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ÉDUCATION
28
October 2025

Réforme de la voie professionnelle : l’académie de Lille poursuit la révision de son offre de formation

L’académie de Lille poursuit la transformation de sa carte des formations professionnelles, dans la continuité de la réforme nationale engagée en 2023. L’objectif est d’adapter davantage l’offre de formation aux besoins économiques et aux mutations du marché du travail. En quatre ans, 25 % des places en lycées professionnels doivent évoluer.
« Nous avons déjà transformé 17,5 % des places en deux ans », indique Sophie Béjean, rectrice de l’académie, dans un entretien accordé à AEF info fin septembre 2025. « Derrière ces chiffres, il y a une méthode, beaucoup de concertation et des arbitrages pris avec le conseil régional », ajoute-t-elle.

Une stratégie fondée sur quatre leviers

Ouvertures, fermetures, colorations de diplômes et ajustements de capacités : le rectorat s’appuie sur ces quatre leviers pour faire évoluer son offre de formation. Depuis 2023, 11 500 places ont été ouvertes, 7 000 fermées et 10 000 colorations de diplômes ajoutées.
Cette démarche vise à mieux répondre aux besoins liés à la réindustrialisation et à la transition écologique. Les premiers résultats sont encourageants : le taux de remplissage des filières industrielles atteint désormais 78 % en 2025, soit une hausse de trois points en deux ans.

Une concertation élargie à de nombreux acteurs

Chaque année, les chefs d’établissement soumettent leurs propositions de transformation. Ces projets sont évalués par les corps d’inspection et la Drafpic sur le plan pédagogique, puis discutés avec le conseil régional.
La consultation s’élargit également aux comités locaux pour l’emploi, qui réunissent entreprises, branches professionnelles, collectivités et services de l’État. « Il y a une véritable effervescence pour trouver des solutions et répondre aux besoins locaux », souligne Sophie Béjean, également rectrice de la région académique Hauts-de-France.

Des réserves du côté des personnels

Les représentants du personnel saluent la concertation, mais pointent ses limites. « Nous sommes écoutés, mais nous avons souvent le sentiment, notamment au CRSA, que les décisions sont déjà actées », déplore Thierry Debaecke, proviseur (SNPDEN-Unsa) dans les Flandres.
Il reconnaît toutefois un regain d’intérêt pour la voie professionnelle dans l’académie, alors qu’il y a dix ans, l’orientation favorisait davantage la voie générale.

Des liens renforcés avec les entreprises

Les partenariats avec les entreprises se traduisent par des colorations de diplômes et la création de certificats de spécialisation (anciennement mentions complémentaires). Le réseau académique des référents pour l’insertion professionnelle et la relation école-entreprise, créé en 2018, coordonne ces initiatives avec les 150 responsables des bureaux des entreprises présents dans les lycées professionnels et polyvalents.

À titre d’exemple, Renault soutient un bac pro mécanique automobile en fournissant des moteurs, tandis qu’Enedis met à disposition des plateaux techniques. Le secteur nucléaire bénéficie d’une attention particulière à travers un partenariat avec l’université des métiers du nucléaire, qui finance des bourses de 3 600 € pour les élèves du CAP au bac+2 et de 2 500 € pour les étudiants de bac+3 à bac+5.

Une ouverture aux TPE et PME locales

« Nous accordons une attention particulière aux TPE et PME, souvent moins familières des dispositifs de la Dreets ou de l’Éducation nationale », précise la rectrice.
Ainsi, le lycée Colbert de Tourcoing a ouvert un certificat de spécialisation en réparation de produits électroniques, en partenariat avec l’enseigne Boulanger. Cette formation bénéficie également aux petites entreprises spécialisées dans la remise en état d’appareils.
En milieu rural, le lycée de Saint-Pol-sur-Ternoise oriente les élèves de CAP vers les commerces de proximité via un certificat de spécialisation « vendeur conseil en alimentation ».

Des critiques syndicales sur la portée de la réforme

Les syndicats restent prudents quant à l’efficacité du dispositif.
« Les colorations de diplômes relèvent parfois de l’effet d’annonce : ajouter une mention “services pénitentiaires” à un bac pro “métiers de la sécurité” ne change pas fondamentalement les perspectives des élèves », estime Fabrice Costes, secrétaire académique du Snetaa-FO.
Il déplore également le manque de moyens : « La révision de la carte des formations est loin d’être la révolution annoncée par le président Macron. Les ambitions existent, mais les ressources manquent pour aller plus loin. »

De son côté, Thierry Debaecke (Unsa) juge les certificats de spécialisation prometteurs mais encore trop peu nombreux. « Il faudrait enrichir le catalogue. Nous attendons toujours, par exemple, la spécialisation sur la mobilité électrique et hybride. »

Des fermetures désormais plus ciblées

La rentrée 2025 a vu l’ouverture de 11 nouvelles formations et 6 extensions de capacité, mais aussi la fermeture de 9 formations et la réduction de 34 autres.
« Les fermetures sont désormais moins nombreuses, car la carte des formations tend à se stabiliser », analyse Hervé Teirlynck, Drafpic des Hauts-de-France.
Certaines suppressions concernent toutefois des filières encore attractives. « Il est difficile de fermer une formation qui attire, même si elle débouche peu sur l’emploi », reconnaît Sophie Béjean.

Elle ajoute : « Certaines formations ne seront plus rouvertes, notamment celles marquées par des stéréotypes de genre, comme l’esthétique, ou celles qui orientent des jeunes filles vers des métiers de vente qui ne correspondent pas toujours à leurs aspirations initiales. »

Des contraintes liées aux moyens humains et matériels

La révision de la carte dépend aussi des équipements disponibles et du recrutement de formateurs. « Dans certains métiers, notamment industriels, nous manquons cruellement d’enseignants », constate Thierry Debaecke.
Pour y remédier, l’académie encourage la mobilité interne. Des enseignants ont ainsi pu se reconvertir : certains sont passés du tertiaire au commerce ou à la logistique, d’autres de la chaudronnerie à la soudure, ou encore de la mécanique automobile à la mécanique poids lourds.

SOURCE : AEFINFO

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