santé, souligne que les priorités de son secteur ont évolué. "Notre activité s’est déplacée de la recherche de financements à celle de solutions d’emploi", explique-t-il, en tirant les leçons de la loi de 2018. Cette réforme a été conçue sans anticiper l’ampleur actuelle de la pénurie de compétences. Delfino met en avant l’importance de rééquilibrer les efforts entre l’intégration des candidats et leur fidélisation à travers la formation professionnelle.
Un modèle inadapté aux réalités du secteur de la santé
Jean-Pierre Delfino critique la loi du 5 septembre 2018, qui a créé les Opco, en affirmant qu’elle n’était pas conçue pour des secteurs comme le sien. "Recentrer nos missions sur l’apprentissage présuppose que ce modèle existe et se développe dans notre secteur", affirme-t-il. Alors que le nombre de contrats d’apprentissage stagnait depuis une décennie, il a bondi à plus de 17 000 contrats en 2022. Toutefois, Delfino constate aujourd’hui que le secteur est arrivé à un plateau, et la croissance devient difficile à maintenir.
Les défis persistants de la formation et de l’emploi
Selon Delfino, trois défis majeurs doivent être clarifiés : la disponibilité de candidats, la capacité d’accueil des organismes de formation, et la qualité de l’accueil dans les établissements. Il souligne que certaines conditions de travail, comme les horaires décalés, peuvent décourager les candidats. De plus, l’impact du retour aux aides pré-crise pour l’embauche des apprentis devra être évalué, en particulier pour les petites structures.
Les limites de la réforme de 2018 sur la fidélisation des salariés
Delfino pointe également un autre problème : la réforme de 2018 n’a pas pris en compte la fidélisation des salariés. Les ressources disponibles pour financer les évolutions professionnelles ont été divisées par trois. Selon lui, l’enjeu est aujourd’hui de recruter mais aussi de garantir aux salariés des perspectives d’évolution. "Créer des qualifications intermédiaires pourrait offrir des opportunités d’évolution acceptables et soutenables pour tous", ajoute-t-il.
Un secteur confronté à la pénurie de main-d'œuvre à long terme
Jean-Pierre Delfino considère que la pénurie de professionnels est un phénomène structurel. D’après lui, il manque aujourd’hui 85 000 professionnels dans le secteur de la santé à l’horizon 2025. Il appelle à une réévaluation de la formation professionnelle, non seulement pour attirer de nouveaux candidats, mais surtout pour fidéliser ceux qui sont déjà en poste.
La complexité grandissante de l'écosystème de la formation
Delfino constate que le système de formation s’est "incroyablement complexifié". Il pense que la clé est de réintermédier cette complexité afin de la rendre plus accessible aux bénéficiaires et aux entreprises. "Simplifier l’accès au service est une ambition portée depuis longtemps, mais peut-être faut-il désormais l’adapter aux nouvelles exigences", conclut-il.

SOURCE : AEF INFO

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