Recruter des enseignants contractuels : une solution durable pour l’Éducation nationale ?

Face à une pénurie de professeurs, les académies françaises ont de plus en plus recours à des enseignants contractuels, un phénomène qui suscite de nombreuses interrogations.
Depuis plusieurs années, le manque de professeurs est un sujet récurrent dans les médias à chaque rentrée scolaire. Les concours d'enseignement peinent à attirer suffisamment de candidats. En 2024, le taux de postes pourvus par ces concours (internes et externes) s'élevait à 88,3 % tant pour le premier que le second degré. Bien que ce chiffre marque une légère amélioration par rapport aux deux années précédentes, cela signifie qu'environ 12 % des postes d'enseignants du primaire et du secondaire restent vacants.
En conséquence, le recours à des personnels contractuels, c'est-à-dire à des non-fonctionnaires, est en augmentation. Bien que leur proportion demeure faible comparée à celle des enseignants fonctionnaires, elle a doublé dans le second degré public entre 2008 et 2023, passant de 5,1 % à 10,4 %. Dans le premier degré, la part de ces contractuels est encore plus modeste, à 2,7 %, mais elle continue d’augmenter depuis 2014.
Un mode de recrutement simplifié
Le processus de recrutement des enseignants contractuels a fait l'objet de nombreuses critiques, notamment à l'été 2022 lors des journées de job dating organisées par l'académie de Versailles. Contrairement aux concours nationaux, qui impliquent des épreuves écrites et orales évaluées par des jurys, les enseignants contractuels sont généralement recrutés au niveau académique par le biais d'entretiens individuels, bien que cette étape ne soit pas systématique.
Une enquête menée auprès des responsables du recrutement et de la formation des enseignants contractuels dans le second degré a révélé que les critères de sélection peuvent varier en fonction des besoins locaux. Les textes réglementaires encadrant le recours aux contractuels n'apportent aucune précision sur le déroulement du processus de recrutement, se contentant de stipuler un niveau de diplôme minimum : Bac+3 pour le CAPES et le CAPET internes, et Bac+2 pour le CAPLP interne. Les recrutements en dessous de ces niveaux ne sont autorisés qu'à titre exceptionnel.
Les inspecteurs interrogés soulignent l'importance de la compétence disciplinaire dans le profil des enseignants, mais ils doivent également jongler entre la nécessité urgente de pourvoir des postes et le maintien d'une certaine qualité dans le recrutement.
Disparités selon les disciplines et les académies
Les chiffres globaux masquent d'importantes disparités selon les disciplines. Les matières technologiques et professionnelles ont un recours plus marqué aux contractuels, avec 18,6 % contre seulement 6,5 % pour les matières générales. Parmi ces dernières, l'éducation musicale compte 13,9 % de contractuels, les arts plastiques 10,1 %, tandis que l'éducation physique et sportive en a moins de 5 %.
Les variations sont également notables entre les académies : l’Île-de-France (Paris, Créteil et Versailles) présente un taux de 11,3 % d’enseignants contractuels, alors que la Normandie n’en compte que 5 %. L’académie de Mayotte se distingue avec plus de 50 % d'enseignants contractuels.
Bien que les conditions d'emploi des contractuels soient généralement moins favorables que celles des fonctionnaires, elles varient selon les académies. Pour attirer des enseignants, certaines académies en difficulté, comme Créteil, proposent des contrats plus longs et des rémunérations légèrement supérieures.
Profils variés parmi les enseignants contractuels
Une partie des enseignants contractuels provient des masters MEEF, préparant aux concours d'enseignement. Certains étudiants choisissent le statut de contractuel après un échec au concours pour financer une année de préparation supplémentaire ou pour acquérir de l'expérience.
Ces contractuels, souvent jeunes, se préparent généralement à (re)passer le concours. Cependant, on trouve également des professionnels plus âgés, issus du secteur privé, qui optent pour un enseignement après une reconversion. Pour ces derniers, le statut de contractuel présente l'avantage d'éviter les règles d'affectation des fonctionnaires.
D'autres contractuels voient leur statut comme une manière de « tester » le métier sans engagement à long terme, tandis que certains cherchent un emploi après avoir été informés par France Travail de la possibilité de devenir enseignant contractuel.
Conditions d'emploi et perte d'effectifs
Il est difficile d'évaluer avec précision la répartition des différents profils parmi les enseignants contractuels, en raison d'un manque de statistiques précises. En revanche, des études indiquent qu'environ la moitié des enseignants contractuels recrutés en 2010 n'enseignent plus huit ans plus tard. Cette perte significative est probablement liée aux conditions d'emploi souvent défavorables qui leur sont offertes.
En somme, alors que le nombre de candidats aux concours continue de baisser, les réponses apportées se concentrent rarement sur l'attractivité du métier ou sur l'augmentation du nombre de postes, privilégiant plutôt le recours aux contractuels. Cette dualité soulève des questions sur l'équité et la qualité des enseignements, ainsi que sur l'organisation des établissements scolaires.

SOURCE : THE CONVERSATION

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